Critique : Philomena

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Royaume-Uni, États-Unis, France : 2013
Titre original : Philomena
Réalisateur : Stephen Frears
Scénario : Steve Coogan, Jeff Pope
Acteurs : Judi Dench, Steve Coogan, Sophie Kennedy Clark
Distribution : Pathé
Durée : 1h38
Genre : Drame
Date de sortie : 8 Janvier 2014

Globale : [rating:4.5/5][five-star-rating]

Inspiré par le roman de Martin Sixmith, The Lost Child of PhilomenaPhilomena est l’histoire d’une rencontre entre deux personnages singuliers et détruits, mais qui par le chaos, recréent leur stabilité. Incarné par deux acteurs de talent et un réalisateur qu’on ne présente plus, ce long métrage est un phénomène cinématographique, une réussite esthétique et émotionnelle incontestable. 

Synopsis : Irlande, 1952. Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Elle est alors rejetée par sa famille et placée dans un couvent avec son enfant. Pour se faire absoudre de ses pêchés et en réparation des tords commis contre les religieuses, elle travaille à la blanchisserie et n’est autorisée à voir son fils Anthony qu’une heure par jour. Mais Anthony est finalement adopté par une famille Américaine. Depuis ce jour, Philomena ne l’a plus jamais revu. Des années plus tard, elle décide de le retrouver.

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Une opposition créatrice

Le film tire son épingle du jeu grâce à une solide interaction entre plusieurs formes artistiques bien équilibrées. La première et non des moindres, doit son succès à une mise en forme poétique sublime. Stephen Frears, déjà bien connu du grand public avec Les Liaisons dangereuses et Chéri, s’impose avec Philomena comme un artiste de l’image, capable de transcender l’espace et le temps. Prodige incontesté de la mise en mouvement, il permet à la caméra de faire avancer l’action avec grâce et poésie, se contenant pour ne pas fragiliser l’intimité de ses personnages. En atteste la grille par laquelle Philomena est retenue au couvent et qui traduit avec horreur la grille qu’elle s’est elle-même posée toute sa vie. Stephen Frears transforme la relation entre la jeune et la vieille Philomena en un dialogue intérieur auquel le spectateur appose une douce mélancolie. Cette interdépendance entre le passé et le présent de Philomena engendre la déconstruction d’un personnage meurtri par les années et un lourd secret. C’est alors dans un second point que Frears interroge le spectateur sur les oppositions qui fondent la nature humaine, par le biais de deux personnages que tout oppose : Philomena Lee et Martin Sixmith. Philomena est douce, Martin vitupère, Philomena est optimiste et naïve, Martin est cynique et désabusé. De cette désunion naît une union indéfectible, fondée sur le respect mutuel des non-dits et la force de l’espérance. Alors, par la magie de deux prestations inoubliables, Stephen Frears expose un film de la réconciliation, dont les traces se figurent à plusieurs niveaux : pardon aux autres et pardon à soi. Difficile entreprise, qui par le film rend hommage au courage d’une femme dont la douleur n’a pas donné naissance à la haine.

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Un chemin de croix partagé

On connaît l’histoire par coeur. Un cynique rencontre une optimiste et tout finit bien. Mais avec Philomena, l’éclectisme des personnages approche une vision universelle de l’amour et du pardon. Il offre surtout une formidable interrogation sur la société, qui marginalise l’espoir et encourage le cynisme, à tel point que les actes de Philomena semblent bien souvent absurdes et infondés. En cela, le film n’est pas une succession de bons sentiments stériles. Le long-métrage insiste sur la porosité des personnages, qui finalement ne sont que les fruits d’un contexte donné. Lorsque Martin rejette le projet de travailler sur l’histoire de Philomena, l’orgueil de sa déchéance vient frapper à grands coups. Le réalisateur nous offre une vision brute des souffrances, absoute de toute jugement, qui jamais n’enjolive ou ne cache. C’est surtout sur ce point que Stephen Frears rend un hommage retentissant au personnage : refuser de cacher et tout montrer. De l’accouchement à la résolution, le réalisateur accompagne le chemin de croix d’une femme isolée. Le traitement du film fait donc écho à l’intrigue elle-même par de précieux subterfuges et un jeu d’acteur impressionnant. Comment ne pas aimer Judi Dench ? Un rôle taillé sur mesure, une frimousse merveilleuse et un jeu déboussolant, tels sont les nombreux qualificatifs qui ne rendront pas hommage à cette actrice familière et unique. Face à l’éternelle agent M, Steve Coogman est brillant de sincérité. De cette symbiose naissent de fabuleuses situations aussi cocasses qu’émouvantes et dont la portée est semblable à la flamme de l’espoir qui illumine le film. 

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Résumé

Philomena est un film remarquable dans tous ses aspects, un message universel d’amour et de pardon. Placé au coeur des heures les plus sombres de l’Histoire de l’Eglise, le film réussit à mêler différentes esthétiques grâce à un équilibre parfait des émotions. 

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