Orphan Black : une série à l’ADN – presque – unique

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Sarah Manning

Tout a commencé avec les nominations aux Emmy Awards (l’équivalent des oscars pour le petit écran) et un oubli qui a enflammé le web : Tatiana Maslany, l’héroïne de la série Orphan Black n’était pas sur la liste des privilégiés en lice pour obtenir la statuette. Un tel soulèvement a rarement été vu pour une si jeune série diffusée sur le cable (BBC America)…

Tatiana Maslany-CloneOrphan Black raconte l’histoire de Sarah Manning, une jeune délinquante qui vit de petits larcins ça et là. De retour dans la ville de son enfance afin de récupérer sa fille, elle assiste au suicide d’une jeune femme lui ressemblant trait pour trait. Elle saisit l’occasion pour usurper l’identité de la défunte, Elisabeth Childs. Décision qui va l’amener à découvrir qu’Elisabeth tout comme elle a fait l’objet d’un clonage. Avec l’aide d’Alison, une desperate housewives énergique et Cosima, une scientifique baba cool, deux autres de ses clones, elle va tenter de donner un sens à son existence et démêler qui cherche à les éliminer.

Le parcours d’Orphan Black est la parfaite illustration du pouvoir qu’ont, aujourd’hui, les réseaux sociaux. Diffusée en toute discrétion en mars 2013, la série a bénéficié de l’appui de quelques fans qui avait repéré dès le début la pépite. De lobbying « twitterien » aux conversations de bureaux, le phénomène Orphan Black a petit à petit pris de l’ampleur jusqu’à devenir cette série dont tout le monde parle.

De la science pas si fiction que ça…

Si le clonage humain n’est pas encore chose réelle, la série parvient tout de même à ancrer ses personnages – et nous avec – dans une réalité crédible. Les créateurs de la série Graeme Manson et John Fawcett ont choisi de ne pas faire étalage d’effets spéciaux mais plutôt de se concentrer sur des technologies plus subtiles. Pour les scènes de clones, par exemple, Tatiana Maslany tourne plusieurs fois la même scène en jouant à chaque fois un personnage différent. Ces scènes sont ensuite superposées les unes sur les autres pour donner l’impression que l’actrice interagit réellement avec son double. Le résultat est si bon que de nombre de téléspectateurs pensaient que des triplets jouaient les rôles de Sarah, Cosima et Alison !

Ce choix intelligent associé à des couleurs plutôt sombres et des personnages bien dessinés entérinent l’impression de réalisme qu’ont voulu donner Manson et Fawcett. Une réalité où la violence est très Tatiana Maslanyprésente (l’élimination des clones, le suicide d’Elisabeth), difficile (la mère adoptive de Sarah refuse de lui laisser voir sa fille à moins qu’elle ne reprenne sa vie en main) et extrêmement solitaire (Sarah réalise petit à petit qu’elle ne peut compter que sur elle-même). Toutefois comme dans toute réalité, certains moments de pure comédie viennent en juste contrepoint de ce côté dramatique.

Et si cette caution comique est amenée dès le début par le personnage de Felix (un artiste peintre gay à la répartie magique) au fur et à mesure des épisodes Alison, la mère au foyer hyperactive, vient étayer cette partie plus légère de la série. D’ailleurs l’association des deux personnages donnent lieu à des scènes extrêmement cocasses dignes de sitcom ! Preuve en est avec l’épisode le plus comique de la saison Variations under domestication où Felix doit se fondre dans le paysage très tiré à quatre épingles de la banlieue tandis qu’Alison, en état d’ébriété, doit gérer une fête organisée chez elle tout en tentant de faire avouer à son mari qu’il est son moniteur.

Des inconnus au talent fou

L’autre grand tour de force d’Orphan Black est d’avoir donné leurs chances à des acteurs extrêmement talentueux qui étaient jusque-là inconnus ou presque. Jordan Gavaris qui interprète avec un somptueux accent anglais le très haut en couleur Felix (frère adoptif de Sarah) n’a derrière lui que quelques apparitions dans des séries assez confidentielles et pourtant il incarne à merveille  un personnage drôle et fidèle avec des phrases toujours justement posées (petit cadeau avec les meilleures répliques du personnage).

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=CL2GvrGGX0Y[/youtube]

De même pour Dylan Bruce qui incarne Paul, le petit ami d’Elisabeth Childs et qui tombe petit à petit amoureux de celle qui a usurpé son identité. Particulièrement antipathique dans les premiers épisodes, Paul va s’adoucir au contact de Sarah et finir par se rebeller contre la société qui l’emploie. Sous ses couverts d’amoureux, Paul était en réalité chargé de surveiller Elisabeth et de pratiquer des tests sur elle.

Et Enfin Tatiana Maslany. Actrice canadienne de 28 ans que l’on a pu voir dans Being Erica, Maslany a quelques années de comédie derrière elle mais n’a jamais décroché LE rôle qui pouvait mettre à l’œuvre tout son talent. Porter une série sur ses épaules n’est pas chose facile. Et la jeune actrice, au-delà d’être le personnage principal, joue donc à elle seule tous les clones à savoir pour la saison 1, quatre personnages réguliers (Sarah Mannings, Alison Hendrix, Cosima Niehaus et Helena) et trois de manière plus sporadique (Katia, Elisabeth et Rachel). Une véritable prouesse surtout lorsqu’on on connait le processus de tournage des scènes de clones. Tatiana apprend un rôle, le joue face à une doublure, retient exactement les gestes qu’elle accomplit pour pouvoir ensuite réagir à son personnage lorsqu’elle endosse les traits d’un autre clone. Le tout multiplier par le nombre de clones présents dans la scène. Pour chaque personnage une gestuelle, une manière de s’exprimer et de se mouvoir ont été développés. On comprend dès lors le mécontentement général quand les nominations pour les Emmy Awards sont tombées omettant le nom de la jeune femme.

Une mythologie unique

Toutes les séries a succès ont besoin d’un fil conducteur, une mythologie qui happe le téléspectateur dans leur univers et Orphan Black n’échappe pas à la règle. Qui est derrière l’existence des clones ? Pourquoi sont-ils traquer ? Comment Sarah a-t-elle pu avoir une fille alors que les clones ne peuvent pas se reproduire ? Qui sont ces moniteurs qui espionnent les clones ? Tant de questions que Sarah se pose, tant de mystères que la jeune femme cherche à percer. D’ailleurs, la révélation dans le final de la première saison que les clones sont en réalité brevetés (et donc appartiennent à leur créateur) renforce la volonté de Sarah de continuer à se battre.  Tout comme la disparition de sa mère adoptive, Mrs S. (Siobhan Sadler) et de sa fille Kira (Skyler Wexler)…

De quoi démarrer la deuxième saison sous les meilleures auspices ! Rendez-vous en avril 2014 ! En attendant, petite séance de rattrapage avec la bande annonce de la première saison :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=FizASasZWMc[/youtube]

3 Commentaires

  1. Cette série … c’est de la bombe.
    On vient de terminer le dernier épisode de la dernière saison (S5E10) et même le final est formidable.
    Moi qui était plutôt pessimiste quant aux réalisations de séries, moyenne ou passable ou stoppées en cours de route … là j’ai eu tout de bon.
    Bien sûr, une mention exceptionnelle pour la géniale Tatiana MASLANY qui, en ce qui me concerne, décroche ici un oscar sur sa prestation sous plein d’identités si différentes …
    Ma préférence va en 1er à la blonde Héléna à la personnalité si particulière … puis Alison la vraie petite ménagère demi-bourgeoise. Le frère homo est aussi très bien de même qu’ Art, le flic sympa. Le rôle de Donnie, le mari d’Alison m’a également plu.
    Bref … tout un éventail de perfection pour une série facile à suivre, malgré les retours en arrière et tous ces clones aux noms différents.
    Un must.

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