Critique : Nevada

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Nevada

France, Belgique, 2017

Titre original : The Mustang

Réalisatrice : Laure De Clermont-Tonnerre

Scénario : Laure De Clermont-Tonnerre, Mona Fastvold, Brock Norman Brock & Benjamin Charbit

Acteurs : Matthias Schoenaerts, Jason Mitchell, Bruce Dern, Gideon Adlon

Distribution : Ad Vitam Distribution

Durée : 1h36

Genre : Drame carcéral

Date de sortie : 19 juin 2019

3/5

Le drame carcéral compte parmi les genres les plus balisés du cinéma. Il n’y a rien d’autre à y faire pour ces hommes ou ces femmes – tiens, enfin un domaine où la parité est à peu près respectée – derrière les barreaux que de tourner en rond, quitte à ne surtout pas compter les minutes qui restent jusqu’à une hypothétique libération par voie d’évasion ou d’effacement de peine. D’un point de vue social, ce microcosme peuplé de malfrats se prête à merveille à une mise en question tendancieuse du système carcéral avec toutes ses insuffisances, en France, comme vu très récemment dans l’actualité avec les prises d’otages à répétition à Condé-sur-Sarthe, ou ailleurs. Bref, quelle drôle d’idée de choisir ce genre casse-gueule pour un premier long-métrage ! Pourtant, Laure De Clermont-Tonnerre s’en sort plus qu’honorablement de la tâche guère évidente d’apporter un peu d’air frais à cet environnement cadenassé. Nevada ne sent certes pas les grands espaces, ni un souffle de liberté, si précieux car foncièrement inatteignable pour les détenus du droit commun. C’est néanmoins un film dont la sensibilité ne fait à aucun moment abstraction du quotidien périlleux en prison, de cette instabilité constante de l’existence contre laquelle quelques programmes de réhabilitation bien intentionnés ne feront jamais le poids. A l’image de cette longue route semée d’obstacles vers un semblant d’humanité, l’interprétation de Matthias Schoenaerts y est moins un tour de force à fleur de peau qu’une tempête intériorisée, susceptible d’éclater à tout moment.

© Ad Vitam Distribution Tous droits réservés

Synopsis : Incarcéré depuis de nombreuses années, Roman Coleman vient d’être transféré dans une prison du Nevada. Très peu sociable et prompt à se mettre en colère, il ne verrait aucun inconvénient à continuer de purger sa peine dans une cellule d’isolement. La direction en a décidé autrement et l’oblige à participer à un programme de réhabilitation sociale grâce au dressage de chevaux sauvages. Ces mustangs fiers et imprévisibles sont destinés à être mis aux enchères, une fois qu’ils auront été dressés par une poignée de prisonniers sous la surveillance ferme, mais bienveillante du vieux Myles. Roman peine d’abord à s’intégrer, jusqu’à ce qu’il trouve un cheval aussi sanguin et solitaire que lui-même.

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L’homme est un animal comme les autres

Depuis le rôle qui l’a révélé en 2012 dans Bullhead de Michaël R. Roskam, Matthias Schoenaerts enchaîne les interprétations musclées de têtes brûlées. Rien de mal à cela, puisque l’acteur belge maîtrise parfaitement cet emploi et le perfectionne progressivement au fil de ses films. Ainsi, le prisonnier qu’il incarne dans Nevada est initialement l’exemple presque caricatural du condamné à perpétuité qui n’a plus rien à foutre de quoique ce soit, une brute murée dans son mutisme qui ne fait preuve d’aucune ambition. A la fin du récit, la transformation n’est heureusement pas radicale, grâce à la délicatesse avec laquelle la réalisatrice accompagne l’éclosion timide d’une conscience sociale chez Roman. Car l’intrigue a beau se dérouler sur le sol américain, dans la poussière des grandes étendues désertiques de l’ouest des États-Unis, la sensibilité du film est au contraire plus proche d’une modération européenne, c’est-à-dire pleinement consciente que les rares grains de sable venus perturber le fonctionnement impassible de l’industrie carcérale s’y font écraser sans pitié. Le protagoniste du premier long-métrage de Laure De Clermont-Tonnerre n’a rien d’un révolutionnaire à l’idéologie fermement campée, en opposition manichéenne à ses geôliers, par ailleurs laissés largement hors champ. C’est davantage du côté de l’abandon d’un nombrilisme féroce au profit d’une banalité presque inoffensive que se situent les enjeux de sa douce rédemption.

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L’impatience du punching-ball hippique

Violence contre camaraderie, dedans contre dehors, rigidité des procédures de détention contre impétuosité des instincts viscéraux : toutes ces oppositions sommaires n’ont pas vraiment cours dans Nevada. La fébrilité contenue du personnage principal s’y use, au fur et à mesure qu’il suit le programme de réhabilitation sur une trajectoire en dents de scie, qui sait toutefois éviter les extrêmes. Le mythe de l’homme qui se sent comme un roi une fois qu’il est monté à cheval y est au mieux alimenté partiellement, dans un souci permanent, quoique nullement oppressant, de ne pas cultiver de faux espoirs, à la fois auprès du spectateur, trop familier des passages obligés du genre, et d’un groupe de personnages dont le scénario ne cherche jamais à percer tous les secrets. De ce trait volontairement approximatif découle une certaine noblesse des situations et des relations, par exemple dans le lien qui unit, autant qu’il les sépare, Roman et le vieux maître du paddock, interprété par Bruce Dern. Un lien qui s’étend même à la collectivité le temps d’une brève séquence, prise en sandwich entre des événements plus tragiques, lorsque les détenus et les futurs acheteurs de mustangs s’unissent dans ce geste américain fort ambigu qu’est le chant de l’hymne national, avec la main sur le cœur, s’il vous plaît. C’est au plus tard à cet instant-là que se révèle toute la finesse avec laquelle la mise en scène navigue à travers les clichés potentiels d’un univers peut-être pas réinventé par elle, mais en tout cas conjugué sans faux pas notable.

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Conclusion

On n’est pas très sûr à qui un film comme Nevada est destiné. Aux amateurs de contes de chevaux douceâtres ? Aux fans d’aventures viriles en prison ? Ou bien à tous ceux qui croient encore que l’indignation cinématographique aide à faire évoluer le statu quo social, pas seulement derrière les murs épais d’une prison ? Qu’il ne se met en fin de compte au service d’aucun de ces groupes d’intérêts mutuellement perméables fait alors toute la qualité du premier film de Laure De Clermont-Tonnerre, une réalisatrice exilée outre-Atlantique dont on aimerait bien voir un jour le traitement d’un sujet plus spécifiquement français.

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour je suis déçu chaîne 58 vai entre vengeance et justice et amour éternel plu 2 film les autre film passe son pas top mieux ce que vai dit essayer repassé 2 film du mennui regarde plu cause vous vai enlevé 2 film bien reste saï nunuche du coup regarde plu 58 malheureusement cause vous

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