Critique : Meurs un autre jour

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Meurs un autre jour

Royaume-Uni, Etats-Unis, 2002
Titre original : Die another day
Réalisateur : Lee Tamahori
Scénario : Neal Purvis et Robert Wade
Acteurs : Pierce Brosnan, Halle Berry, Toby Stephens, Rosamund Pike
Distribution : UFD
Durée : 2h13
Genre : Action
Date de sortie : 20 novembre 2002

Note : 2/5

Rien ne prouve mieux l’incroyable longévité de la recette James Bond que, même après les pires atrocités cinématographiques, l’agent le plus célèbre de sa majesté réussit toujours à renaître de ses cendres. Comme il est écrit dans le générique de fin de ses films, James Bond sera de retour, bien que, dans le cas présent, Meurs un autre jour ait été l’impasse de trop pour Pierce Brosnan, qui passera par la suite le flambeau à Daniel Craig. Près de quinze ans après les faits, il ne reste effectivement plus grand-chose à sauver dans ce film d’action atrocement bancal, qui tente avec un désespoir affligeant de mettre sur pied une parodie de la surenchère. L’immense problème du film de Lee Tamahori est qu’aucun de ses aspects ne fonctionne réellement et que – pire encore – leur agencement s’apparente à un persiflage laborieux de l’univers de James Bond, au lieu de faire entrer le personnage, né des vieilles dichotomies de la Guerre froide, avec force et élégance dans le XXIème siècle.

Synopsis : James Bond est envoyé en mission dans la zone démilitarisée de la Corée du Nord, afin d’y faire capoter un important achat d’armes auprès de l’officier corrompu Moon. Sa véritable identité est dévoilée et Bond est fait prisonnier. Pendant quatorze mois, il subit la torture des mains de l’armée nord-coréenne, jusqu’à ce qu’il soit libéré en échange contre Zao, le redoutable homme de main de Moon. Alors que ses supérieurs doutent de sa fiabilité, Bond se lance à son propre compte à la poursuite de Zao, dont il retrouve la trace à Cuba, dans une clinique de thérapies génétiques. Il y fait également la connaissance de la ravissante Américaine Jinx. Zao lui échappe in extremis, mais Bond a une nouvelle piste à suivre, celle du millionnaire mystérieux Gustav Graves dont les diamants suspects seraient liés à l’assassin nord-coréen.

La mort en dessert

Il ne suffit pas d’enchaîner les scènes d’action à couper le souffle dans des décors exotiques, peuplés de belles femmes et de méchants coriaces, pour faire vivre l’univers de James Bond. Tout cela est important, bien sûr, mais la formule ne peut réellement fonctionner que si l’acteur qui incarne Bond est à peu près crédible dans son rôle, auquel il apporte dans le meilleur des cas une petite touche personnelle. Pierce Brosnan avait plutôt su nous convaincre dans ses trois premiers films, mais ici, son interprétation tourne beaucoup trop vite à la caricature exsangue. C’est peut-être parce que son personnage réagit plus dans cette histoire ahurissante qu’il n’agit, sans même parler de sa longue période de captivité qui n’a pourtant laissé aucune séquelle notable. Toujours est-il que ce Bond de fin de cycle peine sérieusement à nous séduire, faute d’une personnalité cohérente au moins en apparence. De surcroît, le scénario ne lui fait vraiment pas de cadeau, avec des répliques hautement risibles et des adversaires aussi ternes et peu percutants que le héros, en attente d’une renaissance sous les traits plus bruts et virils de Daniel Craig quatre ans plus tard.

La boue, la plage, la glace

Sinon, Meurs un autre jour est l’exemple parfait de tous les excès à éviter à tout prix dans un film d’action du début du siècle. Comme la plupart des autres films de la série, il est le reflet indirect de son époque de production, à la fois au niveau du contenu, avec la menace des vilains Nord-Coréens, qui ne se sont nullement assagis depuis, et de la forme. Celle-ci se distingue en mal par l’emploi abusif d’effets spéciaux numériques, encore très loin des prouesses qui sont de nos jours à la portée des magiciens de l’image, et surtout d’une structure narrative trop en phase avec la fâcheuse tendance des dénouements maintes fois retardés. Il fut en effet un temps, à peu près pendant dix ans à partir du milieu des années 1990, lorsque les blockbusters hollywoodiens s’évertuaient à faire durer inutilement le suspense au fil d’un troisième acte souvent ressenti comme interminable. L’intrigue se traîne ainsi péniblement dans ce film, pratiquement dès que la sublime Halle Berry sort de l’eau, dans un moment d’éclat physique qui sera repris presque à l’identique pour mettre en valeur les attributs corporels du successeur de Brosnan dans Casino Royale. Grâce à l’agent américain, l’intrigue garde certes une certaine vivacité, mais au détriment de Bond lui-même, qui paraît soudainement encore plus démuni d’un point de vue intellectuel et physique.

Conclusion

Des vacances ne feraient pas de mal à James Bond après ces exploits horriblement poussifs, qui allaient sonner le glas à la fois de Pierce Brosnan dans le rôle emblématique et de l’état d’esprit qui était le sien du support de toutes sortes de gadgets et autre attributs de luxe. Meurs un autre jour est un navet au style clinquant et dépourvu de substance, à l’image de ses méchants dont même Rick Yune n’a pas réussi à nous passionner, défiguré qu’il y était avec sa boule à zéro et ses lentilles bleues.

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