Breaking Bad

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Breaking Bad

USA: 2008, AMC
Titre original: Breaking Bad
Réalisateur: Vince Gilligan, Tim Hunter, Adam Bernstein
Scénario: Vince Gilligan
Acteurs: Bryan Cranston, Aaron Paul, Anna Gun, Dean Norris
Production: AMC, Sony Pictures Television
Durée: 4 saisons, 33 épisodes, en production
Genre: Drame
Date de sortie: 2008

Réalisation :    [rating:4.5]
Scénario :         [rating:4.0]
Acteurs :           [rating:4.5]
Musique :         [rating:4.5]
Globale :          [rating:4.5]
[five-star-rating]

« Breaking Bad » est une série dramatique américaine créée par Vince Gilligan en 2008. De quoi êtes vous capable lorsqu’à 50 ans, vous vous rendez compte que votre métier ne vous passionne plus, que votre famille fonctionne très bien sans vous et que vous apprenez que vous êtes gravement malade? Il y a de quoi démarrer une très mauvaise crise de la cinquantaine. Voila ce que Vince Gilligan nous expose à travers le personnage de Walter White, et ce, depuis 3 saisons. Comment rendre votre vie encore plus difficile et plus illégale qu’elle ne l’était déjà avant? Devenez professeur de chimie et reconvertissez vous en fabriquant de méthamphétamine en prenant soin d’éloigner votre beau frère, travaillant pour la DEA, de votre business, et de prendre comme partenaire le petit junkie du coin. Avec des audiences qui ne cessent d’augmenter de saison en saison (1.4 millions, 1.7 millions, 2 millions et 2.6 millions respectivement pour chaque premier épisode de chaque saison) et cela ne risque pas de redescendre. La saison 4 est diffusée depuis le 17 juillet 2011 sur AMC tous les dimanches, pour les chaînes françaises il vous faudra encore attendre. En tout cas, ce que Vince Gilligan n’avait pas prévu, c’est le succès de sa création qui se dirige tout droit vers une 5ème saison pour l’année 2012.

Synopsis: Walter White, tout juste cinquantenaire, est un professeur de chimie dans un lycée d’Albuquerque, hélas, l’attention que lui porte ses élèves est aussi vive que la rapidité de certains mollusques. Habitant dans un quartier résidentiel sans ennui, il se laisse rapidement envahir par le manque de confiance en soi. Son fils handicapé et sa femme enceinte, il se voit obliger de prendre un deuxième boulot dans une station de lavage pour arriver à joindre les deux bouts financièrement. Malheureusement, il passe la plupart de son temps à essuyer les moqueries de son entourage. De plus, son médecin vient de lui apprendre qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale. S’en est trop pour Walter, il décide de passer le cap de la cinquantaine en chamboulant toute son existence. Voici comment va naître Walter White « The Cook », fabriquant de méthamphétamines. Il arrive enfin à mettre ses connaissances en chimie à son profit, pour mettre de l’argent de côté pour sa famille. Manque de pot pour lui, la vie de dealer n’est pas aussi tranquille que ce qu’il croyait, il va devoir traverser les pires moments de sa vie et cela ne fait que commencer…


Vince Gilligan (X files: Aux frontières du réel, Hancock) signe ici une série qui frôle le politiquement incorrect. Il ne faut pas croire que Vince Gilligan nous livre une apologie de la fabrication ou de la consommation de drogues, mais plutôt l’enfer dans lequel les personnages se plongent. Il aura fallut attendre plusieurs années pour qu’une chaîne française veuille bien diffuser cette série. Tout d’abord Canal + avait annoncé son achat pour laisser tomber, c’est Arte qui repris le flambeau en septembre 2010. Il faut savoir que le trafic de méthamphétamine est un fléau aux Etats-Unis, la scénarisation excellente et riche met en parallèle l’envie de se sortir de cette addiction avec les conséquences qu’elle inflige aux drogués ou aux fabricants. « Breaking Bad » est parfois gênante, voire choquante. Le générique précise d’ailleurs que certaines scènes de sexe ou de violence peuvent heurter la sensibilité du jeune public. Et pas que le jeune public, certaines scènes sont assez malsaines, notamment le passage où Jesse doit récupérer de l’argent chez un couple de drogués et tombe sur leur enfant, sale et sous alimenté. Les environnements sont souvent glauques et la réalisation les rend encore plus réels.

Les acteurs s’impliquent vraiment dans leurs rôles et leurs façons de jouer. Le pilier central de cette série est Walter White, interprété par Bryan Cranston (Malcolm, Little Miss Sunshine). Père de famille cinquantenaire qui va traverser un pétage de plomb (d’où « Breaking Bad »), non content de la vie qu’il mène, il va radicalement changer de comportement et de vie active. Un homme à la base sans ennui, aucune confiance en lui, aucun répondant et une tendance à se laisser marcher sur les pieds, va devenir irascible, colérique, minable et égoïste. Bryan Cranston joue à merveille le père de famille blasé sans autorité tout aussi bien que le père de famille égocentrique, mystérieux et dur à cuir.
Ce qui lui a permis de remporter 6 des 10 nominations le concernant depuis 2008. Il met une telle conviction et une telle passion dans son personnage, que même si il n’est pas aussi sage qu’un ange, on aime suivre ses péripéties. On ne l’aime pas pour ce qu’il fait à lui ou son entourage ou même les méthodes employées pour mentir à sa famille, on l’aime pour le charisme et la force qu’il met dans son personnage, pour sa façon qu’il a de redéfinir les limites de sa « morale ».
A aucun moment Vince Gilligan ne fait dire à Walter White qu’il a fait le bon choix, mais il lui fait sans arrêt se poser des questions sur son nouveau mode de vie. Mais Walter White sans Bryan Cranston n’aurait jamais été une telle réussite. Il a vraiment l’allure du type blasé, mais aussi l’allure du type en qui il ne vaut pas mieux faire confiance, sans lui, Walter White n’aurait jamais eu le succès qu’il mérite.

Si Walter White représente la descente aux enfers, Jesse Pinkman représente la volonté de remonter la pente. Aaron Paul (Big Love, Mission Impossible) incarne ici un jeune junkie remplis d’un profond mal-être et d’une incompréhension de son entourage. Rejeté par ses parents et incompétent, il décide, un brin contre son grès, de suivre Walter White dans son changement de vie. Son personnage est pour moi le plus touchant de la série, et sans aucun doute le plus sincère. Si la série repose sur l’interprétation de Bryan Cranston, elle n’aurait pas eu le même succès si cet acolyte déjanté n’avait pas été incarné par Aaron Paul. Il a d’ailleurs remporté 2 des 3 nominations pour son rôle. Il y a plusieurs étapes dans le parcours de Jesse Pinkman, d’abord accro aux drogues (saison 1), il va reprendre le dessus et essayer de s’en sortir (saison 2), pour devenir autant charismatique, voire plus raisonnable que Walter White (saison 3). Bien sur, les péripéties qu’il va traverser ne vont pas l’aider dans sa rédemption. Aaron Paul est mon coup de coeur de la série, il est vraiment attachant et, mesdames, vous constaterez aussi que son charme ne vous laisse pas indifférentes.

En ce qui concerne les autres personnages, le scénario est écrit de manière à ce que les personnages évoluent chacun de leur côté. Tout d’abord, la femme de Walter, Skyler White, interprétée par Anna Gunn (Deadwood, The Practice), on pourrait penser à une femme au foyer potiche hésitante, mais tout au contraire, au fur et à mesure des épisodes, elle se révèle plus confiante et sure d’elle. Elle va d’ailleurs remettre son mari en place après la découverte de son réel métier. Je laisse un peu de suspens sur son rôle pour ceux qui découvriraient la série, mais son rôle deviendra un clé pour Walter dans la troisième saison.
Dans le foyer des White, il y a aussi Walter Jr., RJ Mitte, qui n’a aucun rôle précédent à son actif. Walter Jr. est un enfant handicapé moteur, qui va être la colle qui maintient le couple ensemble. On aurait pu penser à ce qu’il devienne un brin lourd à l’écran, qu’il incarne l’image du pauvre enfant pris au milieu de cette galère, mais pas du tout. Il va lui aussi évoluer, même si c’est très peu, mais il va prendre parti pour son père, dont il ne sait rien à propos de sa nouvelle activité, aux détriments de Skyler.
Le beau-frère de Walter, Hank Schrader, est joué par Dean Norris (The Cell, L’arme Fatale 2). Seule épine dans la nouvelle vie de Walter. Comment continuer son business avec un beau-frère à la DEA? Dean Norris pourrait nous faire penser au rôle de Vic Mackey de « The Shield », sans le côté ripoux. Il va, sans le savoir, hériter des conséquences des actes de Walter et va petit à petit se noyer dans son enquête, ce qui va commencer à avoir un impact sur son couple. Hank est une des raisons, parmi d’autres, qui ont fait prendre conscience de la vie misérable de Walter. Pour Walter Jr., Hank était une sorte de modèle, que n’était pas Walter White, loin de là. Hank est marié à Marie, soeur, cleptomane et accro aux ragots, de Skyler.

Walter va devoir échapper à la surveillance de sa belle-soeur, aux griffes de son beau-frère et aux doutes de sa femme.

Si Vince Gilligan signe un succès, c’est un succès qui n’aurait jamais pu être diffusé sur des chaînes comme ABC ou CBS, les bonnes moeurs des familles de téléspectateurs n’auraient jamais laissé passer une telle fresque de mensonges, de drogues, de tromperies et de scènes glauques. On est loin de l’univers familiale de « Weeds », ici l’atmosphère est oppressante et le public ciblé est plus mature.

Au milieu de cette histoire, il y a plusieurs détails qui rendent la série encore plus exceptionnelle. Tout d’abord, les flashback et les visions qui ont lieu avant les épisodes. Notamment celui du crash d’avion et celui de Jesse et Jane dans l’épisode 11 de la saison 3, cela rend la série encore plus vivante et explique quelques scènes des épisodes qui suivent. La musique est extrêmement bien choisi pour chaque scène des épisodes. Un « Horse With No Name » revisité par Walter lors d’une échappée en voiture, ou même lorsque la caravane doit être détruite à la casse, dont je vous fait partager ce petit moment de bonheur avec l’extrait de l’épisode. Vous comprendrez alors que la partie musicale d’une série ne doit jamais être prise à la légère.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=yFs4lTau3YM[/youtube]

Pour finir, je dirais tout simplement que même si il m’a fallut 6 ou 7 épisodes pour accrocher à « Breaking Bad », ça n’a été que pour mieux être accro par la suite. Je n’ai pas le pouvoir, malheureusement, de vous forcer à regarder au moins la première saison, mais vous rateriez une merveille. Les tabloïds américains comparent d’ailleurs cette série aux oeuvres des frères Cohen.

Si des épisodes vous paraissent longs, ou ciblés sur des choses insignifiantes, c’est juste que Vince Gilligan a voulu mettre l’accent sur des petits détails que l’on aurait pas forcément remarqué. Par exemple, l’épisode de la mouche coincée dans le labo, met l’accent sur la folie qui commence à s’emparer de Walter et de la bonne conscience qui commence à reprendre le dessus chez Jesse (à la base cette épisode et le résultat d’un problème de budget qui a obligé l’équipe a utiliser un seul décors, pari réussi). Rien n’est laissé au hasard dans cette série et c’est pour mieux nous la faire adorer.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=OCy_USUunEQ&feature=related[/youtube]

1 COMMENTAIRE

  1. Série qui mérite sa place au panthéon ! Brian Cranston et Aaron Paul relève magnifiquement le défi de porter encore plus haut ce scénario détonant ! Déjà Culte !

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