Test Blu-ray : Les Guerriers du Bronx

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Les Guerriers du Bronx

Italie : 1982
Titre original : 1990 – I guerrieri del Bronx
Réalisation : Enzo G. Castellari
Scénario : Dardano Sacchetti, Elisa Briganti, Enzo G. Castellari
Acteurs : Mark Gregory, Vic Morrow, Stefania Girolami
Éditeur : Pulse Vidéo
Durée : 1h32
Genre : Science-fiction, Action
Date de sortie cinéma : 17 novembre 1982
Date de sortie DVD/BR : 1 juillet 2022

En 1990, dans le futur, le Bronx est devenu une zone de non-droit où sévissent les gangs les plus impitoyables. C’est pourtant dans ce ghetto que se réfugie une belle jeune femme qui refuse de prendre la relève de l’empire industriel auquel elle est promise. Elle est sauvée d’une mort certaine par Trash, chef d’une bande de Hell’s Angels, et ils tombent amoureux. La police a ordre de ramener la fugitive coûte que coûte, en exécutant sommairement quiconque s’y opposerait. Trash va devoir nouer une alliance avec les gangs adverses pour affronter les forces du désordre…

Le film

[5/5]

Très représentatif du cinéma foutraque et généreux d’Enzo Castellari, Les Guerriers du Bronx est d’ailleurs sans aucun doute son œuvre la plus célèbre, notamment auprès des cinéphiles ayant grandi dans les années 80. Car il semble impossible pour quiconque ayant un tant soit peu fréquenté les vidéo-clubs durant la glorieuse décennie 80’s d’être passé à côté de ce pur plaisir déviant, de ce plaisir coupable parfait, de ce délicieux nanar, à la fois complètement indéfendable et paradoxalement absolument attachant.

Au fil de ses quarante ans de carrière, Enzo Castellari a abordé de nombreux genres cinématographiques. En dehors du western, qui était clairement son genre de prédilection, il a donc également apposé son nom au générique de quelques Gialli, films de guerre, poliziotteschi, films d’horreur, films d’aventures… En 1982, juste après s’être attaqué au film d’attaque animale avec le requin de La Mort au large, il décidait donc, avec Les Guerriers du Bronx, de surfer sur le succès de New York 1997 (John Carpenter, 1980) et des Guerriers de la nuit (Walter Hill, 1979), en mélangeant allégrement les intrigues des deux films.

Les Guerriers du Bronx se déroule dans le futur, en 1990 pour être précis. Malgré une croyance répandue, il ne s’agit pas d’un « post-nuke » à la Mad Max 2, mais d’un film de science-fiction, mettant en scène une société au cœur de laquelle le quartier du Bronx est devenu une zone de non-droit à l’écart de New York, laissée à l’abandon par les autorités et régie par les gangs. Dans la première séquence du film, nous ferons connaissance avec les « Zombies », des voyous vêtus de blanc ayant la particularité de se déplacer en patins à roulettes. Ceux-ci ne tarderont pas à entamer une bagarre avec les « Riders », un gang de des motards au look cuir absolument improbable, que l’on croirait tout droit sortis du Cruising de William Friedkin, afin de tirer la jeune Ann (Stefania Girolami) des griffes de Zombies.

Le chef des Riders, c’est Trash, interprété par Mark Gregory (de son vrai nom Marco De Gregorio). S’il fut le héros des Guerriers du Bronx et de sa suite, la carrière de Mark Gregory se limite cependant à bien peu de films en dehors de cette franchise et de la trilogie Tonnerre (1983-1988), relecture italienne de la saga Rambo. Il faut avouer aussi qu’Enzo Castellari et ses deux coscénaristes Dardano Sacchetti et Elisa Livia Briganti n’ont pas fait de cadeau au jeune acteur avec ce film : Trash est en effet un personnage prêtant bien souvent à sourire. Un dur, un vrai, avec une carrure de bodybuilder cachant un véritable cœur d’artichaut. Jamais avare de punchlines toutes faites et de regards lourds de sens balancés vers l’horizon, il est « l’homme » typique du cinéma d’action des années 80, tout à la fois capable en un seul regard de conquérir le cœur des femmes et celui des hommes – on soupçonne en effet Blade, l’un de ses lieutenants, incarné à l’écran par Massimo Vanni, d’éprouver pour son chef des sentiments allant bien au-delà de la simple admiration.

Mais Trash n’est que le premier de la savoureuse galerie de personnages que nous donnera à voir Les Guerriers du Bronx : au sein de la bande des Riders, on trouvera également Ice, interprété par John Sinclair, qui arbore quant à lui un très seyant uniforme de SS, et qui se verrait bien prendre la tête du gang. La séquence suivante, rythmée par un solo de batterie assuré par une espèce de post-hippie en plein milieu d’en terrain vague, permettra au spectateur de rencontrer un troisième gang, celui des « Tigres », mené par un personnage impitoyable nommé l’Ogre (Fred Williamson), qui s’est auto-proclamé « Roi du Bronx », un peu à la manière du « Duc » incarné par Isaac Hayes dans New York 1997.

Au terme de ces séquences introductives, on entrera dans le vif du sujet, avec l’arrivée de Hammer (Vic Morrow), qui, aidé par Hot Dog (Christopher Connelly) et son pied-bot, cherchent à provoquer une guerre des gangs afin de retrouver Ann, qui se trouve être la fille d’un riche magnat de l’industrie. Consciente d’être la cause de nombreuses morts, Ann cherchera à fuir le gang des Riders, et se verra kidnappée par les Zombies. Dans l’espoir de retrouver Ann avant Hammer, Trash décide de tenter de forger une alliance avec l’Ogre, en allant le rencontrer dans le QG disco des Tigres. Mais pour ce faire, il devra traverser le Bronx, et traverser le territoire de différents gangs, les « Iron Men », des danseurs de claquettes habillés comme dans Orange Mécanique, et les « Scavengers », des troglodytes vivant dans les tranchées et les ruines du Bronx…

Dans la seconde partie des Guerriers du Bronx, Trash est donc amené à rencontre tous les gangs du Bronx, qui se démarquent par leurs looks et leurs attitudes improbables. Bien sûr, quarante ans plus tard, la confrontation de tous ces styles très datés pourra faire sourire, d’autant que ces séquences contrastent très fortement avec un ensemble se prenant régulièrement au sérieux (la scène d’enterrement pompeuse, la discussion entre Ann et Trash sur la place). Pour autant, la magie opère grâce au talent d’Enzo G. Castellari, qui ne laisse jamais le temps au spectateur de s’ennuyer, enchaînant sur un rythme fou les scènes d’action et les idées folles jusqu’à un final voyant un Vic Morrow en folie tenter d’exterminer le Bronx au lance-flammes. Une merveille !

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est sous les couleurs de Pulse Éditions que débarque aujourd’hui Les Guerriers du Bronx en France, au sein de la troisième vague de la déjà très riche collection « Atomic Future ». Et comme d’habitude, Guillaume Le Disez et son équipe nous proposent le film de Castellari dans un superbe Combo Blu-ray + DVD présenté dans un boîtier Amaray standard, mais avec une superbe jaquette réversible : vous aurez donc le choix du visuel qui ornera votre boîtier, les deux visuels reprenant deux affiches du film parmi les plus célèbres. Il s’agit donc à nouveau d’un bel objet que les collectionneurs seront probablement fiers d’afficher sur leurs étagères.

Côté Blu-ray, le master des Guerriers du Bronx a été restauré en 2K, et s’avère vraiment d’excellente facture : le grain argentique a été scrupuleusement préservé, la définition est accrue et les couleurs éclatantes. Bref, le film a bénéficié d’une impressionnante cure de jouvence, et s’offre ici une présentation optimale. Même en projection sur un écran de plus de deux mètres de diamètre, le rendu du Blu-ray enterre n’importe laquelle des sources SD auxquelles nous avons été habitués jusqu’à aujourd’hui. Côté son, le film s’impose dans de puissants mixages DTS-HD Master Audio 2.0 en VF comme en VO. Le doublage français est naturellement d’origine ; on y reconnaîtra les voix « cultes » d’Alain Dorval, Bernard Tiphaine, Med Hondo, Marc de Georgi ou encore Patrick Poivey.

Dans la section bonus, on commencera tout d’abord par mesurer l’impressionnant bond qualitatif que nous propose cette édition Haute-Définition des Guerriers du Bronx grâce à un transfert de la VHS du film, éditée en France dans les années 80 (VF uniquement). Les nostalgiques y jetteront assurément un coup d’œil ému… On continuera ensuite en nous plongeant dans une conférence intitulée « C’est presque pareil ! » (1h32), conçue et animée par Claude Gaillard et Guillaume Le Disez pour le Forum des Images en 2021. Consacrée à la contrefaçon au cinéma, cette conférence détendue et souvent très amusante nous offre une vision décalée du phénomène de la « copie » dans le cinéma populaire, le tout étant agrémenté d’images et d’extraits de films. Si les deux animateurs n’évoquent pas le cas des Guerriers du Bronx, la présence de ce supplément est tout à fait cohérente, dans le sens où Castellari et ses coscénaristes pillaient sans vergogne New York 1997 et Les Guerriers de la nuit. On enchaînera ensuite avec le solo de batterie du début du film, la traditionnelle bande-annonce du film, et on terminera avec le « Williamsonrama » (30 minutes), une sélection de bandes-annonces dédiées à la carrière de Fred Williamson. On trouvera donc les trailers de Hammer (Bruce D. Clark, 1972), The Legend of Nigger Charley (Martin Goldman, 1972), Black Caesar, le parrain de Harlem (Larry Cohen, 1973), Casse dans la ville (Larry Cohen, 1973), Black Eye (Jack Arnold, 1974), Boss Nigger (Jack Arnold, 1974), Les Démolisseurs (Gordon Parks Jr, 1974), Bucktown (Arthur Marks, 1975), Une poignée de salopards (Enzo G. Castellari, 1978), Les Guerriers du Bronx (Enzo G. Castellari, 1982), Vigilante (William Lustig, 1982), Les nouveaux barbares (Enzo G. Castellari, 1983), Vivre pour survivre (Jean-Marie Pallardy, 1984) et VFW (Joe Begos, 2019). Pour vous procurer cette superbe édition Blu-ray + DVD, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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