Test DVD : Mouton

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Mouton


France : 2014
Titre original : Mouton
Réalisateur : Gilles Deroo, Marianne Pistone
Scénario : Gilles Deroo, Marianne Pistone
Acteurs : Michael Mormentyn, David Merabet, Audrey Clément
Éditeur : Shellac Sud
Durée : 1h40
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 11 juin 2014
Date de sortie DVD : 6 janvier 2015

 

Il était dit que le jeune Mouton vivrait sa vie simple d’employé au restaurant de la mer pendant trois ans et qu’il serait arraché à cette vie après une nuit tragique au bal Sainte-Anne. Voici l’histoire résiduelle de ses potes restés dans une ville désormais peuplée de chiens et d’espoirs contenus dans de minuscules gestes…

 

 

Le film

[3/5]

Dans le livret joint à l’impeccable DVD édité par Shellac, Marianne Pistone, co-réalisatrice de Mouton avec Gilles Deroo, déclare que les deux réalisateurs avaient dans l’idée de filmer leur personnage central à la manière d’un chien. Pleinement conscients de la césure qu’ils provoquent à mi-métrage, ils voulaient donner à la deuxième partie de leur film une ambiance fantastique, de « fin du monde ». Primé deux fois à Locarno en 2014, le premier long-métrage de Gilles Deroo et Marianne Pistone a donc su trouver son public, même si en l’état, Mouton est un étrange film, dont les influences sont à chercher du côté de Virgil Vernier ou Bruno Dumont, mais avec un recul et une froideur qui en font d’avantage une sorte de version cinématographique expérimentale de l’émission Strip-tease de Jean Libon et Marco Lamensch, prenant place en Basse Normandie, à Courseulles-sur-Mer (Calvados) exactement.

Vers la moitié du film, le film délaisse comme annoncé le quotidien de Mouton, qui se situait dans un no man’s land non clairement défini, quelque part entre le documentaire sur le vif et la fiction ; et le film d’opter clairement et définitivement pour la fiction, et donc pour la mise en scène. Mais en choisissant de continuer la narration dans un registre très similaire à la première partie, la mise en scène s’avère vite paradoxalement très artificielle et assez poseuse (la scène du billet de banque, ou dans une moindre mesure celle de la prostituée, sont à ce titre très représentatives du côté très surligné et un peu trop didactique de l’entreprise), avec des comédiens amateurs qui n’arrivent pas à convaincre. La photographie marronnasse, rugueuse, qui convenait finalement au naturalisme forcené de la première partie, prend ici des airs de pauvreté visuelle. Il eut peut-être été nécessaire, pour marquer d’avantage le spectateur, de transformer le réel, la coupure entre les deux parties n’étant pas aussi nette et tranchée que ne l’auraient sans doute souhaité ses auteurs.

 

 

Le DVD

[5/5]

C’est donc Shellac qui permet aujourd’hui aux curieux l’ayant loupé dans les salles obscures de découvrir en DVD cet étrange Mouton. Le double DVD proposé par l’éditeur est irréprochable : le master utilisé pour le transfert, très granuleux, respecte à la lettre la photo naturaliste du film, de même pour le son, encodé en Dolby Digital 5.1 ou en stéréo 2.0, au choix.

Tirons notre chapeau à l’éditeur : on pouvait difficilement faire plus complet que cette édition DVD de Mouton, puisqu’en complément de programme, Shellac nous offre deux des deux premiers courts-métrages de Marianne Pistone (Sylvain aux ombres, 2005, 22 minutes) et Gilles Deroo (Vivat (qu’il vive), 2006, 29 minutes), ainsi que leur premier moyen-métrage réalisé en commun (Hiver (les grands chats), 2009, 55 minutes). Voilà donc une édition riche et complète, permettant de s’imprégner au maximum du style si particulier de ces deux réalisateurs à suivre de près.

 

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