Test DVD : La maison au toit rouge

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La maison au toit rouge

La maison au toit rouge DVD 1Japon : 2014
Titre original : Chiisai ouchi
Réalisateur : Yoji Yamada
Scénario : Yoji Yamada, Emiko Hiramatsu, d’après l’oeuvre de Kyôko Nakajima
Acteurs : Takako Matsu, Haru Kuroki, Takatarô Kataoka
Éditeur : Pyramide Vidéo
Durée : 2h11
Genre : Drame
Date de sortie cinéma :1 avril 2015
Date de sortie DVD : 1 septembre 2015

 

 

Japon, 1936. Taki quitte sa campagne natale pour travailler comme bonne dans une petite maison bourgeoise en banlieue de Tokyo. C’est le paisible foyer de Tokiko, son mari Masaki et leur fils de 6 ans. Mais quand Ikatura, le nouveau collègue de Masaki, rentre dans leurs vies, Tokiko est irrésistiblement attirée par ce jeune homme délicat, et Taki devient le témoin de leur amour clandestin. Alors que la guerre éclate, elle devra prendre une terrible décision. Soixante ans plus tard, à la mort de Taki, son petit neveu Takeshi trouve dans ses affaires une enveloppe scellée qui contient une lettre. Il découvre alors la vérité sur ce secret si longtemps gardé.

 

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Le film

[4/5]

C’est dans l’intimité d’une famille japonaise de la moyenne bourgeoisie, au moment de la guerre avec la Chine suivie de la 2ème guerre mondiale, que nous conduit La maison au toit rouge, le 82ème film de Yoji Yamada. Adaptation du roman homonyme de Kyôko Nakajima, l’histoire de cette famille est racontée par Taki, la bonne, arrivée à Tokyo en 1936 en provenance de la région de Yamagata, au nord du pays. Au début de cette histoire, le Japon vit une période un peu particulière : le pays se relève économiquement, la société japonaise peut se montrer quelque peu insouciante mais, par ailleurs, le Japon se montre conquérant et impérialiste. Même si le pays conserve toujours le côté traditionnel de la famille, avec le mari qui travaille et la femme qui s’occupe de la maison et des enfants, on peut observer quelques changements dans les mœurs, dans l’habillement qui s’européanise petit à petit, et, enfin, dans le style de construction des maisons. C’est dans une maison au style européen, sise dans la banlieue de Tokyo, qu’habite la famille Hirai dans laquelle travaille Taki. Tokiko est l’épouse de Masaki qui occupe le poste de sous-directeur dans une fabrique des jouets. Ils ont un fils de 6 ans, Kyoichi, qui va se remettre doucement d’une poliomyélite, avec l’aide efficace de Taki. Dans cette famille sans problème, un événement a priori anodin va venir perturber Tokiko : l’arrivée d’Itakura, un jeune collègue de Masaki, dont l’allure d’artiste et la délicatesse ne vont pas manquer de l’attirer au delà de ce qui serait raisonnable. Situation d’autant plus difficile que son mari et le Président de la société où il travaille ne cessent de pousser Tokiko à convaincre Itakura de se marier. Un autre personnage est également perturbée par ce qu’elle ne peut pas éviter d’observer : Taki, la bonne, la narratrice.

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Pour raconter cette histoire du passé, Yoji Yamada a choisi de faire intervenir Takeshi, un petit neveu de Taki qui vient régulièrement la visiter alors qu’elle est devenue très âgée et qui discute avec elle de la progression de l’autobiographie qu’elle est en train d’écrire. Cette histoire de la famille Hirai se présente donc sous la forme de flashbacks successifs qui la font avancer dans le temps. Quant aux visites de Takeshi, ce sont elles-mêmes des flashbacks dans la mesure où le film commence et se termine juste après le décès de Taki et la découverte d’une lettre écrite par Tokiko, lettre qui, curieusement, n’a jamais été ouverte. Cette construction permet d’ajouter au mélodrame très raffiné qui constitue la matière principale de La maison au toit rouge un volet certainement très important pour Yoji Yamada : un avertissement adressé au Japon d’aujourd’hui qui, par certains côtés, repart sur les traces du Japon de 1935 en se remilitarisant et en cherchant à imposer sa prédominance dans l’Asie du sud-est. Un comportement qui, dans les années 40, avait particulièrement mal tourné.

Curieusement, Yoji Yamada, cinéaste jouissant d’une grande réputation au Japon, n’a jamais eu en France la reconnaissance qu’ont pu avoir des réalisateurs qui l’ont précédé, comme Yasujirō Ozu, ou qui lui sont contemporains, comme Nagisa Ōshima. Le seul Festival européen à avoir sélectionné des films de Yoji Yamada est celui de Berlin et ce, à plusieurs reprises. C’était le cas pour La maison au toit rouge, pour l’édition de 2014. Haru Kuroki y a d’ailleurs obtenu l’Ours d’argent de la meilleure actrice pour son interprétation de Taki jeune. Une récompense que Takako Matsu, qui joue le rôle de Tokiko avec beaucoup de finesse, aurait tout aussi bien pu obtenir. Quant au rôle de Taki âgée, il est interprété par Chieko Baisho,  l’actrice fétiche de Yoji Yamada. Petite surprise concernant la musique : elle est l’œuvre du compositeur japonais Joe Hisaishi, mais le thème que l’on entend le plus souvent sonne particulièrement français.

Autre critique du film sur www.critique-film.fr : celle écrite par Tobias Dunschen lors de sa sortie en salles.

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Le DVD

[4/5]

Le transfert sur DVD de La maison au toit rouge, effectué par Pyramide Vidéo, ne souffre d’aucun défaut et on remarque, en particulier, que les couleurs délicates des printemps japonais sont très bien rendus. Le film ne peut se voir qu’en version originale sous-titrée, avec le choix de l’écouter en Dolby 2.0 ou en Dolby 5.1. A noter qu’au niveau du sous-titrage, un effort a été fait pour essayer de retransmettre par écrit la différence d’accent qui existe entre les habitants du nord du Japon et ceux de Tokyo.

En bonus sur le DVD, on trouve un entretien particulièrement intéressant avec Claude Leblanc, fondateur du magazine Zoom Japon et grand connaisseur du cinéma japonais. En 24 minutes, on apprend une multitude de choses sur Yoji Yamada, et, tout particulièrement, sur sa filmographie et sa place dans le cinéma japonais. Un livret illustré de 16 pages, comprenant un entretien avec Yoji Yamada, est également livré avec le DVD. On trouve par ailleurs la bande annonce de La maison au toit rouge, ainsi que celles de 3 autres films édités en DVD par Pyramide Vidéo, dont deux on fait l’objet récemment d’un test DVD sur www.critique-film.fr : Mon fils et Le dernier coup de marteau.

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