Test DVD : Cours sans te retourner

Cours sans te retourner

Allemagne, France : 2013
Titre original : Lauf Junge Lauf
Réalisateur : Pepe Danquart
Scénario : Heinrich Hadding, Pepe Danquart d’après le roman de Uri Orlev
Acteurs : Kamil Tkacz, Andy Tkacz, Elisabeth Duda
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h43
Genre : Drame, Guerre
Date de sortie cinéma : 24 décembre 2014
Date de sortie DVD : 5 mai 2015

1942. Srulik, un jeune garçon juif polonais réussit à s’enfuir du Ghetto de Varsovie. Il se cache dans la forêt, puis trouve refuge chez Magda, une jeune femme catholique. Magda étant surveillée par les Allemands, il doit la quitter et va de ferme en ferme chercher du travail pour se nourrir. Pour survivre il doit oublier son nom et cacher qu’il est juif….

Le film

[3.5/5]

Un film, tiré d’une histoire vraie, racontant les pérégrinations d’un enfant juif de 8 ans dans l’Europe nazie en plein milieu de la 2ème guerre mondiale : sujet dur, sujet fort, sujet édifiant mais est-ce pour autant la certitude d’une réussite cinématographique ? Il suffit de se souvenir du consternant Survivre avec les loups de Véra Belmont pour être convaincu que, sur un tel sujet, il n’est pas forcément facile d’être à la fois passionnant du début à la fin, crédible et poignant, tout en n’étant ni mièvre ni larmoyant.

Réalisé par le cinéaste allemand Pepe Danquart, Cours sans te retourner est l’adaptation cinématographique du roman homonyme de l’écrivain israélien Uri Orlev. Ce roman a été inspiré par l’histoire véridique de  (Srulik)  Yoram Fridman, un jeune garçon juif de 8 ans qui, en 1942, a réussi à s’échapper du ghetto de Varsovie et à survivre jusqu’à la fin de la guerre en se cachant dans des forêts, mais aussi en travaillant dans des fermes dans lesquelles il pouvait obtenir gîte et couvert. Les derniers mots du père de Srulik à son fils l’exhortaient à oublier son nom tout en n’oubliant jamais sa qualité de juif. Très vite, toutefois, Magda, jeune épouse et mère de résistants, va faire comprendre à Srulik qu’il doit non seulement changer de nom mais aussi se faire passer pour un bon petit catholique. Une supercherie que l’enfant va pratiquer avec beaucoup de naturel mais que la circoncision rend parfois difficile !

C’est donc sous le nom de Jurek Staniak qu’il va se faire rejeter par des paysans polonais et se faire aider par d’autres, qu’ils soient dupes ou non quant à ses origines. Il va connaître le froid, la faim, mais aussi l’entraide et la compassion. Faisant preuve d’une grande résilience, il va berner un officier allemand et un médecin polonais refusera de le soigner parce qu’il est juif. Tout cela est montré sans forcer le trait, avec le regard que peut porter un enfant sur une telle situation, mélange de petits bonheurs et de souffrances physiques et morales, d’espièglerie et de maladresses. Cela n’empêche pas l’humour comme lorsque Srulik / Jurek, ferme après ferme, brode de plus en plus sur l’histoire qu’il raconte pour trouver sa place et que chaque nouvelle exagération lui apporte une saucisse de plus dans son assiette. Cela n’empêche pas non plus une très grande qualité dans la photographie de Daniel Gottschalk : magnifiques paysages sous la neige, clair de lune, plaine au printemps. Par contre, dans ce contexte, la musique de Stéphane Moucha, loin d’apporter un plus, ne fait trop souvent que surligner de façon gênante des moments d’émotion ou d’inquiétude qui n’en avaient pas besoin.

La présence de Srulik dans quasiment tous les plans du film n’était pas sans poser un problème à la production du film, les lois relatives au travail des enfants empêchant des journées de travail suffisamment longues, d’où le risque de faire exploser le budget. Cette difficulté a été habilement contournée en faisant jouer ce rôle par deux vrais jumeaux, Kamil Tkacz et Andy Tkacz. Quant au rôle de Magda, c’est Elisabeth Duda, comédienne française d’origine polonaise, qui l’interprète avec beaucoup de sensibilité. Par ailleurs, soyons gré au réalisateur d’avoir fait le choix de la vérité en ce qui concerne les langues : contrairement à un film comme Le pianiste dans lequel la plupart des dialogues étaient en anglais, ici, on entend surtout du polonais (normal, la plupart des protagonistes sont polonais !), et, sinon, de l’allemand, un peu de russe et un peu de yiddish. Au final, le film de Pepe Danquart s’avère d’une très bonne facture et d’une grande honnêteté qui, en s’ajoutant à la force du sujet, rendent le film très fréquentable pour les adultes mais aussi pour les enfants de plus de 10 ans. Avis pas vraiment partagé par Tobias dont vous pouvez lire la critique, parue au moment de la sortie en salles.

Le DVD

[4.5/5]

Que demande-t-on à un DVD ? Le plus important, bien sûr, c’est de respecter le film, tant au niveau des images qu’au niveau du son. Pour ce qui est du son, Blaq Out a fait ici simple mais efficace. En effet, le choix se limite à : version originale 5.1 et version originale stéréo. Rassurez vous, le sous-titrage en français des 4 langues pratiquées dans le film est présent dans les deux cas. Mis à part l’absence d’un sous-titrage pour sourds et malentendants, tout cela est donc largement suffisant. Les images ? Il faudrait demander au Directeur de la photographie ce qu’il en pense mais il est fort probable qu’il serait très satisfait du travail réalisé par Blaq Out. Le plus important étant donc satisfait, qu’attend-on de plus ? Le ou les suppléments, bien sûr. Là aussi, il y a de quoi être satisfait. En effet, le DVD propose un Making of de 60 minutes, réalisé par Marvin Hesse et très intéressant. Ce film nous introduit sur le tournage d’un certain nombre de scènes importantes et fait intervenir de nombreux protagonistes : le réalisateur, la productrice Susa Kusche, le chef décorateur Matthias Müsse, le scénariste (et réalisateur de la 2ème équipe) Heinrich Hadding, un certain nombre de comédiens et, venu à Varsovie pour la première du film, son héros, Yoram Fridman, établi en Israël depuis des décennies.

Ce DVD est disponible chez Blaq Out.