Test Blu-ray : Tueurs

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Tueurs

 
France, Belgique : 2017
Titre original : –
Réalisation : Jean-François Hensgens, François Troukens
Scénario : François Troukens, Giordano Gederlini
Acteurs : Lin Shaye, Leigh Whannell, Angus Sampson
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h26
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 6 décembre 2017
Date de sortie DVD/BR : 2 mai 2018

 

 

Alors que Frank Valken réalise un casse fabuleux, un commando de tueurs entre en action et exécute tous les témoins. On relève parmi les cadavres celui de la magistrate qui enquête sur l’affaire des Tireurs fous. Trente ans plus tard, ils semblent être de retour. Arrêté en flagrant délit et face à la pression médiatique, Frank n’a d’autre choix que de s’évader pour tenter de prouver son innocence…

 

 

Le film

[4,5/5]

Il y a toujours eu une très forte tradition du polar en France, mais au fil des années, le genre tend malheureusement à s’effacer sous le poids du cinéma américain, qui a au fur et à mesure créé une espèce de « désamour » du côté du public pour tout ce qui s’apparente de près ou de loin à du cinéma de genre produit ailleurs qu’aux États-Unis. On espère cela dit qu’un jour, le polar français (ou franco-belge dans le cas qui nous occupe aujourd’hui) des années 2000/2010 sera réhabilité et trouvera un public qu’il peine un peu de nos jours à réunir en masse. Avec Colt 45 en 2014, le belge Fabrice du Welz nous livrait une petite claque d’efficacité et de punch, mais blessé par ses relations avec ses producteurs, renierait publiquement son film, qui comporte néanmoins aujourd’hui une solide base de fans. En 2015, Benjamin Rocher réunissait 388.000 français dans les salles avec Antigang et en 2016, Julien Leclercq réitérait l’exploit avec Braqueurs, qui totaliserait 435.000 entrées dans l’hexagone. Les scores au box-office de ces excellents polars bien énervés sont certes loin d’être catastrophiques, mais ils auraient franchement mérité de toucher un public plus nombreux.

Sorti début décembre sur un tout petit circuit de 81 salles en France, Tueurs ne totaliserait quant à lui qu’un peu plus de 43.000 entrées. Une injustice manifeste pour ce film franco-belge malheureusement destiné à retomber dans l’oubli malgré d’immenses qualités… Réalisé par les inconnus Jean-François Hensgens et François Troukens, le film évoque une série de faits divers ayant secoué la Belgique des années 80, et connus sous l’appellation des « tueries du Brabant » : une série de braquages ayant tourné aux massacres en série et occasionné des dizaines de morts. Si ces crimes ne sont toujours pas élucidés plus de trente ans après les faits, de nombreuses théories circulent depuis de nombreuses années sur l’identité des trois mystérieux tueurs impliqués dans ces drames, et Tueurs en proposera une au spectateur, de façon on ne peut plus agressive.

Âpre, extrêmement violent, le film de Jean-François Hensgens et François Troukens propose au spectateur un véritable déferlement d’action et de scènes très tendues, tout en proposant une solide caractérisation des personnages, qui se fera la plupart du temps dans l’action plutôt que par l’utilisation de tunnels de dialogues qui auraient cassé le rythme du film. En l’état, et du haut de ses 1h26, Tueurs se base essentiellement sur le rythme, et emportera forcément le spectateur avec lui, les cinéastes développant une véritable fascination pour le gang de braqueurs dont on suivra le casse pas à pas, avec sang froid et précision. Ces « méchants » anti-héros là se révéleront d’ailleurs -et c’est là toute l’habileté du film- finalement les personnages les moins abjects du métrage, qui prendra de fait rapidement des airs de « poliziottesco » ou néo-polar italien des années 70.

On retrouve en effet dans Tueurs cet attachement à des personnages qui, comme de vrais moralistes, sont « braqueurs » mais pas « tueurs » ; on retrouvera également au cœur du film le goût pour l’action et la violence des films ritals de l’époque, doublé d’un discours politique et social très agressif, avec des personnages croyant bien d’avantage à l’honneur qu’à la loi, et choisissant d’appliquer la justice eux-mêmes. Un raisonnement qui, selon la sensibilité du spectateur, sera ressenti comme nauséabond et réactionnaire ou comme une espèce d’idéalisme anarchiste et cynique paraissant de nos jours presque anachronique. En deux mots, Tueurs se révèle donc une sacrée claque de polar à l’ancienne, jusqu’au-boutiste et premier degré jusqu’au bout des ongles. D’immenses qualités qui font qu’on lui pardonnera aisément ses quelques maladresses dans l’écriture (les dialogues sonnent par moments un peu faux, et certains passages s’avèrent beaucoup trop surlignés et didactiques) ou les faiblesses dans la direction d’acteurs (habituellement excellent, Olivier Gourmet en fait ici régulièrement des caisses). Une sacrée belle surprise !

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

La distribution de Tueurs dans les salles obscures n’ayant pas permis au film de trouver son public, Sony Pictures a manifestement décidé de soigner la sortie vidéo du film de Jean-François Hensgens et François Troukens. Le transfert du film est en effet tout à fait satisfaisant, le niveau de détail est d’une remarquable précision et aucun souci de compression n’est à déplorer. Les nombreuses scènes de nuit ne dépareillent pas, malgré de légers fourmillements dans les noirs, tout est adroitement géré : définition, profondeur de champ, couleurs… C’est resplendissant. Coté son, même topo ! Encodée en DTS-HD Master Audio 5.1, la version française nous propose un spectacle dynamique et immersif à souhait : la spatialisation est redoutablement efficace, les différents éléments sonores se détachent de façon très efficace et le caisson de basses est extrêmement sollicité : c’est du lourd !

Dans la section suppléments, on trouvera, outre la traditionnelle bande-annonce du film, une courte featurette (un peu moins de sept minutes) revenant de façon assez superficielle sur le tournage, mais s’avérant globalement intéressante et informative. Mais ce n’est pas tout puisque Sony Pictures nous permettra également de découvrir le premier court-métrage de François Troukens, le très intéressant Caïds (12 minutes, HD), qui mettait en scène Slimane Dazi dans la peau d’un gangster – alors qu’il incarnerait un gardien de prison dans Tueurs.

 

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