Test Blu-ray : Street trash

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Street trash

États-Unis : 1987
Titre original : –
Réalisation : Jim Muro
Scénario : Roy Frumkes
Acteurs : Mike Lackey, Bill Chepil, Vic Noto
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h42
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie cinéma : 24 juin 1987
Date de sortie DVD/BR : 24 avril 2018

Dans les tréfonds de sa réserve, le propriétaire d’une petite boutique de spiritueux découvre une caisse d’un alcool frelaté de marque Viper. Les bouteilles trouvent très vite preneurs, achetés par les marginaux et clochards qui peuplent une casse automobile du quartier. Ses effets sont dévastateurs, le breuvage d’origine inconnue décapant de l’intérieur ceux qui l’ingurgitent…

Le film

[4/5]

Film d’horreur pour de rire, jouant ouvertement sur une provocation bien rugueuse et crasse, Street trash est un pur produit de son époque, s’inscrivant dans deux tendances fortes et incontournables du cinéma dit « d’exploitation » des années 80. Etant donné les outrances formelles et les dérives ouvertement « gore » du film, étant donné l’attachement à se vautrer dans le mauvais goût le plus absolu, on ne pourra s’empêcher de penser, par analogie, à quelques-uns de ses contemporains, tels que Toxic Avenger (Lloyd Kaufman, 1984), qui marquait les premiers exploits de Troma Entertainment, ou Bad taste (Peter Jackson, 1987), qui jouait également la carte du gore bien dégueu. Il serait également difficile de ne pas citer Evil Dead (Sam Raimi, 1982) bien sûr, qui partage avec Street trash le goût d’une caméra extrêmement mobile, toujours en mouvement, prenant presque la place d’un personnage au cœur du récit. Il faudra cependant admettre qu’en comparaison avec les trois films que l’on vient de citer, tournés avec quelques bouts de ficelle et énormément de créativité, Street trash s’impose, formellement, comme nettement plus « pro » : tourné non pas en 8 mm cradingue mais en 35 mm, avec de longs plans steadicamés très élaborés et des effets spéciaux extrêmement efficaces, le film de Jim Muro bénéficiait d’un budget plus important, qui transparait clairement à l’écran.

Mais Street trash s’inscrit également dans la mouvance d’un certain cinéma underground New Yorkais, né de films tels que Mean streets (Martin Scorsese, 1973), Un justicier dans la ville (Michael Winner, 1974) ou, un peu plus tard, Driller killer (Abel Ferrara, 1979), et qui se muera en une véritable vague « agressive » de longs-métrages au ton volontiers extrême au début des années 80, s’échinant à présenter la « Big Apple » sous son jour le plus glauque et le moins engageant. Avec ses personnages de clodos ou semi-clodos aussi répugnants que veules, tous aussi négatifs les uns que les autres, mendiant, volant et agressant le jour, errant dans les bas-fonds d’une casse automobile la nuit, Street trash évoque en effet forcément les figures blêmes hantant des films indépendants tels que Maniac (William Lustig, 1980), Exterminator – Le droit de tuer (James Glickenhaus, 1980), Basket case – Frères de sang (Frank Henenlotter, 1982), Vigilante (William Lustig, 1983), Combat shock (Buddy Giovinazzo, 1984) ou encore Exterminator 2 (Mark Buntzman, 1985). Des films qui présentaient tous New York comme une ville en déliquescence, dominée par le crime et le non-droit, peuplée d’âmes perdues enclines à la violence et au désœuvrement, et au-dessus de laquelle flottait l’ombre de la débâcle de la guerre du Vietnam. Autant dire que cette vague de long-métrages du début des années 80 ne donnait pas franchement envie d’aller faire du tourisme dans la grosse pomme pourrie…

Mais tout cela n’empêche pas la bonne humeur : Street trash est en effet avant tout un film de sale gosse, bête et méchant, poussant très loin le bouchon de la provocation et enchainant volontairement les séquences les plus grotesques et les plus outrancières, entrecoupées de passages à effets spéciaux qui s’imposent comme autant de moments de bravoure gore et bien craspec. Avec son intrigue à base d’alcool provoquant immédiatement la désintégration ou la « fonte » organique de quiconque a la mauvaise idée de l’ingérer, le film de Muro fait dans l’explosion de couleurs et de corps, dans la tripaille qui suinte, dans la barbaque dégoulinante. Formidable série B, d’une efficacité redoutable malgré un côté un peu « épuisant » et too much, Street trash demeure encore, plus de trente ans après sa sortie dans les salles, un film punk et mongoloïde se dressant comme un doigt d’honneur bien hargneux à la face de tous les représentants du bon goût, qui en filigrane et sur le mode de l’absurde dressait tout de même un état des lieux politique, économique et social des Etats-Unis qui n’avait rien de très reluisant.

Le Coffret Blu-ray + 2 DVD

[5/5]

Grand défenseur du cinéma de genre dans l’hexagone, ESC Éditions gâte à nouveau le consommateur français avec la sortie en Blu-ray de Street trash, véritable événement pour tous les fans de cinéma gore, d’autant plus que le film débarque dans un beau coffret présenté sous la forme d’un « mediabook » d’aspect luxueux, et proposant un visuel original, coloré et assez classe ; mais on vous en laisse en juger par vous même :

Cette édition comporte donc à la fois le film sur support DVD et Blu-ray, et se voit également accompagné d’un livret de 24 pages intégré à l’étui, et d’un DVD supplémentaire sur lequel on trouvera un documentaire sur la genèse du film ; l’éditeur ne nous ayant fourni ni de copie du livret ni le DVD de suppléments, on ne pourra pas s’exprimer sur leur qualité, mais on fait aveuglément confiance à ESC Éditions.

Côté Blu-ray en revanche, on a bien vu la bête, et Street trash bénéficie d’un très bel upgrade Haute-Définition : le master est stable, propre, le grain d’origine est préservé, les couleurs sont extraordinaires, la définition est le piqué sont considérablement améliorés… C’est du très beau travail ; la copie est tirée d’un master restauré 2K, et il s’agit évidemment du montage « uncut ». Du côté des pistes son, la VF d’époque nous est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, tandis que la VO anglaise s’offre un impressionnant mixage multi-canal DTS-HD Master Audio 5.1, aux dialogues clairs et aux ambiances bien préservées, ajoutant encore un peu d’ampleur à la folie outrancière de l’ensemble.

Mais en plus d’être un bel objet, le coffret édité par ESC Éditions n’est d’ailleurs pas avare en suppléments, puisqu’on trouvera également sur la galette Blu-ray le court-métrage à l’origine du film (15 minutes, définition standard et VOST), ainsi qu’une analyse du film d’une durée d’un peu plus d’une demi-heure, assurée par l’excellent Nicolas Stanzick (qui avoue cependant en préambule n’avoir vu que les trois premiers quarts d’heure du film, en vidéo et dans les années 90 !) et par Fausto Fasulo, rédacteur en chef de Mad Movies. Un entretien assez passionnant, proposant un montage dynamique et, globalement, une belle sincérité.

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