Test Blu-ray : Phantom of the Paradise – Édition « Ultra Collector »

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Phantom of the Paradise – Édition « Ultra Collector »

États-Unis : 1974
Titre original : –
Réalisateur : Brian De Palma
Scénario : Brian De Palma
Acteurs : Paul Williams, William Finley, Jessica Harper
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h32
Genre : Fantastique, Musical
Date de sortie cinéma : 25 février 1975
Date de sortie DVD/BR : 12 avril 2017

Winslow Leach, jeune compositeur inconnu, tente désespérément de faire connaître l’opéra qu’il a composé. Swan, producteur et patron du label Death Records, est à la recherche de nouveaux talents pour l’inauguration du Paradise, le Palais du Rock qu’il veut lancer. Il vole la partition de Leach, et le fait enfermer pour trafic de drogue. Brisé, défiguré, ayant perdu sa voix, le malheureux compositeur parvient à s’évader. Il revient hanter le Paradise…

Le film

[5/5]

Que l’on aime ou pas le cinéma de Brian De Palma, Phantom of the Paradise fait partie de ces films dont les qualités sont unanimement reconnues, et dont la nature de chef d’œuvre absolu n’est plus à démontrer. Très représentatif du style et des obsessions du maestro, cette relecture croisée de Faust, du Portrait de Dorian Gray et du Fantôme de l’Opéra permet au cinéaste de laisser libre cours à sa passion des écrans et des miroirs, composant des plans où les reflets renforcent l’idée de duplicité et de travestissement au cœur d’un film où même les différents groupes musicaux se succédant à l’écran sont incarnés par les mêmes acteurs.

Du côté de la mise en scène, on alterne entre les prouesses techniques (split-screens, usage de la profondeur de champ, ralentis époustouflants) et le pur fétichisme, proche du kitsch le plus grotesque, mais le cinéaste parvient à naviguer entre le ridicule et le sublime avec la dextérité et le brio d’un véritable équilibriste de l’image, ne provoquant au final chez le spectateur qu’émerveillement et admiration. Du côté des références conscientes, on citera évidemment Alfred Hitchcock, avec un clin d’œil appuyé à la scène de la douche de Psychose, mais également de L’abominable Docteur Phibes (Robert Fuest, 1971), dans son côté baroque et sanglant bien sûr, mais aussi par l’utilisation de quelques touches formelles, telles que le masque du fantôme, qui fait écho à celui porté par Vincent Price dans le film, sa voix synthétique ou encore son piano, directement hérité du Fantôme de l’Opéra celui-ci cela dit.

Premier (?) chef d’œuvre d’une longue série à venir dans la carrière de Brian De Palma, Phantom of the Paradise impose encore, plus de quarante ans après sa sortie, un silence religieux et passionné. Vertigineux, baroque, dingue et absolument génial.

Le coffret Blu-ray

[5/5]

Phantom of the Paradise est le sixième film à intégrer les rangs des prestigieuses « Éditions ULTRA COLLECTOR » de Carlotta Films, collection de Blu-ray initiée en décembre 2015 par l’éditeur français avec la sortie de Body double. C’est également le premier film de cette collection à avoir déjà connu une sortie sur support Blu-ray en France, en 2009, sous les couleurs de Filmedia, éditeur aujourd’hui disparu (mais dont le noyau dur compose aujourd’hui les équipes de Rimini Editions).

Phantom of the Paradise débarque donc dans une édition limitée, numérotée à 3 000 exemplaires, dont le visuel a été créé exclusivement pour cette édition par le talentueux Matt Taylor, contributeur régulier du site d’affiches à tirage limité Mondo. On notera donc d’entrée de jeu la classe absolue de cet imposant coffret, contenant un gros livre (160 pages) intitulé «Dr Brian and Mr De Palma », passionnant ouvrage inédit rédigé par, entre autres, Luc Lagie, Jean-Baptiste Thoret ou encore Alexandre Poncet qui s’attarde sur la musique du film. Le livre est présenté comme un vrai livre de cinéma, avec une belle couverture cartonnée, glissé dans un étui à l’italienne. On a donc entre les mains un véritable et bel objet de collection, auquel l’éditeur rajoute une poignée de suppléments inédits.

Car Carlotta ne se contente pas de recycler l’interactivité déjà riche et intéressante du Blu-ray édité par Filmedia en 2009 (un passionnant making of rétrospectif, un entretien avec la costumière, une introduction par Gerrit Graham et une fausse pub signée William Finley). En effet, l’éditeur français est également allé piocher dans les suppléments disponibles dans d’autres éditions de par le monde, en les agrémentant de sous-titres français. On retrouvera donc tout d’abord un entretien avec Brian De Palma issu de l’édition Blu-ray américaine du film (Shout Factory), ainsi qu’une grande partie des suppléments de l’édition britannique (Arrow Films), à savoir quelques spots radio, une sélection de scènes coupées ou ratées, une passionnante featurette revenant sur le changement de dernière minute d’un élément narratif important (Swan Song Enterprises devenu Death Records) et les trésors d’ingéniosité déployés pour retravailler les plans et masquer les mentions « Swan Song Enterprises » en post-production. Last but not least, on retrouvera ici le « gros » morceau de l’édition anglaise : un entretien entre Paul Williams et Guillermo Del Toro, formidable discussion de plus d’une heure entre deux passionnés de cinéma. Du côté des suppléments « maison », Carlotta nous propose une version Karaoké de six chansons du film.

« Mais qu’en est-il du film à proprement parler ? » me demanderez-vous. Force est de reconnaitre que l’édition Blu-ray proposée ici par Carlotta s’avère meilleure que celle de 2009 : si le master est un peu plus sombre que celui utilisé par Filmedia (les contrastes sont légèrement plus appuyés), il s’avère également globalement plus précis, proposant un niveau de détails plus élevé que l’édition précédente, et des couleurs très satisfaisantes. Du côté des enceintes, la VO est proposée au choix en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine ou DTS-HD Master Audio 5.1 ; la spatialisation apporte un peu de punch à l’ensemble, mais elle respecte globalement l’esprit de la piste originale, avec peu d’effets surround ou multi-directionnels. La version française est quant à elle proposée dans un mixage DTS-HD Master Audio 1.0, mais d’un strict point de vue artistique, on ne peut réellement apprécier le film à sa juste valeur qu’en version originale !

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