Test Blu-ray : Memories of murder – « Édition Ultime »

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Memories of murder


Corée du Sud : 2003
Titre original : Salinui chueok
Réalisation : Joon-Ho Bong
Scénario : Sung Bo Shim, Joon-Ho Bong d’après Kim Kwang-rim
Acteurs : Kim Sang-kyung, Song Kang-Ho, Roe-ha Kim, Park no-syk
Éditeur : La Rabbia
Durée : 2h11
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 23 juin 2004
Date de sortie DVD/BR : 11 juillet 2018
 

 

Corée du Sud. 1986. Le corps d’une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne environnante. Deux mois plus tard, de nouveaux crimes similaires ont lieu. Une unité spéciale de la poliuce est alors mise en place, sous les ordre d’un policier local et d’un détective spécialement dépêché de Séoul…

 

 

Le film

[4/5]

En 2003, lorsque Joon-Ho Bong se lance dans la réalisation de Memories of murder, il n’a que 34 ans et il n’a réalisé jusqu’alors qu’un seul long métrage, Barking dog. Quant à la connaissance que l’on peut avoir dans nos contrées de la production cinématographique coréenne, elle est encore très balbutiante et ce sont des films comme Memories of murder qui vont grandement contribuer à classer la Corée du sud parmi les pays importants en matière de cinéma. C’est dans un fait divers s’étant déroulé en Corée dans la région de Hwaseong que Joon-Ho Bong est allé chercher son inspiration : l’histoire d’un tueur en série, le premier de l’histoire du pays, qui, de 1986 à 1991, viola et assassina 10 femmes dont l’âge allait de 13 à 71 ans. Un tueur en série tellement habile et méthodique qu’il passa au travers des mailles du filet tendu pour l’appréhender : un nombre impressionnant de suspects fut interrogé mais, malgré un dispositif policier très important, personne ne fut jamais inculpé !

Lorsque l’action du film commence, le 23 octobre 1986, la Corée du sud se situe dans une période un peu floue de son histoire politique : le dictateur Park Chung-hee a été assassiné le 26 octobre 1979 mais le général Chun Doo-hwan qui est alors à la tête de l’état ne vaut guère mieux et il faudra attendre encore quelques années pour qu’un régime vraiment démocratique trouve sa place en Corée du sud. Par contre, lorsque Joon-Ho Bong réalise Memories of murder, la démocratie s’est enfin installée dans le pays ce qui explique sans doute la façon dont le réalisateur dépeint son pays dans son film : un pays qui vit au rythme des alertes causées par les sempiternelles bisbilles avec la Corée du nord, un pays dont la police semble tout à la fois très violente et particulièrement incompétente. Un jugement que le cinéma coréen ne manquera pas, par la suite, de renouveler à plusieurs reprises!

 

 

Dès la première scène du film, avec un gamin qui se moque d’un policier en répétant les phrases qu’il prononce, Joon-Ho Bong plonge le spectateur dans l’atmosphère qui va régner tout au long de Memories of murder : un mélange d’humour, parfois noir, parfois burlesque, voire absurde, et d’atmosphère angoissante. En effet, il est important de prendre en compte le fait que cette première scène qui, dans un premier temps, peut amener à rire se poursuit par la recherche et la découverte du cadavre d’une femme dans une canalisation. La première d’une longue série. Et que fait la police ? Pour commencer, la police locale ramasse des suspects à la suite d’intuitions pas forcément géniales, elle les intimide, elle fait preuve de violence. Comme le pays fait preuve d’un retard abyssal en matière d’enquête, n’arrivant pas à garder intacte une scène de crime et devant faire appel à un laboratoire US pour une comparaison d’ADN, le seul espoir de la police est d’obtenir des aveux et, pour y arriver, tous les moyens lui semblent bons. L’arrivée de Seo Tae-yoon, un policier en provenance de Séoul, permet certes dans un premier temps d’éviter un certain nombre d’erreurs mais qui va déteindre sur l’autre : Seo Tae-yoon sur Cho Yong-koo, un policier local qui ne connait que la violence ; ou bien le contraire ?

Ce mélange d’humour, de violence et d’atmosphère angoissante n’est pas sans rappeler certains films de Takeshi Kitano, des frères Coen et de Quentin Tarantino. A contrario, il est très probable que le réalisateur espagnol Alberto Rodriguez s’est beaucoup inspiré de Memories of murder lorsqu’il travaillait sur La Isla mínima, sans pour autant, regrettons le, réussir à égaler l’original. Quant à la distribution, on a eu très souvent l’occasion de revoir les excellents acteurs choisis par Joon-Ho Bong, que ce soit dans la filmographie ultérieure de ce dernier ou dans des films de Park Chan-wook, de Hong Sang-Soo ou d’autres.

 

 

Le coffret « Édition Ultime »

[5/5]

C’est donc sous les couleurs de La rabbia que l’on pourra aujourd’hui découvrir ou redécouvrir le formidable Memories of murder, qui s’offre à la fois une présentation Haute-Définition remarquable mais s’affiche également dans un écrin de grande classe : cette « Édition Ultime » au tirage limité à 2500 exemplaires est présenté dans une édition Combo Blu-ray + DVD, et qu’il s’agit d’un digibook comprenant également un livret de 40 pages sur l’histoire du tournage du film et d’une reproduction du storyboard intégral traduit en français (366 pages). Malheureusement, l’éditeur n’ayant pu nous fournir ni le coffret ni le livret, nous ne pourrons juger de leur qualité, même si l’on est convaincus que La rabbia a fait les choses en grand : matez un peu la classe de la bête !

 

 

Pour cette nouvelle édition de Memories of murder, La Rabbia a donc sorti le grand jeu : tout d’abord, en offrant un maximum de choix aux acheteurs. En effet, concernant le DVD, la qualité de l’image est au rendez-vous. Pour sa ressortie en salle, en juillet 2017, le film avait fait l’objet d’une restauration 4K  dont on retrouve les traces dans le DVD. Le son est disponible en Dolby Digital 5.1 pour la version originale et en Dolby Digital 2.0 pour la version française. On peut ajouter ou non un sous-titrage, ce qui, avouons-le, est fort utile pour la version originale !

Côté Blu-ray, le master restauré en 4K ne présente quasiment aucun défaut : les couleurs rendent un hommage assez éclatant à la sublime photo désaturée du film, le piqué et le niveau de détail ne faiblissent jamais malgré un grain argentique épais et scrupuleusement préservé : c’est du très beau travail : tout juste pourra-t-on déplorer la présence de quelques points blancs épars (et rarissimes) ainsi que quelques fourmillements sur les aplats les plus sombres. Côté son, seule la VO est proposée dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1, et impose sans peine un rendu sonore clair et convaincant, privilégiant les effets d’ambiance et s’avérant parfaitement enveloppant et immersif (avec notamment un soin tout particulier afin de proposer une enveloppe sonore parfaite lors des nombreuses scènes pluvieuses). La VF est quant à elle proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, et s’avère évidemment un peu moins convaincante que sa grande sœur ; cela dit, le film n’étant pas à proprement parler un festival d’action propre à la démo multicanal, les amateurs de versions françaises s’en contenteront probablement tout à fait.

Du côté des suppléments, les fans de Bong Joon-ho seront aux anges, puisqu’outre un très intéressant commentaire audio de Bong Joon-ho, Song Kang-ho, Kim Sang-kyung et Park Noh-sik (enregistré dans une ambiance franchement détendue), l’éditeur nous propose également de découvrir un passionnant making of rétrospectif d’un peu plus d’une heure intitulé « Memories, retour sur les lieux du crime », qui reviendra sur le tournage et le destin hors du commun du film. On reviendra ensuite sur le « sound design » du film avec un entretien avec Choi Tae-youn (14 minutes).

Mais ce n’est pas tout, puisque La Rabbia nous propose également un DVD spécialement réservé aux suppléments, sur lequel on retrouvera un intéressant –quoi qu’un peu court– making of d’époque (17 minutes), un entretien avec Taro Iwashiro, le compositeur de la musique du film (14 minutes), qui s’accompagneront d’une série de featurettes spécifiquement dédiées aux décors et accessoires (11 minutes), aux costumes et maquillages (12 minutes) et aux effets spéciaux (5 minutes). On terminera ensuite avec une sélection de sept scènes coupées, disponibles avec le commentaire audio de Bong Joon-ho, et avec deux bandes-annonces du film (2004 et 2017). On comptabilise donc au total plus de deux heures de suppléments vidéo, regroupés au sein d’une édition qui n’a vraiment pas volé son appellation d’édition « ultime ».

Pour les complétistes, on notera cependant que le DVD collector de Memories of murder édité par CTV en 2005 contenait une poignée de suppléments n’ayant pas été repris par La Rabbia, en faisant deux éditions finalement assez complémentaires.

 

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