Test Blu-ray : Le Diabolique docteur Mabuse

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Le diabolique docteur Mabuse

Allemagne, Italie, France : 1960
Titre original : Die 1000 Augen des Dr. Mabuse
Réalisateur : Fritz Lang
Scénario : Fritz Lang, Heinz Oskar Wuttig
Acteurs : Dawn Addams, Peter van Eyck, Gert Fröbe
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h43
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 20 juin 1961
Date de sortie DVD/BR : 26 septembre 2017

Le commissaire Kras est informé d’un drame par la vision du docteur Cornelius, un informateur de la police aveugle. Sa prémonition avérée, l’enquête mène à la découverte d’une nouvelle arme d’origine américaine, dérobée plusieurs mois avant les faits. La ressemblance avec une affaire étouffée du IIIe Reich fera émergé un nom : Mabuse, un génie maléfique…

Le film

[4/5]

La glorieuse tradition du cinéma « bis » n’a jamais été très développée à l’intérieur des frontières françaises. Néanmoins, à la faveur de quelques productions internationales, le cinéma français s’est laissé aller, durant l’insouciance pop des années 60, à quelques titres flirtant volontiers avec le cinéma de genre tendance populaire. Outre les films de cape et d’épées et autres romances historiques qui faisaient la joie des cinémas de quartier, on a en effet vu naitre pendant cette décennie une poignée de films d’espionnage très orientés « action et petites pépées », que l’on pourra greffer à une vague d’œuvrettes tout à fait charmantes que le temps a affectueusement renommé « Euro spy ».

Sous l’influence des « fumetti » (bandes dessinées populaires italiennes) et des « krimi » (romans policiers allemands) qui dominaient le marché du divertissement européen à l’époque, on a donc vu fleurir sur grand écran les aventures de Coplan ou d’OSS 117, mais également de quelques « méchants » grandiloquents, désireux de dominer le monde, allant de Fu Manchu à Fantômas en passant, bien sûr, par le Docteur Mabuse, qui revenait devant la caméra de Fritz Lang en 1960 dans Le diabolique docteur Mabuse, mais qui rempilerait encore dans cinq suites entre 1961 et 1964, puis une nouvelle fois devant la caméra du prolifique Jess Franco en 1972.

Le diabolique docteur Mabuse est donc le dernier film de Fritz Lang ; son titre original évoque les « mille yeux » du fameux criminel, qui se révèlent en fait être des dizaines de caméras composant le système de vidéo-surveillance au cœur d’un grand hôtel. Lorgnant sans vergogne vers le « bis » (non sans perdre la maestria technique qu’on lui connait), Fritz Lang joue avec les codes des sérials et des « krimi » : fausses-pistes, retournements de situations, miroirs sans tain, repères souterrains peuplés de machines aux boutons lumineux et clignotants, poursuites en voitures, armes saugrenues et gadgets en tous genres… Avec le grand Fritz Lang aux commandes, cette bisserie fait tout de même preuve d’une grande habileté, qui la démarque en partie du tout-venant des « krimis » et autres « eurospy » qui fleuriraient durant toutes les années 60. Une belle surprise en somme ; on notera aussi qu’on apercevra dans Le diabolique docteur Mabuse le formidable Howard Vernon, acteur fétiche de Jess Franco durant les années 70.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Film relativement discret dans la riche filmographie de Fritz Lang, Le diabolique docteur Mabuse est une curiosité très bienvenue, d’autant plus agréable qu’elle débarque chez nous sur support Blu-ray. C’est ESC Éditions qui nous propose aujourd’hui de (re)découvrir le film. Et force est de constater que Le diabolique docteur Mabuse bénéficie pour son arrivée sur support Blu-ray d’un très joli upgrade Haute-Définition. Certes, le master n’est pas parfait (quelques rayures, griffes et autres points blancs sont toujours présents de façon très occasionnelle), mais la restauration est impressionnante, nous proposant un piqué précis tout en conservant la granulation d’origine. Le boulot a donc été fait -et bien fait- pour que nous puissions découvrir le film dans les meilleures conditions possibles. Du côté des enceintes, le film est proposé à la fois en VF et VO, en DTS-HD Master Audio 2.0 et mono d’origine évidemment. Les deux mixages s’avèrent tout à fait satisfaisants, clairs et sans souffle parasite.

Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose une présentation du film assurée pendant une vingtaine de minutes par un Stéphane du Mesnildot (Les Cahiers du Cinéma) en mode hipster sur le retour. Mais ce n’est pas tout puisque ESC Éditions nous propose également une très intéressante analyse du film par l’incontournable Olivier Père, directeur du cinéma d’Arte France, ainsi qu’une longue session de questions / réponses avec Howard Vernon, organisée à l’issue d’une projection du film de Fritz Lang, probablement tournée au caméscope il y a une quinzaine d’années et présentée telle quelle, dans son jus d’époque. Ce dernier y évoque sa rencontre avec Fritz Lang et fait preuve d’un humour tout à fait plaisant.

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