Test Blu-ray : La femme de mon pote

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La femme de mon pote

 
France : 1983
Titre original : –
Réalisateur : Bertrand Blier
Scénario : Bertrand Blier, Gérard Brach
Acteurs : Coluche, Isabelle Huppert, Thierry Lhermitte
Éditeur : Pathé
Durée : 1h39
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 31 août 1983
Date de sortie DVD/BR : 22 novembre 2017

 

 

Courchevel. Pascal, gérant d’un magasin de vêtements de sports d’hiver et Micky, disc-jockey à la station de radio locale sont, malgré des caractères dissemblables, amis de longue date. Pascal, beau garçon, sûr de lui mais fragile, a du succès avec les filles, à l’inverse de Micky, plutôt solitaire et taciturne. Un soir, Pascal rencontre Viviane, en tombe rapidement amoureux et entreprend de vivre avec elle. Cependant, il décide auparavant d’en faire part à son meilleur ami Micky. Celui-ci reste dubitatif à cette idée, mais à l’instant où il rencontre Viviane, il en tombe lui aussi immédiatement amoureux. Torturé par l’amour pour Viviane et par l’amitié sincère que lui témoigne Pascal, Micky tombe en dépression. Pascal accepte par grandeur d’âme la demande de Micky d’effectuer sa convalescence chez lui afin d’être au plus près de Viviane…

 

 

Le film

[3,5/5]

Parmi les « auteurs » les plus prestigieux du cinéma français, Bertrand Blier bénéficie, pour beaucoup de cinéphiles littéralement amoureux de son œuvre, d’une aura encore plus durable et rayonnante que les autres. Sur environ cinquante ans de carrière, le cinéaste n’a pourtant réalisé qu’une petite vingtaine de longs-métrages ; mais combien au sein de cette filmographie quasiment parfaite de purs et monumentaux chefs d’œuvres, de films majeurs à la résonnance puissante et intemporelle ? Absent des écrans depuis 2010, Bertrand Blier sera à nouveau à l’honneur l’année prochaine grâce à Going places, spin-off de The big Lebowski écrit et réalisé par John Turturro, qui sera un remake tardif et pour le moins inattendu des Valseuses. On espère que le film de Turturro remettra l’œuvre de Blier sous le feu des projecteurs, et l’incitera à sortir de sa retraite anticipée !

Sorti sur les écrans français en 1983, La femme de mon pote est donc un film écrit par Bertrand Blier pour Coluche, qui devait initialement tenir la tête d’affiche aux côtés de Patrick Dewaere et Miou-Miou. Le suicide de l’acteur en aura finalement décidé autrement, et on murmure que l’entente entre le cinéaste, habitué à ciseler ses scénarios à la virgule près, et l’acteur, plutôt enclin à l’improvisation, ne fut pas des plus cordiales. Si ces tensions ne se ressentent pas spécialement à la découverte du film, on ne peut en revanche s’empêcher de penser que Coluche, dont le jeu « exploserait » littéralement quelques mois plus tard avec Tchao Pantin, montrait ici ses limites en tant que comédien, certains dialogues sonnant incontestablement « faux ». Néanmoins, ce triangle amoureux tragi-comique et volontiers misogyne s’avère au final absolument typique de son auteur, et comporte encore en son sein quelques-unes des « fulgurances » qui font tout le sel de la filmographie de Bertrand Blier.

« Petit » film dans la carrière de Bertrand Blier, La femme de mon pote est en revanche un des sommets de la carrière de Coluche acteur, et contient de toute façon suffisamment de fragments du génie de son auteur pour mériter une réhabilitation immédiate. D’autant que pour les HD-philes les plus convaincus, la sublime édition proposée aujourd’hui par Pathé ne constitue que le deuxième film de Bertrand Blier à voir le jour sur support Blu-ray, quelques années après Le bruit des glaçons. En effet, et aussi incroyable que cela puisse paraître, on ne peut encore découvrir en France en Haute Définition les plus beaux films de cet artiste incontournable. Faudrait peut-être voir à se sortir les doigts du cul…

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Disponible chez Pathé au sein d’une vague de trois Blu-ray consacrés à Coluche et sortant le 22 novembre 2017, La femme de mon pote s’offre donc un inattendu lifting HD sur galette Blu-ray, qui fait suite à une remasterisation effectuée par Pathé en 2016. On notera d’ailleurs que le film est disponible à la fois à l’unité et au cœur d’un coffret réunissant les Blu-ray restaurés d’Inspecteur la bavure (1980), Deux heures moins le quart avant Jésus Christ (1982), Banzaï (1983), La femme de mon pote (1983) et Tchao Pantin (1983).

Et comme sur les autres films de cette vague, on ne pourra que s’incliner devant le travail de restauration de l’éditeur, qui a apporté un soin tout particulier au transfert de l’image. Le  master de La femme de mon pote affiche donc une forme littéralement insolente : beau piqué, couleurs éclatantes, profondeur de champ et niveau de détail accru… Du beau travail, même si on aurait peut-être aimé avoir des contrastes un poil plus « tranchants » et affirmés. Côté son, la version française est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, et nous propose un mixage solide, clair et parfaitement équilibré.

Dans la section bonus, si les deux autres titres de cette nouvelle « vague » de Blu-ray consacrés à Coluche ne comportaient pas de suppléments, La femme de mon pote en revanche permettra aux plus jeunes d’entre nous de se familiariser avec la « légende » Coluche. Deux documentaires couvriront en effet deux aspects de sa vie. D’un côté, le documentaire de Jérôme Wybon Coluche fait son cinéma couvrira l’essentiel de sa carrière « professionnelle », au café-théâtre et plus spécifiquement au cinéma, avec des images d’archives et des entretiens avec de nombreuses personnes ayant travaillé avec lui (Martin Lamotte, Patrice Leconte, Claude Zidi, Yves Castano, Pierre Grunstein, Thierry Lhermitte…). Si beaucoup d’images et d’anecdotes sont connues (et créent une espèce de « ventre mou » rythmique à mi-métrage), le film de Wybon a l’avantage de « rassembler » les anecdotes en un seul et même documentaire. Le deuxième documentaire, intitulé Michel Colucci, dit Coluche, donne d’avantage la parole à ses proches et amis, et donne à voir de nombreuses images de l’expo Coluche organisée à l’Hôtel de Ville de Paris en 2016. A travers ces deux documentaires absolument complémentaires se dessinent finalement les contours de « l’homme » caché derrière la figure de l’amuseur public – absolument passionnant et indispensable.

 

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