Test Blu-ray : Incidents de parcours

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Incidents de parcours

États-Unis : 1988
Titre original : Monkey shines
Réalisation : George A. Romero
Scénario : Michael Stewart, George A. Romero
Acteurs : Jason Beghe, John Pankow, Kate McNeil
Editeur : ESC Éditions
Durée : 1h53
Genre : Horreur, Thriller
Date de sortie cinéma : 25 janvier 1989
Date de sortie DVD/BR : 7 août 2018

Brillant étudiant en droit, Allan Mann est victime d’un grave accident. Désormais tétraplégique, il ne pense qu’à une chose : mettre fin à ses jours. Tout change le jour où un ami scientifique lui offre l’assistance d’Ella, un petit singe si intelligent et bien dressé qu’il retrouve goût à la vie. Mais, bientôt, Ella se montre très possessive. Dangereusement possessive…

Le film

[4/5]

Résolument à part dans la filmographie de George A. Romero, Incidents de parcours est un film méconnu, et encore relativement « mal aimé » de nos jours, probablement parce qu’il n’appartient pas à la partie « zombiesque » qui occupe les trois quarts de l’œuvre du papa de La nuit des morts vivants. Bien qu’il ait quasiment créé à lui seul un phénomène culturel avec sa saga des morts-vivants, Romero –tout comme d’autres « Masters of Horror » de sa génération– n’a finalement jamais réussi à convaincre le public en dehors des chemins balisés de ses films de zombies. Pire encore, il n’est jamais parvenu non plus à percer à Hollywood, et à obtenir des studios la liberté artistique à laquelle il aurait pu (et dû) pouvoir prétendre. Les dures règles du business en somme, auxquelles n’ont jamais réellement su s’adapter les cinéastes frondeurs du cinéma fantastique des années 70. Ainsi, si Incidents de parcours a été produit par le studio Orion, le « final cut » a finalement été bricolé par des exécutifs en col blanc au mépris des souhaits de Romero, afin notamment de lui imposer, à l’issue d’une série de projections tests, un épilogue en forme de « happy end » absolument ridicule, contraire à l’ambiance développée par le cinéaste pendant tout le reste du film.

S’attardant sur l’étrange « connexion » reliant un animal à son propriétaire, Incidents de parcours évoque par son ambiance et le modus operandi de ses meurtres une poignée de classiques de l’horreur des années 70, et plus particulièrement Willard (Daniel Mann, 1971) et Patrick (Richard Franklin, 1978). En effet, nous ne sommes pas ici en présence d’un cas de « psychopathie » pure de la part du petit singe meurtrier du film : si le capucin tue, c’est non pas parce qu’il est simplement jaloux, mais bel et bien parce qu’il est relié à la psyché du héros Allan (Jason Beghe), qui s’avère de plus en plus sombre, amer et déprimé au fur et à mesure que le film avance et qu’il prend conscience de son statut d’handicapé : il est frustré d’être devenu le prisonnier d’un corps qu’il ne peut plus modeler selon sa propre volonté. Ella (c’est le nom du petit singe) est donc bel et bien la représentation physique des frustrations d’Allan, de sa face sombre –de sa part animale devrait-on même dire– et deviendra de fait l’instrument de sa vengeance, son bras armé, la façon de céder à ses différentes pulsions refoulées, à la façon d’un Mister Hyde petit, poilu et qui fait « hou hou ha ha ».

De fait, les désirs et instincts d’Allan et d’Ella vont finir par « fusionner » au fil du récit : si le petit singe parvient rapidement à devenir le prolongement physique du corps du héros, la limite entre leurs deux esprits va devenir de plus en plus mince, jusqu’à ce que le singe se mette carrément à « devancer » ses désirs, jusqu’à ce qu’Allan se laisse finalement submerger par l’animalité, en dépit de toutes les conventions sociales. Habile metteur en scène, George A. Romero fait apparaître le rapprochement de ces deux êtres dans ses compositions de plans, rapprochant de façon nette les mondes au départ très distinctement séparés de l’humain et du petit singe, jouant avec le montage alterné afin de mettre les deux personnages au même niveau. Et si l’impact du discours d’Incidents de parcours souffre peut-être un peu d’une profusion de sous-intrigues (notamment concernant les activités douteuses de Geoffrey, le « savant fou »), le film parvient tout de même à livrer une poignée d’excellentes séquences à suspense, qui vaudront à Romero d’être comparé à Alfred Hitchcock par la critique américaine à l’époque de la sortie du film.

Le Blu-ray

[4,5/5]

« Petit » classique au cœur de la filmographie de George A. Romero, Incidents de parcours débarque donc cette semaine dans une riche édition Combo Blu-ray + DVD sous les couleurs d’ESC Éditions, proposée agrémentée d’un livret inédit de 24 pages signé Marc Toullec. Côté Blu-ray, le boulot effectué par l’éditeur s’impose d’entrée de jeu, avec une copie de toute beauté, respectueuse de la forte granulation d’origine, avec un piqué précis et des couleurs restituant parfaitement l’ambiance oppressante voulue par Romero et son directeur photo James A. Contner (Cruising). Côté son, nous avons droit aux deux versions « d’origine », VF et VO étant proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 propres et nets, faisant la part belle à l’ambiance du film.

Côté suppléments, la galette Haute Définition éditée par ESC Éditions nous propose une présentation du film par Julien Sévéon. Grand spécialiste français de Romero, Sévéon reviendra sur le tournage et la place un peu à part d’Incidents de parcours dans la carrière du réalisateur : passionnant et sans langue de bois, le tout est également entrecoupé de quelques courts extraits des nombreux entretiens que le journaliste a pu avoir avec Romero. On terminera ensuite avec les traditionnelles bandes-annonces : celle du film de Romero bien sûr, ainsi que de deux autres films d’horreur classiques des années 80 récemment sortis chez ESC : Street trash (lire notre article) et Jeu d’enfant (lire notre article).

1 COMMENTAIRE

  1. Pas d’accord du tout sur ce chef d’œuvre dont le blu ray d’Esc est, comme souvent, bourré de bruits vidéos parasites, ce grain n’étant pas du tout naturel du film original… Certains plans du film sont ainsi piques de grains blancs entièrement désagréable ! Quant aux bonus, c’est bien pauvre. Dommage, dommage

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