Critique : Les Combattants

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les combattants afficheLes Combattants

France,2014
Titre original : –
Réalisateur : Thomas Cailley
Scénario : Thomas Cailley, Claude Le Pape
Acteurs :  Adèle Haenel, Kevin Azaïs, William Lebghil
Distribution : Haut et Court
Durée : 1h38
Genre : Comédie, romance
Date de sortie : 20 août 2014

Note : 4/5

 Synopsis : Entre ses potes et l’entreprise familiale, l’été d’Arnaud s’annonce tranquille… Tranquille jusqu’à sa rencontre avec Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques.
Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire.
Il se laisse porter, se marre souvent. Elle se bat, court, nage, s’affûte.
Jusqu’où la suivre alors qu’elle ne lui a rien demandé ?
C’est une histoire d’amour. Ou une histoire de survie. Ou les deux.

Chaque année, le Festival de Cannes offre aux cinéphiles une bonne surprise (parfois même plusieurs !) : le premier long métrage d’un réalisateur ou d’une réalisatrice, on ne connaît rien concernant ses thèmes de prédilection, sa façon de travailler, on découvre. Cette année, une de ces bonnes surprises était française, et cette œuvre de Thomas Cailley a pour titre : Les Combattants. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, ce film y a raflé tous les prix !

Les Combattants 2

Sous la force et sous le charme

A la mort de leur père, Arnaud et Manu Labrède travaillent dans la petite entreprise qu’ils ont hérité de leur père, une entreprise sise au cœur des Landes et spécialisée dans la réalisation de structures en bois. On ne peut pas dire que ce travail passionne Arnaud, jeune homme rêveur et immature, mais, au moins, c’est un travail, ce qui n’est pas rien dans cette époque où des copains sont obligés de s’exiler pour en trouver. Venu construire un abri de piscine chez des particuliers, il se fait rembarrer par Madeleine, la fille de la maison, lorsqu’il lui demande un avis. Cette Madeleine, il va la retrouver au bord du lac : un moment quelque peu musclé qui voit Madeleine prendre le dessus sur Arnaud au cours d’un jeu d’autodéfense. Madeleine, une jeune fille qui prépare une maîtrise de macroéconomie, une jeune fille persuadée que le monde est proche de l’apocalypse et qu’il faut s’y préparer pour prétendre à la survie. Dans ce contexte, participer à un stage organisé par l’armée devient pour elle une évidence et Arnaud, tombé sous la force de Madeleine et sous son charme bien particulier, n’hésite pas à la suivre.

Les Combattants 4

Un film en 3 parties

Les Combattants est un film que Thomas Cailley et son frère David, son directeur de la photographie, ont travaillé pendant 3 ans. Petit à petit, des évidences sont apparues : par exemple, tourner le film dans la continuité, l’évolution des rapports entre Arnaud et Madeleine ayant forcément une répercussion sur les rapports entre Adèle Haenel et Kevin Azaïs, les comédiens les interprétant à l’écran. La contamination mutuelle en résultant rendait a priori très difficile un tournage au cours duquel la chronologie des événements n’aurait pas été respectée. Autre choix : partager le film en 3 parties distinctes à de nombreux égards. Au début, un film sur les rapports entre les jeunes d’aujourd’hui, avec la présentation d’un couple que tout sépare et un copain, Xavier, qui apporte la touche comique. Cette première partie du film est placée sous la dominance de la couleur bleue. On passe à la dominance verte pour la deuxième partie du film, celle du stage militaire. L’armée étant une source comique inépuisable, Thomas Cailley n’hésite pas à se servir des côtés grotesques que l’institution peut présenter, mais il le fait avec une certaine retenue, sans jamais aller vers l’outrance et la lourdeur : après tout, être fidèle à ce qui se passe au sein de l’armée suffit souvent à déclencher le rire ! Lorsque Madeleine et Arnaud s’enfuient du stage commence la 3ème partie, sur le thème de la survie, une partie qui frise parfois le fantastique et dont la couleur dominante est le jaune.

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Une excellente distribution

Un peu comme Bird People de Pascale Ferrand, Les Combattants est un film sur des personnages qui fuient une réalité qui ne correspond pas à leurs aspirations. C’est aussi un film sur la naissance d’une relation amoureuse entre deux jeunes êtres dont tout laisse à penser, au début, qu’ils ne sont pas faits l’un pour l’autre. Pour interpréter Madeleine, Thomas Cailley a très vite pensé à Adèle Haenel, qu’on avait découverte dans Naissance des pieuvres en 2007 et qu’on a revue depuis dans de nombreux films, tels L’Apollonide-Souvenirs de la maison close, Après le Sud, Alyah et, surtout, Suzanne. Une comédienne qui, chaque fois, impressionne par son jeu très direct, sans aucun maniérisme. Adèle Haenel étant en plus une véritable athlète, elle était véritablement faite pour ce rôle de jeune femme énergique, ne se posant jamais de question, mais qui arrive à évoluer au contact d’Arnaud. Face à elle, Kevin Azaïs n’avait pas la tâche facile dans un rôle de jeune homme un peu effacé, un peu lunaire, qui tombe amoureux de son contraire et qui, petit à petit, commence à s’affirmer. On citera aussi William Lebghil pour son apport comique dans la première partie du film.

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Résumé

Des films où un homme et une femme que tout sépare passent progressivement à une relation amoureuse, on en a vu des centaines, ne serait-ce que dans de nombreuses comédies américaines dont c’est un des thèmes les plus courants. Difficile de faire vraiment du neuf dans ces conditions. Et pourtant, le film Thomas Cailley a la fraîcheur de la nouveauté, bien servi par un scénario énergique, un couple de jeunes comédiens plus que prometteurs et la photo très travaillée d’un certain David Cailley, le propre frère du réalisateur. A n’en pas douter, Thomas Cailley est un réalisateur à suivre de près.

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