Sport de filles

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Josianne Balasko dans Sport de filles

Sport de fillesSport de filles

France : 2011
Titre original : Sport de filles
Réalisateur : Patricia Mazuy
Scénario : Simon Reggiani
Acteurs : Marina Hands, Bruno Ganz, Josiane Balasko
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h41
Genre : Drame
Date de sortie : 25 janvier 2011

Globale : [rating:2][five-star-rating]

Sport de Filles s’inspire d’une histoire réelle, celle de Patrick Le Rolland, cavalier de haut rang, à l’esprit trop rebelle pour rentrer dans le moule. Avec un scénariste qui avait déjà travaillé sur les méandres de la passion équine, et une actrice, Marina Hand, cavalière émérite, le film part sur de bonnes railles, celle du document fiction.

Synopsis : C’est l’histoire d’une cavalière en quête d’un cheval. Son cheval. Révoltée de s’être vu retirer toutes les montures qu’elle a entraînées pour l’obstacle et portées au sommet, Gracieuse, fille de paysan, redémarre dans le dressage après avoir fait la connaissance de Franz Mann, entraîneur légendaire dont la renommée est internationale.
Franz, à présent cynique et usé, dirige depuis de nombreuses années le domaine d’une riche propriétaire. Gracieuse, voisine et désormais employée du domaine, se prend au jeu d’entraîner un cheval jusqu’alors délaissé – avec la complicité amusée de Franz – et en fait un champion. Gracieuse croit avoir enfin trouvé son cheval ! Mais le talent n’est rien face aux intérêts personnels et aux enjeux financiers…

Sport de Filles avec Josianne Balasko

Un film sur le monde impitoyable du cheval

Le film s’ouvre sur une scène où l’on voit des examinateurs noter des chevaux pour des ventes. Le regard qu’ils portent reste froid, sans lumière et sans passion. De l’autre côté du champ, Gracieuse respire la ferveur. Tandis que le cheval qu’on lui avait promis se fait examiner, elle l’observe, le couve du regard et l’effleure des doigts avec une extrême tendresse. Puis, tout bascule : il est vendu à de richissimes acquisiteurs. Cette scène d’entrée est révélatrice du ton porté par le réalisateur, et à fortiori par Patrick Le Rolland qui a inspiré le film. Ce film a pour vocation d’opposer ceux qui gravitent autour des chevaux mais seulement par intérêt, tels des afficionados de la consommation de luxe, et les autres, qui vivent pour être en symbiose avec les chevaux, sans cesse humiliés.

Gracieuse repart à zéro et vit avec son père, un paysan un peu bourrin. Elle vit recluse, dans sa bulle, sans amis autour d’elle. Elle déniche un travail comme palefrenière, dans le centre équestre à côté de chez elle où travaille le légendaire cavalier de dressage, qui « répare les chevaux cassés ». Franz Mann, interprété par Bruno Ganz, est un vieux monsieur, usé par le métier, ayant perdu la flamme et se laissant diriger par les gens qui gravitent et profitent de lui. Pour l’embaucher, Joséphine, interprétée par Josiane Balasko, la directrice du centre exige que Gracieuse obtienne de son père la location de ses terres. Son père accepte à contrecœur pour le bien de sa fille mais cette dernière ne peut se résoudre à accepter un tel sacrifice, c’est pourquoi elle ralentit au maximum la transaction. Le but revendiqué par cette dernière est de se voir accorder le droit de monter un cheval à elle.

Humiliée sans cesse par sa patronne, par la fille de sa patronne qui est une cavalière de haut rang et par Franz Mann, Gracieuse a une volonté de fer et s’avère extrêmement têtue, flirtant avec les comportements hors la loi. Une réelle dualité est mise en avant, celle de la cruauté voire de l’avidité, de l’autre l’enchantement et la passion presque enfantine et jusqu’auboutiste.

Gracieuse a les traits durs, limite snob et se bloque à toute rencontre venant du monde extérieur ce qui est d’ailleurs bien symbolisé par la phrase de Frankie, un homme amoureux de Gracieuse : « T’en as pas marre de faire la Vierge ? »

Gracieuse fait la rencontre d’un cheval, délaissé par sa maîtresse, semblant en fin de parcours. Elle trouve en lui un parfait alter ego, non reconnu à sa juste valeur, délaissé et rabaissé. Tous les deux, ils apprennent à se connaître, à travailler et à se sublimer ensemble. Gracieuse entreprend de se transformer en cavalière de dressage pour imiter voire surpasser Franz Mann alors que personne ne croit en elle.

Ce film s’adresse aux passionnés d’équitation car en dehors de cela il s’avère être assez creux, manquant de consistance, presque trop manichéen, avec le bien d’un côté et le mal de l’autre. Ce film sonne faux et manque de nuances. Néanmoins il a au moins le mérite de montrer la face cachée du monde de l’équitation.

Josianne Balasko dans Sport de filles

De nombreuses histoires duales

Ce film multiplie les histoires duales et jusqu’au bout. D’abord il y a Franz Mann et son élève, Alice, la fille de Joséphine. On peut dire qu’à eux deux c’est un peu une dream team mais l’entente ne semble pas formidable. Déjà on pressent qu’il est fatigué et qu’il veut passer à autre chose.

Ensuite il y a Franz, toujours, et Joséphine. Elle, c’est celle qui tient d’une main de fer le centre, qui s’occupe de toute l’administration. Elle semble assez tyrannique même si en même temps elle semble éprouver une réelle affection envers Franz. D’ailleurs, dans le village tout le monde les prend pour un couple marié dans la mesure où ils vivent ensemble depuis 20ans.

Enfin, une américaine, ou une anglaise, au choix, dénommée Susan, débarque pour redonner son cheval, acheté au centre, car il ne convient pas à ses attentes. Franz et Susan éprouve clairement une attirance l’un pour l’autre et cette dernière entreprend tout ce qui est possible pour l’embarquer dans ses valises pour Miami.

Une autre relation duale émerge, mais cette fois ci plus difficilement. Cette dernière concerne Gracieuse et Franz. D’abord il la méprise, la voit comme une simple ouvrière. En même temps, c’est le premier à la faire remonter à cheval, certes pour la descendre dans la foulée, pensant qu’elle n’est pas « faite pour ça », c’est-à-dire pas faite pour la compétition de haut niveau. Cependant, avec deux caractères très forts, avec d’un côté une jeune femme naïve mais farouchement passionnée, et de l’autre un vieil homme qui se rappelle petit à petit pourquoi il travaille, cette relation mal partie pourrait bien réserver des surprises.

Josianne Balasko dans Sport de filles

Quoi d’autre ?

Le film est un peu long, on s’ennuie vite si on n’est pas accro aux chevaux. Néanmoins, quelques scènes réservent des surprises comme celle se déroulant dans le manège 6. A ce moment-là il y a une réelle connexion entre la manière de filmer, le jeu des acteurs et la musique. On tourne et on valse avec eux ! De manière générale, la mise en scène se rapproche très nettement du documentaire d’où une caméra proche des acteurs et parfois tremblotante. La bande son est très sommaire. Absence totale de musique puis brusquement des accords de guitare électrique, alliés aux batteries, résonnent, comme pour électriser le moment et le rendre dynamique, puis tout s’arrête pour redonner sa place au mélodieux silence. Ce film apparaît comme une sorte de fable ayant pour thème la folie qui guide la passion. Une passion ici particulière puisqu’elle prive de tout et des autres.

Résumé

Sorte de documentaire sur le monde du cheval, ce film manque de nuances. Néanmoins il se regarde et  peut s’apprécier si l’on porte en soi cette fibre particulière qu’est l’amour du cheval. Heureusement le casting sauve le film.Une question persiste à la lumière de ce film, pourquoi ce titre ?

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