Mercredi 11 avril 9h30 sur les Champs Elysées, les yeux encore collés, nous nous sommes rendus à la présentation presse d’un des films évènement de cette année: Prometheus. Autant vous dire que nous ne nous sommes pas fait priés, la salle était d’ailleurs noire de monde, ce qui aux dires de nos hôtes n’était pas arrivé depuis la présentation d’Avatar. Et puisque la Fox ne fait pas les choses à moitié, une partie de l’équipe du film dont Ridley Scott himself avait fait le déplacement pour notre plus grand plaisir.
Nous avons le droit à une petite présentation de l’évènement et hop on rentre dans le vif de sujet: un montage director’s cut de quinze minutes est projeté devant nos yeux ébahis. Ce qu’il y a de frustrant avec ce type de présentation c’est de voir un bout de film là où l’on aimerait le voir en intégralité bien sûr, un peu comme si on laissait un chien rogner la moelle de son os et avant qu’il ait pu mordre dedans on lui retire l’os de la gueule! La métaphore canine est plutôt bien adaptée: l’assistance a les yeux grands ouverts et la bave aux lèvres.
Avant d’aller plus loin sachez que quelques spoilers pourrait se cacher dans la suite, rien de bien méchant, mais prévenons au cas où certains voudraient être vierges de toute idée avant de voir le film.
Pour préserver le suspens et en dévoiler le moins possible sur l’histoire, le montage se focalise particulièrement sur le début du film. On découvre une équipe d’archéologues effectuant des fouilles en Écosse, fouilles pendant lesquelles le personnage de Noomi Rapace va découvrir des peintures rupestres représentant des personnages de haute taille avec un groupe d’étoiles au-dessus d’eux. Transition dans les étoiles justement où l’on retrouve le vaisseau scientifique Prometheus. S’en suit une séquence qui rappelle non sans nostalgie Alien avec le réveil de stase des scientifiques. On découvre en premier lieu Michael Fassbender en David, le robot de l’équipage, qui était chargé de la maintenance du vaisseau pendant le long trajet spatial de deux ans. Charlize Theron, qui incarne une sorte d’administratrice de la société Weyland, est la première à sortir de stase et on la retrouve à faire des pompes alors que le reste de l’équipage se remet tant bien que mal de la congélation forcée, notamment Noomi Repace qui semble avoir quelques problèmes d’estomac. On tic immédiatement sur le contraste entre les deux personnages féminins: l’une paraît extrêmement dure et forte quand l’autre est douce et naïve. S’en suit une petite séquence au mess, l’occasion de découvrir Idris Elba en capitaine de vaisseau dont l’humanisme s’oppose à la froideur de Charlize Theron. Puis l’équipage assiste à une réunion pendant laquelle Peter Weyland, directeur de la corporation portant son nom, va expliquer dans un hologramme la raison de leur présence ici et en quoi la découverte qu’ils sont sur le point de faire changera l’humanité. Noomi Rapace et Logan Marshall-Green prennent la suite en expliquant que dans toutes les cultures primitives sur Terre il y a dans l’art la représentation des fameux « géants » et que le groupe d’étoiles représenté à été identifié: leur vaisseau les a conduit à cette fameuse planète habitable qui recèlerait les origines de l’Homme.
La suite et fin du montage est un super trailer qui enchaîne très rapidement différentes scènes, certaines entre-aperçues dans les bandes annonces, et d’autres inédites montrant notamment… des créatures!… Il va sans dire que le sentiment de frustration que tout un chacun a ressenti à la fin de ce montage était palpable.
Alors que dire de tout cela? Tout d’abord visuellement c’est une belle claque que Ridley Scott s’apprête à vous mettre: la 3D est sublime et le rendu optimal, donnant une impression permanente de gigantisme tant sur les paysages réels, les décors, que sur les séquences numériques: les vues intérieures/extérieures du vaisseau, sa traversée des nuages et son atterrissage. Le mixage sonore envoyait du lourd: des basses monstrueuses faisaient vibrer la salle et la musique nous en mettait plein les oreilles. Le casting à l’air bon, et en tout cas les personnages sont intéressants et intrigants, tout ce qu’il faut pour donner envie d’aller plus loin. Bref comme on pouvait s’y attendre, le tout est totalement maîtrisé et diablement accrocheur, même s’il est difficile de ne pas penser à Ripley, Bishop et au Nostromo.
Deuxième temps de la présentation avec l’équipe qui a pu répondre à nos questions: la sublime Charlize Theron (encore plus belle en vrai qu’au cinéma), le dandy Michael Fassbender, la mystérieuse Noomi Rapace et bien sûr sir Ridley Scott. Quid des annonces faites? Déjà ce fameux Prometheus: on connaît le mythe de Prométhée, un titan ayant volé le feu aux Dieux et l’ayant offert à ses créatures les hommes. Dans le film Prometheus est également le nom du vaisseau et de façon global le mythe est une métaphore qui se lira en filigrane. Concernant la 3D le réalisateur explique que ça ne change pas grand chose, « cela aide à rentrer directement dans l’univers du film » et qu’on ne pense pas à la 3D. Sur le choix du casting, sir Scott va émettre un très beau compliment à Michael Fassbender en avouant « il est l’un des trois ou quatre meilleurs acteurs au monde et je voulais absolument travailler avec lui. J’ai été surpris qu’il accepte de le faire », le même Fassbender qui admettra plus tard n’avoir vu aucun film Alien et ne s’étant donc inspiré d’aucun personnage existant pour façonner son interprétation.
En parlant d’Alien, le personnage de Ripley est l’un des plus représentatif de l’image de ‘la femme forte’ au cinéma. « J’aime les femmes fortes. Ma mère mesurait 1m50 et pouvait nous en coller une à mon frère Tony et à moi. Je n’ai aucun problème avec les femmes fortes » tout en avouant que sa filmographie était jalonnée de personnages féminins importants. Les acteurs nous en ont appris peu concernant leurs personnages: on sait que Charlize Theron est responsable de la mission auprès de la compagnie Weyland, que Noomi Rapace est une archéologue rêveuse et idéaliste un peu naïve et enfantine, quand à Fassbender il n’a rien voulu nous dire à part ce que nous savions déjà: il incarne le répliquant David.
La grande question que tout le monde se pose depuis des mois concernant le film a été posée: la connexion entre Alien et Prometheus. Le réalisateur se montrait très évasif concernant cette question, il avait admis que l’intrigue serait effectivement antérieure à Alien et qu’il y avait bien une passerelle entre les deux mais qu’elle se basait uniquement sur la Wayland-Yutani Corporation. Aujourd’hui le réalisateur est allé plus loin en disant que « on retrouve l’ADN attaché au premier volet d’Alien dans les huit dernières minutes de ce film », admettant qu’il ne pouvait en dire plus. Il était pour lui hors de question de donner une suite à sa saga commencée trente ans plus tôt « est-ce que j’ai aimé les suites? Elles étaient… bonnes (rires). Cependant aucune ne posait LA question, je voulais une nouvelle trame ». La question la plus importante pour le réalisateur étant la nature du space jockey aperçu dans Alien. Le mystère restera entier et Scott de conclure sur le sujet: une nouvelle histoire sans être vraiment un prequel d’Alien, quelque chose d’autre et beaucoup plus à la fois.
Vous êtes un peu perdus? Nous aussi! Mais on est rassuré: papa Ridley nous ayant promis un director’s cut, le montage définitif sera totalement représentatif de son travail et de sa volonté de réalisateur.
Pour conclure sur notre frustration, avides que nous sommes de voir bientôt le film, on peut dire sans trop de problème que Ridley Scott s’apprête à faire un retour fracassant à la SF d’anticipation, genre qu’il a lui-même créé en 1982. Le film à l’air superbe, grandiose, fascinant, malsain, bestial, obscur… Futur film culte? On ne demande qu’à voir…
Crédits photo: Twentieth Century Fox ©2012
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