Pina

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Pina de Wim Wenders Avec Pina Bausch, Regina Advento, Malou Airoudo

Pina, l'affiche du film 2011Pina

France, Allemagne : 2011
Titre original : Pina
Réalisateur : Wim Wenders
Scénario : Wim Wenders
Acteurs : Pina Bausch, Regina Advento, Malou Airoudo
Distribution : Les Films du Losange
Durée : 1h43
Genre : Documentaire, Biopic, Comédie musicale
Date de sortie : 6 avril 2011

Globale : [rating:3][five-star-rating]

Il y a des réalisateurs comme Wim Wenders dont on connait le nom, mais dont on ne sait pas vraiment ce qu’ils ont fait. Et mise à part Paris Texas, je n’avais rien vu de sa filmographie. Bon, effectivement, il a fait quelques films connus (inculte que je suis). Je ne pouvais donc pas (cinéphile que je suis) passer à côté de son dernier long-métrage sur la chorégraphe Pina Baush. Et en plus en 3D !

Synopsis : PINA est un film pour Pina Bausch de Wim Wenders. C’est un film dansé en 3D, porté par l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal et l’art singulier de sa chorégraphe disparue à l’été 2009.

Pina de Wim Wenders Avec Pina Bausch, Regina Advento, Malou Airoudo

Pina est une sorte de documentaire présentant les chorégraphies de l’artiste allemande. Au travers de différents plateaux, on découvre petit à petit le travail de cette danseuse atypique, qui a marqué l’histoire des arts. Le réalisateur a choisi de filmer simplement les ballets, ponctuant parfois d’images d’archives de Pina Bausch et de quelques mots de danseurs.

Le film était annoncé depuis bien longtemps comme celui qui permettrait au relief d’illustrer parfaitement un premier film d’auteur. Il me semble que cela pose plusieurs questions :

Tout d’abord, le documentaire de Wim Wenders peut-il être réellement considéré comme un film d’auteur. Certes, celui-ci n’est pas forcément accessible pour tout le monde (quoique) mais c’est en partie à cause ou grâce au travail de la chorégraphe. Le réalisateur arrive à nous faire entrevoir le sens profond du propos artistique mais qui lui-même n’est pas facile à comprendre. Donc est ce que le simple fait de ne pas être un film dit populaire peut-il en faire un film d’auteur ?

D’autre part, ce n’est pas réellement un documentaire au sens où on n’apprend pas plus que ce que l’on voit. Il me semble que le film se rapprocherait plus d’une captation. Et là, malgré la beauté des scènes dansées, il y a un petit bémol. Pour évoquer une comparaison, je dirai que c’est comme lorsque l’on regarde La marche de l’empereur, si on n’aime pas particulièrement les pingouins, on s’ennuie rapidement. Même chose pour Océan ou Microcosmos. Aussi, si ces choses nous fascinent car elles sont belles et nous sont inconnues, elles ne captivent pas l’attention du spectateur lambda. Pour Pina, lorsqu’on n’est pas un peu initié à la pensée de l’artiste, on passe réellement à côté de quelque chose. Et c’est là que le bas blesse, ce film aurait pu permettre au public le plus large possible de découvrir le travail de la chorégraphe. D’ailleurs, c’est un nouveau public qui s’est rendu dans les salles: pas simplement ceux qui aiment Wim Wenders, ou le documentaire, ou la danse, mais également ceux qui sont venus pour la 3D. Donc qu’est ce qu’un documentaire qui n’apprend « rien » à ces nouveaux spectateurs ?

Pina de Wim Wenders Avec Pina Bausch, Regina Advento, Malou Airoudo

Ensuite, concernant le relief, il parait que le réalisateur a beaucoup réfléchi sur ce point. Alors il est vrai que l’image est nette et n’entraine aucune gêne oculaire. Le travail effectué sur les sous-titres est assez plaisant : ils sont inscrits en surimpression sur un voile noir qui permet à la fois de bien les positionner dans l’espace mais également de les lire plus facilement. Cependant, Wim Wenders n’a pas utilisé toutes les capacités de la boîte stéréoscopique. Même s’il a eu la bonne idée de délaisser les effets de jaillissement, il n’a pas utilisé l’espace situé entre l’écran et le spectateur. Il s’est simplement contenté d’un effet de fenêtre, de l’écran au fond de l’image. Cette technique a l’avantage de donner plus de profondeur, ce qui a ici permis d’avoir un certain ressenti de l’espace. Il y avait donc une véritable adéquation entre le fond et la forme, la chorégraphie et la 3D. Pourtant, j’aurai tendance à vouloir nuancer. Car si l’utilisation du relief n’est ni dérangeante, ni sans aucun sens, il me semble qu’elle a encore du mal à s’inscrire dans la continuité du propos et ainsi ne trouve pas réellement de place artistique au sein du récit.

Enfin, le réalisateur a « interviewé » une partie des danseurs. En enregistrant préalablement leur propos, il nous montre ensuite simplement les images de leurs visages, accompagnés de leurs paroles. Le procédé me gêne, ça me rappelle un peu trop les portraits type X Factor ou encore pour les campagnes anti-drogues-violence-alcool (trop devant la télé que je suis). Ces moments n’amènent pas grand-chose au propos, et transforme le film en éloge élogieusement élogieuse de Pina Bausch. Il me semble que le réalisateur aurait été plus fort d’une neutralité, qui existe déjà sur les scènes de danses : il n’y a pas de paroles, seule la danse est montrée, seule la danse compte, seule l’art de la chorégraphe transparait, et au fond, c’est ce qui est réellement important. On s’en fiche de savoir si elle était aimé ou non, avec qui elle a eu des relations amoureuses ou non (pour ça, il y a déjà les séries américaines, sérievore que je suis). De plus, la majorité des danseurs interviewés « passe » par un regard caméra, comme si : soit ils regardaient Pina Bausch dans les yeux pour lui dire ce qu’ils pensent, or ce n’est pas Pina dans la salle mais bien nous, spectateurs ; soit ils regardent le spectateur pour lui dire combien était grande la chorégraphe. Il n’est donc pas réellement question de laisser le choix au spectateur de savoir ce qu’il pense ou ce qu’il pourrait penser du travail de l’artiste. Ces regards braqués nous obligent à inscrire notre jugement dans la même direction que le film, alors que les scènes de danse nous sont présentées avec sobriété. Il y a donc un décalage de démarche ou de propos, entre comment montrer et comment illustrer, ce qui à mon sens diminue la force du film.

Résumé

Je dirai donc que Pina est un travail intéressant, qui propose une «petite nouvelle » 3D et qui permet de survoler le travail magnifique de cette chorégraphe. (Si vous n’aimez ni la danse, ni les pingouins, n’y allez pas !) Le film a remporté le Lola du meilleur documentaire (Deutscher Filmpreis).

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=yj5DzHgnOhs[/youtube]

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