Critique : Paradise Lost

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paradise lost afficheParadise Lost

Etats-Unis, 2013
Titre original : Escobar: Paradise Lost
Réalisateur : Andrea Di Stefano
Scénario : Andrea Di Stefano, Francesca Marciano
Acteurs : Benicio Del Toro, Josh Hutcherson, Claudia Traisac
Distribution : Pathé Distribution
Durée : 1h54
Genre : Thriller
Date de sortie : 5 novembre 2014

Note : 2,5/5

En passant du Che à Escobar, Benicio del Toro endosse la personnalité d’une autre figure marquante du 20ème siècle mais bien moins noble.

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Synopsis : Nick, canadien et surfeur aguerri, se rend en Colombie où il rejoint son frère qui a monté une petite affaire au bord de la plage et au soleil. Très vite, il tombe sous le charme de Maria qui n’est autre que la nièce de Pablo Escobar. Nick va se se brûler les ailes au contact trop rapproché de ce baron de la drogue qui a réellement existé, honni de beaucoup mais héros pour une partie de la population.

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Un film noir plus qu’un biopic

Pour son premier long-métrage, l’acteur italien Andrea Di Stefano a été inspiré par deux éléments réels de la vie de l’un des plus célèbres criminels de droit commun du Xxèm!e siècle : la gifle que sa nièce dans la vie lui avait administrée en public après la mort de son fiancé et l’exécution de l’homme qui avait caché son trésor avant son incarcération. Mais il s’éloigne de la réalité et comme dans la série Boardwalk Empire, personnages de fictions et réels se mêlent avec un respect plus que relatif des grandes lignes de la vérité historique.

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Contrairement aux apparences, il ne s’agit donc pas vraiment d’une biographie mais d’un film noir autour de son univers, les personnages gravitant autour de lui n’étant que de très libres variations de personnes ayant existé voire pas du tout. Les faits et les dialogues qui l’impliquent sont néanmoins parfois tirés de faits avérés, comme son acquisition de la voiture criblée de balles de Bonnie et Clyde ou sa négociation avec le gouvernement pour aller en prison dans des conditions privilégiées et mettre ainsi à la fin civile qui régnait. Les civils tombaient alors sous le poids des balles et complices, rivaux ou représentants de l’ordre déterminés à le faire tomber étaient victimes d’exécutions sommaires, le tout dans une atmosphère d’impunité totale entre corruption et peur féroce de cet être démoniaque.

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Le Dernier Roi de Colombie

Le paradis dans lequel le naïf Nick pensait vivre sa passion pour le surf en toute innocence se révèle être l’enfer sur terre pour lui et ses proches. Josh Hutcherson, l’un des héros de Hunger Games, se sort plus qu’honorablement de ce rôle d’inconscient qui va entrer dans la criminalité autant par amour que par naïveté. Étrangement, il est le protagoniste central, Escobar est dépeint comme un monstre de l’ombre. Leur relation est à l’image de celle entre James Mc Avoy et Forest Whitaker alias Imin Dada dans Le Dernier Roi d’Écosse de Kevin Mac Donald, le premier gravitant lui aussi dans le cercle intime du deuxième. Mais absent à l’écran, Imin Dada dominait les pensées, ici dès qu’Escobar quitte l’écran (et cela arrive souvent), il disparaît des esprits alors qu’il avait un réel potentiel pour exercer une menace diffuse mais non moins grande. L’histoire d’Escobar reste donc à raconter malgré quelques éléments qui percent, comme ses liens avec un monde politique corrompu, sa popularité étonnante et surtout sa paranoïa stalinienne et sa monstruosité.

Après avoir incarné le héros de la révolution cubaine Che Guevara, Benicio Del Toro était pourtant un choix parfait pour redonner vie à cette personnalité historique d’un tout autre calibre mais il est sacrifié par un scénario qui ne lui permet pas d’exister autrement que comme un parrain quelconque de série B. Il y avait pourtant de la matière pour créer quelque chose d’autrement plus fascinant. La longue séquence finale de règlement de compte est haletante mais un peu vaine. Encore plus anodines sont les relations familiales avec le frère et la belle-soeur de Nick malgré les talents respectifs de Brady Corbet et de la française Ana Girardot dans son premier rôle international ou amoureuse, le personnage de Maria étant écrit avec paresse et guère relevé par une performance peu inspirée de Claudia Traisac. Carlos Bardem, frère de Javier, est sauvage en homme de main sans pitié d’Escobar mais là encore une caractérisation moins conventionnelle aurait apporté une profondeur bienvenue.

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Résumé

La Colombie, où la cocaïne n’est qu’un produit national comme un autre, ressemble au paradis sur terre mais l’enfer n’est pas loin. Si l’on saisit l’horreur et l’absence d’humanité de ce gangster faux bon vivant qui reste à l’origine d’une vague de terreur qui a marqué son pays, les ambitions de ce petit polar sont trop limitées pour séduire plus longtemps que la durée de la projection. En bref, on ne s’ennuie pas mais on oublie trop vite malgré les bonnes volontés des comédiens.

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