L’Enfant d’en haut

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L'Enfant d'en haut, photo du film

L'Enfant d'en haut, l'affiche du filmL’Enfant d’en haut

Français, suisse : 2011
Titre original : L’Enfant d’en haut
Réalisateur : Ursula Meier
Scénario : Antoine Jaccoud
Acteurs : Léa Seydoux, Kacey Mottet Klein, Jean-François Stévenin
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h37
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 18 avril 2012

Globale : [rating:3.5][five-star-rating]

Ursula Meier retrouve pour la seconde fois, après Home, leur premier film à tous deux le jeune Kacey Mottet Klein, exceptionnel dans le rôle titre. Léa Seydoux, partout en ce moment, campe avec vérité un personnage à la Sandrine Bonnaire (Sans toit ni loi). Et Gillian Anderson (des X-files !) est une superbe quadra anglaise qui emporte ses scènes avec bonheur.

Synopsis : L’enfant d’en haut raconte l’histoire de Simon (interprété par Kacey Mottet Klein, vu dans Home mais aussi dans le rôle de Gainsbourg enfant chez Joann Sfar), un gamin qui, pour se faire un peu d’argent, vole les équipements de skis appartenant à des touristes et les revend aux enfants de son immeuble. Lorsque sa sœur aînée, Louise (Léa Seydoux), perd son emploi, elle prend part avec lui à ce trafic.

L'Enfant d'en haut, photo du film

Sous la neige, le gris

Ursula Meier a choisi – ou pas – d’écarter de son film tout sentimentalisme, tout attachement pour les personnages. Elle brosse avec la vie de Simon une société de la misère économique et de la misère affective. Un quart-monde sans repères où la famille ne représente pas grand chose.

Cette famille que les instituts de sondage parent régulièrement de toutes les vertus et dont les gens d’influence vantent avec une délectation gourmande la seule vraie chose importante de leur vie.
Ici, pour famille Simon, 12 ans n’a qu’une sœur, qui bosse par intermittence, qui aime par intermittence et qui vit souvent des vols que commet Simon « là-haut » dans la station de sports d’hiver friquée qui fait le plein pendant la saison. Skis de marque, lunettes, gants, casques, doudounes, monnaies, sandwiches tout lui permet de vivre simplement. Le produit de la vente à prix cassé de ces matériels coûteux se traduisant par l’arrivée au foyer du nécessaire (nourritures, petit four de cuisson) et parfois du cadeau à sa sœur (jeans).

Arrêté là le film n’aurait été qu’un constat de plus d’une société décidément malade de l’exclusion et de la débrouille salvatrice qui vole l’enfance du petit voleur.

L'Enfant d'en haut, photo du film

Sous le gris, la dureté de la vie

Mais voilà Simon lâche au nouveau mec de sa sœur qu’elle est en fait sa mère… La crise éclate mettant à nu les rapports de ces deux êtres aussi maltraités par la vie. Bien plus que la précarité à laquelle ils échappent tant bien que mal c’est la détresse affective qui remplit alors l’écran. Avec Ursula Meier, pas possible de se draper dans un déni salvateur « ces gens là ne sont pas comme nous ». Ils sont comme nous justement mais suffisamment écartés de la société pour une grossesse précoce non désirée, pour qu’aucune barrière ne freine l’immaturité de la jeune mère.

Et la violence s’installe dans une des scènes les plus cruelles du cinéma : Simon demande à sa soeur-mère de pouvoir s’endormir avec elle, de pouvoir être pris dans ses bras. Elle refuse, il lui propose de l’argent, il vide ses poches, 200 euros qu’elle accepte. Ce n’est pas bouleversant, ce n’est pas dramatique, ce n’est pas indigne, c’est un fait et c’est d’une force et d’une violence inouïe.

Simon, le plus adulte des deux, reste quelque part un enfant. Il est sincère quand il se jette dans les bras de la touriste anglaise, maman idéale peut-être pour lui. Cela ne l’empêche pas de lui voler sa montre quelques instants plus tard. Simon pleure la nuit quand il se retrouve bloqué dans la station vidée de ses habitants et fermée à la fin de la saison. Sa mère n’est pas une « bonne «  mère certes mais il y a en elle comme l’évidence que c’était ainsi la seule manière de pouvoir vivre avec son fils.

Une lueur d’espoir dans la scène finale Simon et sa mère partie à sa recherche se crient probablement leur amour derrière les vitres des cabines des téléphériques qui se croisent et les éloignent au moment où ils se retrouvent…

Résumé

Au final, un film qui peut décontenancer par la distance que met la réalisatrice avec son sujet – pas de misérabilisme, pas de critique sociale facile, pas d’empathie avec les personnages. Pourtant il s’imprime durablement dans l’esprit du spectateur avec une force incontestable.

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