Critique : Le Roi Arthur La Légende d’Excalibur

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Le Roi Arthur La Légende d’Excalibur

Etats-Unis, 2017
Titre original : King Arthur Legend of the Sword
Réalisateur : Guy Ritchie
Scénario : Joby Harold, Guy Ritchie et Lionel Wigram
Acteurs : Charlie Hunnam, Jude Law, Astrid Bergès-Frisbey, Djimon Hounsou
Distribution : Warner Bros.
Durée : 2h06
Genre : Fantastique
Date de sortie : 17 mai 2017

Note : 3/5

Quand l’heure des bilans viendra, que retiendra-t-on du cinéma de Guy Ritchie ? Qu’il n’y ait pas de malentendu macabre, nous souhaitons encore de longues années prospères au réalisateur, qui n’a même pas cinquante ans. Néanmoins, il paraît de moins en moins probable qu’un élan de renouvellement s’empare d’une filmographie après tout plutôt cohérente dans ses choix stylistiques. Aussi peu enviable son sort misérable au box-office américain soit-il, Le Roi Arthur La Légende d’Excalibur nous semble être une synthèse parfaite de ce qui fait la marque de fabrique Guy Ritchie, à savoir des spectacles survoltés, dépourvus d’une considération notable pour quelque logique scénaristique que ce soit et en même temps le dernier bastion d’une conception de la virilité, comme on ne la trouve plus que dans les bas-fonds britanniques. Car à condition de vous laisser emporter par ce qui ressemble de près à un trip psychédélique, avec des effets spéciaux à la pelle en guise de convoyeur de magie, vous pourriez être agréablement surpris par cette histoire légendaire, passée à la moulinette par un réalisateur jamais adepte de finesse, quoique pas non plus étranger à une forme musclée d’efficacité.

Synopsis : Après avoir de justesse défendu sa forteresse de Camelot contre le mage rebelle Mordred, le roi Uther proclame une amnistie envers les autres mages, afin de faire régner à nouveau la paix dans son royaume. Son frère Vortigern voit d’un mauvais œil cette politique de l’apaisement et fomente une révolte à la cour, qui se traduit par la mort du roi et la fuite à bord d’une barque de son jeune fils Arthur. Ce dernier est recueilli à Londres par des prostituées, dont il devient au fil du temps le protecteur, respecté dans tout son quartier. Pendant que le nouveau roi Vortigern œuvre sans cesse à la construction d’une tour, qui lui assurera l’invincibilité grâce à ses pouvoirs magiques, le lac qui entoure sa bâtisse se vide de son eau et découvre l’épée légendaire d’Excalibur, que seul le roi-né pourra sortir de la roche. Pour mieux se prémunir de toute contestation de sa légitimité, Vortigern oblige les jeunes hommes du royaume à tenter l’exploit. Quand c’est le tour à Arthur, il réussit à s’emparer de l’épée, sans pour autant savoir en maîtriser la puissance. Ce n’est que grâce à l’assistance d’une mage et de l’ancien commandant du roi Uther, Bedivere, qu’il puisera dans la force de ses ancêtres.

Et maintenant, place à la fureur

Nous ne sommes de loin pas assez fans de l’univers créé au fil des films par Guy Ritchie pour le considérer comme un visionnaire. Sa démarche s’apparente davantage à une forme habile d’opportunisme, profitant savamment de l’esthétique dans l’air du temps pour nourrir son propre vocabulaire passablement clinquant. Dans sa logique de continuité irréprochable, il opère dans le cas présent – après l’adoption des figures du clip et celles du jeu vidéo – une sorte de symbiose de ces influences, avec tout ce que cela implique en termes de surenchère vide de sens, voire en manque d’un projet scénaristique tant soit peu viable. En effet, si vous allez voir Le Roi Arthur La Légende d’Excalibur dans l’espoir d’y retrouver la tragédie chevaleresque transmise depuis des siècles, vous risquerez d’être amèrement déçus. Car d’un point de vue purement dramatique, l’intrigue du film se réduit à une peau de chagrin, sous forme de resucée du mythe, déjà vu des milliers de fois, du paria qui devient l’idole de tout un peuple, à l’issue d’un long et pénible chemin d’apprentissage. C’est par conséquent sur le terrain du divertissement décérébré mais spectaculaire que le film tente de se rattraper, avec un résultat étonnamment convaincant.

Tirer le diable par la queue

Curieusement, le lien le plus direct que ce film-ci entretient avec les œuvres précédentes de Guy Ritchie est avec la comédie de gangsters Snatch Tu braques ou tu raques. A commencer par la langue très populaire par laquelle se distingue le groupe de personnages autour du protagoniste, le roi de la racaille d’une ville de Londres vaguement médiévale. Or, l’aspect qui relève le plus d’une citation diablement probante se situe du côté du montage et donc indirectement de la narration hautement nerveuse. Le récit y est tellement découpé, avec des sauts dans le temps qui défient parfois toute raison, que l’impression a priori déplaisante d’une perte de repères radicale accroît paradoxalement l’immersion dans un monde perpétuellement foisonnant. Autant dire que le film fonctionne exclusivement en tant que leçon de transe et d’abandon de tout esprit traditionnellement critique, à l’image de certains films à la forme aussi aventureuse de Jan Kounen. Car si jamais vous vous amusiez à en analyser toutes les failles et incohérences, vous passeriez certainement à côté de sa vocation principale : celle d’une évasion quelque peu nostalgique, autrefois assurée par le cinéma et désormais entre les mains d’un monde virtuel sans bornes. Ce qui ne l’empêche pas de promouvoir une masculinité tout à fait archaïque, faite de muscles et de cris de guerre dont les représentants les plus frappants sont Charlie Hunnam – sensiblement moins subtil ici que dans le poétique The Lost City of Z – et Djimon Hounsou, qui a enfin droit après tant d’années d’emplois minimes à un rôle un peu plus substantiel, ainsi que dans un rôle plus anecdotique Tom Wu.

Conclusion

Laissez-vous emporter par les accords vigoureux de la musique de Daniel Pemberton pour goûter pleinement à cette aventure entièrement représentative du style de son réalisateur. Guy Ritchie n’y innove certes rien, mais il sait conférer une forme suffisamment efficace à cette relecture nullement révérencieuse du mythe du roi Arthur et de ses chevaliers de la table ronde pour en faire un divertissement de haut vol !

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