Critique : Le Majordome

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MAfficheLe Majordome

États-Unis : 2013
Titre original : The Butler
Réalisateur : Lee Daniels
Scénario : Lee Daniels, Daniel Strong
Acteurs : Forest Whitaker, Oprah Winfrey, Mariah Carey, Alex Pettyfer
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 2h12
Genre : Drame historique
Date de sortie : 11 septembre 2013

Globale : [rating:4/5][five-star-rating]

Jamais film n’aura autant suscité l’engouement de la Maison Blanche, allant jusqu’à faire pleurer le président des États-Unis. Et pourtant, par sa cruelle représentation d’une Amérique gangrenée par la question raciale, Le Majordome aurait pu susciter la gêne et l’effroi. Grâce à sa justesse et à la force de son parti pris, le long métrage échappe heureusement aux pièges tendus par cette course à l’Histoire.

Synopsis : Début du XXe siècle. Cecil Gaines et sa famille travaillent dans les champs de cotons du sud des États-Unis. Tantôt asservi et humilié, le jeune Cecil décide de fuir cette vie juste après le meurtre de son père. Au gré de ses rencontres, une porte s’ouvre : celle de la Maison Blanche, où un poste de majordome lui est proposé. De la présidence d’Eisenhower à celle de Reagan, Cecil Gaines côtoie les figures des présidents qui ont marqué l’Histoire du XXe siècle. À travers ses yeux et ceux de sa famille, se déploie une grande fresque historique, marquée du sceau de la ségrégation.

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Dans les cuisines du pouvoir

Le sujet était original, le traitement moins. Aussi n’était-il n’est pas difficile de repérer, dès les premières minutes du film, les grandes ficelles du cinéma d’Hollywood : un jeune homme asservi et défavorisé qui empreinte les voix de la réussite sociale. Pourtant, le film semble le survoler avec une agilité magistrale, grâce à la présence d’acteurs aussi talentueux que reconnus tels que Forest Whitaker ou John Cusack, mais aussi d’autres célébrités du monde artistique comme Oprah Winfrey ou Mariah Carey. Malgré cela, Le Majordome s’impose comme une histoire singulière qui embrasse celle de tout un pays. Les fréquents parallélismes entre ces deux aspects forgent la réussite d’un long métrage qui parvient à dépeindre la destinée d’un afro-américain, pris en tenaille par ses valeurs et les affres de l’Histoire. Le réalisateur Lee Daniels n’en fait pas un militant de la cause noire mais n’en fait pas non plus un résigné. La position ambigüe de Cecil Gaines face à l’engagement de son fils avec Martin Luther King et plus tard chez les Black Panthers, interroge le spectateur sur le véritable sens que revêt le combat. Est-ce par l’action pacifiste ? Est-ce en gagnant pas à pas le respect de ses supérieurs ? Plus sage, le biopic montre que chacun de ces gestes, si infimes soient-ils, ont permis à tout un peuple de se libérer de son asservissement. En toile de fond, s’appose la brillante réflexion de Martin Luther King sur le Majordome, acteurs en noir et blanc d’un ordre injuste, que tout le monde pense opprimé et vendu, mais qui par son travail accompagne une lutte intérieure. 

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Deux portraits en Noir et Blanc

La justesse du film tient à elle seule dans le personnage de Cecil Gaines et dans sa dualité destructrice. Jamais cet homme ne semble se détourner de son pays, à l’image de sa peine à la mort du président Kennedy ou lorsque la guerre du Vietnam emporte son fils dans la tombe. Malgré une fin un peu trop rapide, le film rend justice au militant qui aura longtemps agit dans l’ombre de l’Histoire et qui finira par rejoindre les rangs et s’engager politiquement. Face à cela, Lee Daniels rend son personnage profondément humain, grâce à un portrait familial en noir et blanc : une femme délaissée et impuissante, deux enfants dont l’engagement les oppose et que le destin sépare trop tôt. Se déploie alors tout au long du film des myriades d’émotions. Du rire aux larmes, Lee Daniels brosse le portrait attachant d’un héros ordinaire. Ce biopic trouve d’ailleurs une résonance équivoque avec l’Amérique contemporaine, née après la victoire du président Obama et dont l’espoir soufflé par tout un peuple n’est que le fruit d’une lutte acharnée pour l’égalité. On y retrouve également les ingrédients qui ont fait le succès de certains films comme La Couleur des Sentiments ou encore Harvey Milk.

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Résumé

 Lee Daniels, dont on reconnaît la patte de Precious, livre avec Le Majordome une formidable prestation encensée par le public et qui empreinte déjà une voix privilégiée dans la course aux Oscars. 

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=hOCAwxZSsKw[/youtube]

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