La Femme qui aimait les hommes

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La Femme qui aimait les hommes

La Femme qui aimait les hommes La Femme qui aimait les hommes

Israélien : 2011
Titre original : The Slut
Réalisateur : Hagar Ben Asher
Scénario : Hagar Ben Asher
Acteurs : Hagar Ben Asher, Ishai Golan, Itcho Avital
Distribution : Zootrope Films
Durée : 1h 27
Genre : Drame
Date de sortie : 11 juillet 2012

Globale : [rating:2.5][five-star-rating]

Il parait impossible de commencer une critique sur La femme qui aimait les hommes sans marquer sa réprobation concernant ce titre. En effet, lorsque ce film israélien fut présenté à Cannes, en 2011, dans la sélection de la Semaine de la Critique, son titre était The Slut, ce qui pouvait se traduire par La femme facile, voire, carrément, La salope. Et voilà qu’on se retrouve avec un titre emprunté, via un jeu de miroir, à François Truffaut, alors que les deux films, L’homme qui aimait les femmes et La femme qui aimait les hommes n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre, tant au niveau de la forme que du fond. Une fois de plus, une fausse bonne idée de la part de distributeurs ! Des distributeurs par ailleurs courageux car les films qu’ils apportent sur nos écrans sont le plus souvent des productions qui ont en commun de devoir pas mal ramer pour trouver leur public !

Synopsis : Tamar, une belle jeune femme de 35 ans, vit seule avec ses deux fillettes. Elle multiplie les relations sans lendemain avec les hommes de son village. Mais un jour, Shai, un jeune vétérinaire, revient s’installer dans la région et tombe sous le charme de Tamar. Une intense relation nait entre eux. Mais Tamar pourra-t-elle se contenter d’un seul homme ?

La Femme qui aimait les hommes

Un film universel ?

Il arrive parfois qu’un film israélien arrivant sur nos écrans ne parle ni de religion ni du problème palestinien, qu’il soit tout simplement universel. C’est le cas ici : en sortant de La femme qui aimait les hommes, le spectateur peut se dire que le film aurait pu se passer ailleurs qu’en Israël. Pas n’importe où dans le monde, vu le thème, mais … Mais au fait, une telle histoire pourrait-elle vraiment se passer en Israël, ou bien ailleurs, la question mérite d’être posée ? Certes, on peut imaginer dans plusieurs pays un personnage de mère célibataire qui ne se satisfasse pas d’un seul homme, qui aime avant tout le sexe tout en aimant donner (donner, et non pas vendre !) du plaisir aux hommes de son entourage. Après tout, si ce personnage était un homme, irait-on jusqu’à le stigmatiser d’un titre aussi péjoratif que The Slut ? Au pire ce serait Le dépravé, mais le plus probable ne serait-il pas Le bourreau des cœurs ? Non, ce qui surprend dans ce film, c’est la façon dont Tamar, cette femme, est perçue par son entourage : on est ici dans un petit village agricole dans lequel tout le monde se connait. Que la gent masculine ait Tamar à la bonne, après tout, on le conçoit aisément : leur seul problème, c’est quand ils viennent pour satisfaire leur besoin sexuel et qu’ils constatent qu’elle est « occupée ». Mais qu’importe, après tout : ils savent que leur tour viendra bientôt. Beaucoup plus étonnant est le comportement des femmes du village, qui ne semblent avoir aucune animosité envers Tamar.

Difficile d’être libre !

Question : où, dans quel pays, dans quel milieu, peut-on trouver une telle tolérance vis-à-vis du comportement de Tamar ? Mais qu’importe, après tout : on se dit que, dans ce film, tout le monde semble heureux et c’est tant mieux. Sauf qu’un jour, retourne dans le village un jeune et séduisant vétérinaire dont Tamar va tomber amoureuse. Très logiquement, Tamar et Shai vont devenir amants : OK, vous dites vous tous, tout le monde est heureux, etc. . Sauf qu’il est toujours difficile pour Tamar de se satisfaire d’un seul homme et que, rendre Shai malheureux rend Tamar malheureuse. La recherche d’une liberté individuelle pratiquement sans contrainte est-elle compatible avec la vie en société ? Cette question sur les limites de la liberté que la réalisatrice Hagar Ben-Asher nous pose intervient d’ailleurs très tôt dans le film, lorsqu’un cheval qui vient de recouvrer la liberté est heurté par un camion.

La Femme qui aimait les hommes

Le choix d’une réalisation très froide

Pour ce qui est son premier long métrage, la ravissante Hagar Ben-Asher a écrit le scénario, interprété le rôle principal et réalisé la mise en scène. La question de la liberté qui représente l’épine dorsale du film, la réalisatrice a dû l’aborder avant même le début du tournage : alors qu’elle était libre de choisir une autre comédienne, alors qu’elle a « essayé » beaucoup d’actrices lors de la préparation du film, la raison pour laquelle, finalement, elle s’est retrouvée interprète principale de son film reste pour elle un mystère complet. Ce choix demandait en plus un certain courage car certaines scènes sont, pour le moins, assez chaudes ! Paradoxe du film : ces scènes plutôt chaudes cohabitent avec un traitement très froid de la réalisation, surtout durant sa première moitié. Images pas particulièrement belles, musique absente à l’exception de 2 ou 3 chansons hébraïques, rien n’est fait pour caresser le spectateur dans le sens du poil. Là aussi, il fallait un certain courage à Hagar Ben-Asher pour choisir ce mode de représentation presque « bressonien » mais l’honnêteté oblige à dire que ce courage s’apparente parfois à de l’inconscience : figurez vous qu’on arrive parfois à s’ennuyer dans La Femme qui aimait les hommes.

Résumé

 Même si son premier film est loin d’être parfait, on peut prédire une belle carrière dans le cinéma à Hagar Ben-Asher : elle a une personnalité évidente, elle est manifestement audacieuse, elle sait ce qu’elle veut. Il lui reste à savoir canaliser toutes ces qualités et à savoir éviter des provocations parfois inutiles. Sera-ce le cas dès son prochain film ?

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