La Cinémathèque Française en l’hiver 2016/17

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Demain commence un nouveau programme trimestriel à la Cinémathèque Française. Entre la poursuite de quelques cycles déjà entamés, tels que la rétrospective Satyajit Ray jusqu’à la mi-décembre et le colloque « Voyage au centre de la machine cinéma » pendant les quatre jours à venir, en parallèle de la grande exposition « De Méliès à la 3D : La Machine cinéma » qui se terminera, elle, fin janvier 2017, et en attendant la cinquième édition du festival « Toute la mémoire du monde » début mars, avec Joe Dante en parrain et Wes Anderson en invité d’honneur, la célèbre institution du côté de Bercy nous a préparé pas moins de huit cycles riches et variés.

annee1917

A commencer par un programme autour de l’année 1917. Pendant deux mois, jusqu’à fin janvier, le public de l’American Center pourra en effet entamer un voyage dans le temps, à travers une vingtaine de longs-métrages français, américains, italiens et russes, produits il y a exactement un siècle. Parmi les témoins filmiques et historiques de cette époque lointaine, marquée par la dernière année complète de la Première Guerre mondiale, seront entre autres montrés Barberousse, La Dixième symphonie et Mater Dolorosa de Abel Gance, des courts-métrages de Charles Chaplin, Imprévu de Léonce Perret, ainsi que La Cité du désespoir, Grand frère et La Révélation de William S. Hart. Dommage seulement que ce saut dans le temps se fasse en quelque sorte à minima, toutes les séances étant programmées dans la salle exiguë Jean Epstein.

marcobellocchio

Le réalisateur Marco Bellocchio (*1939) est décidément partout ces derniers temps. Invité d’honneur au Festival de La Rochelle l’année dernière, dans l’actualité des sorties cet été grâce à la ressortie en version restaurée de son premier film, Les Poings dans les poches, il sera de passage à Paris pour accompagner la sortie, le 28 décembre, de son nouveau film Fais de beaux rêves avec Bérénice Bejo. Ce dernier fera l’ouverture, le 7 décembre, de la rétrospective en la présence de Bellocchio, qui donnera également une leçon de cinéma le lendemain avant la projection de son film précédent, Sangue del mio sangue avec Alba Rohrwacher. Jusqu’à début janvier, une trentaine de films du réalisateur italien seront montrés, dont ses plus connus Au nom du père avec Laura Betti, Le Saut dans le vide avec Michel Piccoli, Le Diable au corps avec Maruschka Detmers, Le Prince de Hombourg avec Andrea Di Stefano, Le Sourire de ma mère avec Sergio Castellitto, Buongiorno notte avec Maya Sansa, Vincere avec Giovanna Mezzogiorno et La Belle endormie avec Isabelle Huppert.

kirkdouglas

Kirk Douglas aura très bientôt cent ans ! Pour célébrer cet anniversaire exceptionnel, la Cinémathèque Française fait le plein de films de l’acteur le vendredi 9 décembre. Ce sera l’occasion, toute théorique, de le revoir dans pas moins de sept films. Car concrètement, vu que les deux principales salles passeront les films en parallèle, de 14h30 à 22h00, il vous sera au mieux possible d’en voir quatre : La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks, L’Homme qui n’a pas d’étoile de King Vidor, Les Ensorcelés de Vincente Minnelli et Chaînes conjugales de Joseph L. Mankiewicz. A moins que vous n’optiez pour El Perdido de Robert Aldrich, Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick et L’Arrangement de Elia Kazan. Si nous saluons pleinement cette initiative, il est tout de même regrettable de voir un acteur d’une telle envergure et de surcroît toujours vivant réduit à quelques heures de festivités, alors que ses contemporains indirects Ingrid Bergman et Frank Sinatra avaient récemment eu droit à des rétrospectives plus substantielles …

hollywooddecadent

Le cycle suivant de la Cinémathèque Française fait de façon assez éhontée dans le morbide. Non, il ne s’agit pas du retour de la rétrospective des derniers films des grands maîtres, mais d’un programme plutôt bien fourni des dernières convulsions du système des studios hollywoodiens au cours des années 1960 sous le titre « Hollywood décadent ». Pris en étau entre la popularité grandissante de la télévision et une liberté des mœurs galopante, le cinéma américain s’était alors maladroitement adonné à une forme de perversion du contenu et de la forme, au budget maintes fois dépassé, que l’on pourra admirer avec une dose considérable de dérision de la mi-décembre à fin janvier. Au cours de ces fêtes de fin d’année décadentes, on pourra entre autres voir Feuilles d’automne de Robert Aldrich avec Joan Crawford, Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz avec Rex Harrison, Les Ambitieux de Edward Dmytryk avec George Peppard, Pas de printemps pour Marnie de Alfred Hitchcock avec Tippi Hedren, Le Chevalier des sables de Vincente Minnelli avec Elizabeth Taylor, Frontière chinoise de John Ford avec Anne Bancroft, Reflets dans un œil d’or de John Huston avec Marlon Brando, Le Démon des femmes de Robert Aldrich avec Kim Novak, Le Dernier des géants de Don Siegel avec John Wayne et Fedora de Billy Wilder avec William Holden.

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Un réalisateur qui a préféré partir à la retraite, au lieu de se soumettre aux nouvelles lois d’Hollywood, était Frank Capra (1897-1991). Surtout connu pour ses contes très américains, tels que L’Extravagant M. Deeds avec Gary Cooper, ainsi que Mr Smith au sénat et La Vie est belle avec James Stewart, il avait pourtant œuvré dans une multitude de genres depuis l’époque du muet, jusqu’à son dernier film en 1961, Milliardaire pour un jour avec Glenn Ford et Bette Davis. En janvier et février 2017, on pourra donc revoir les nombreux classiques de son illustre filmographie, dont New York-Miami avec Clark Gable et Claudette Colbert – Oscar du Meilleur Film en 1935 –, Vous ne l’emporterez pas avec vous avec Jean Arthur et James Stewart – Oscar du Meilleur Film en 1939 –, L’Homme de la rue avec Gary Cooper et Arsenic et vieilles dentelles avec Cary Grant, tout en laissant une place de choix à la découverte de ses documentaires tournés pendant la guerre. Lauréat de trois Oscars du Meilleur réalisateur et ancien président de l’Académie du cinéma américain, Capra avait reçu les prix honorifiques de l’American Film Institute et du Festival de Venise en 1982.

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Toujours à l’affût d’une contre-programmation ingénieuse, la Cinémathèque Française programme aux côtés du classicisme assumé du cinéma de Frank Capra un cycle sur les « Nouvelles voix du cinéma chinois ». Un regard nouveau pourra alors se forger à partir d’une trentaine de films, issus de la sixième génération de cinéastes chinois, à partir des années 2000. Les deux points forts de cette rétrospective seront un hommage au réalisateur Jiang Wen (*1963) dont cinq films seront montrés, y compris Les Démons à ma porte – Grand prix au Festival de Cannes en 2000 – et Le Soleil se lève aussi, et une carte blanche à Jia Zhangke (*1970), qui comprendra deux de ses courts-métrages et un long – Plaisirs inconnus –, ainsi que des films de Emily Tang et Diao Yi’nan. Une vingtaine d’autres films chinois, souvent inédits en France, des années 2000 seront également projetés.

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A la fois actrice et chanteuse, l’Anglaise Jane Birkin célébrera dans deux semaines son 70ème anniversaire. Les habitués de la Cinémathèque Française devront attendre jusqu’à fin janvier 2017, avant de pouvoir lui rendre dignement hommage. Birkin sera présente au moins à trois reprises au 51 rue de Bercy, d’abord pour l’ouverture du cycle le 25 janvier avec la version courte de La Belle noiseuse de Jacques Rivette, puis trois jours plus tard autour d’un dialogue avec Frédéric Bonnaud par rapport à Je t’aime moi non plus de Serge Gainsbourg, et enfin lors d’un autre dialogue, cette fois-ci avec le réalisateur Jacques Doillon le 4 février, après la projection de La Pirate. Plus de vingt autres films avec Jane Birkin seront montrés jusqu’au 11 février, dont Blow up de Michelangelo Antonioni, La Piscine de Jacques Deray, Meurtre au soleil de Guy Hamilton, Dust de Marion Hänsel, Jane B. par Agnès V. de Agnès Varda, Soigne ta droite de Jean-Luc Godard, Daddy Nostalgie de Bertrand Tavernier et 36 vues du pic Saint-Loup de Jacques Rivette.

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Enfin, la dernière quinzaine du mois de février 2015 est placée sous le signe du producteur français Pierre Chevalier. Cet ancien directeur de l’unité Fiction chez arte est responsable de la découverte de bon nombre des réalisateurs français pendant les années 1990, grâce à la série « Tous les garçons et les filles de leur âge ». En 1993 et ’94, des cinéastes aussi divers que Chantal Akerman, Claire Denis et Laurence Ferreira Barbosa, que Olivier Assayas, Cédric Kahn et André Téchiné avaient trouvé leur public par le biais de ce programme de qualité. Par la suite, Chevalier a produit pour le cinéma des films marquants comme Le Péril jeune de Cedric Klapisch, Marius et Jeannette de Robert Guédiguian, Pola X de Léos Carax, La Vie ne me fait pas peur de Noémie Lvovsky, Beau travail de Claire Denis, qui ouvrira la rétrospective le 15 février, et Ressources humaines de Laurent Cantet.

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