Critique : Gebo et l’ombre

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Gebo et l'ombre photo du film

Gebo et l'ombreGebo et l’ombre

France : 2011
Titre original : Gebo et l’ombre
Réalisateur : Manoel de Oliveira
Scénario : Raul Brandão
Acteurs : Jeanne Moreau, Michael Lonsdale, Claudia Cardinale
Distribution : Epicentre Films
Durée : 1h31
Genre : Drame
Date de sortie : 26/09/2012

2/5

 Adapté de la pièce éponyme Gebo e a Sombra écrite par le portugais Raul Brandão en 1923, ce nouveau film de Manoel de Oliveira (Singularités d’une jeune fille blonde) devrait logiquement être présenté à la prochaine Mostra, le célèbre festival de Venise présidé cette année par Michael Mann.

Synopsis : Malgré l’âge et la fatigue, Gebo poursuit son activité de comptable pour nourrir sa famille. Il vit avec sa femme, Doroteia, et leur belle-fille, Sofia, mais c’est l’absence de leur fils, João, qui occupe les esprits. Gebo semble cacher quelque chose à son sujet, en particulier à Doroteia, qui vit dans l’attente passionnée de leur enfant. De son côté, Sofia attend également le retour de son mari, tout en le redoutant. De manière soudaine, João réapparaît, tout bascule…

 Gebo et l'ombre photo du film

Un cadre austère pour une pièce filmée

Soyez conscients d’une chose avant d’aller plus avant, il est plutôt compliqué d’appréhender ce film, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord la mollesse extrême du long-métrage qui fait qu’on dodeline rapidement de la tête, toute considération de scénario mise à part. Le film se présente comme un huis-clos, littéralement: quatre murs et le début d’une ruelle pour tout décor, unité de lieu comme dans le théâtre classique (ainsi que l’unité de d’action, de ton et les règles de bienséance). Ensuite la mise en scène composée de longs plans fixes avec transition champs et contre-champs. L’histoire est d’apparence simple: le père vieillissant qui soir après soir rentre du travail et ment à sa femme concernant les nouvelles qu’il prétend avoir de leur fils, disparu depuis huit ans. Au delà de ce pitch, le scénario est l’occasion pour ce casting de stars de s’interroger sur leur existence individuelle, une existence sans but et sans substance, les personnages étant enchevêtrés dans leur routine de famille très modeste. Autre problème: l’impression d’assister à une captation théâtrale ce qui fait que les personnages en font trop, ont de longs monologues assez accablants: ce qui fonctionne au théâtre ne marche pas forcément au cinéma. Alors que l’introduction mystérieuse laissait présager une ambiance étrange empreinte de mysticisme, le reste du long-métrage s’empâte et devient très vite paresseux. Lorsque le fils réapparaît on a enfin le rebondissement attendu qui met un peu de tension, rebondissement qui retombe vite à plat. Le fils représente l’antithèse des autres protagonistes tant sa vie semble décousue, hors de toute routine et sans honneur aucun. Le texte semble d’une grande lourdeur même pour les acteurs. Le réalisateur semble happé par l’œuvre qu’il adapte et à force d’admiration livre un film empêtré dans un académisme lourdaud. Les personnages sont complexes dans leur psyché mais artificiels tout à la fois, dans la manière très théâtrale dont ils récitent leur texte, avec beaucoup d’emphase. Reste tout de même l’interprétation d’un casting d’acteurs confirmés pour un film d’auteur austère.

Résumé

 Gebo et l’Ombre n’est pas un film qui marquera les esprits à long terme. Mise à part la remarquable prestation des acteurs, totalement inspirés, la mise en scène et l’adaptation rendent l’histoire beaucoup trop hermétique pour que le public s’attache aux personnages et à leurs considérations.

 

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