FID 2017 : Le masque de la mort rouge

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Le masque de la mort rouge

Etats-Unis, Grande Bretagne, 1964
Titre original : The Mask of the Red Death
Réalisateur : Roger Corman
Scénario : Charles Beaumont, R.W. Campbell
Acteurs :  Vincent Price, Hazel Court, Jane Asher
Distribution :
Durée : 1h29
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie : 24 juin 1964

3/5

Réalisateur d’une cinquantaine de long-métrages et producteurs de plus de quatre cents (!), la méthode de travail de Roger Corman consistait à tourner en un temps très restreint des films au budget le plus réduit possible. Par exemple, La petite boutique des horreurs (1960) fut réalisé en un temps record par le producteur lui-même, afin de ne pas gaspiller des jours libres qui restaient encore au contrat de Boris Karloff : en deux jours et demi le tournage était plié. Résultaient de cette méthode des films de série B qui permirent à toute une génération de faire ses armes : on compte ainsi parmi les plus célèbres Francis Ford Coppola, Joe Dante, Peter Bogdanovich, Jack Nicholson ou encore Martin Scorsese. C’est ainsi à un monument vivant du cinéma- il vient de fêter ses 91 ans – à qui le FID rend hommage, en diffusant pendant une semaine une quarantaine de films de Corman, productions et réalisations mélangées. Aujourd’hui, c’est un des ses long-métrages adaptés d’Edgar Allan Poe qui était visible : Le masque de la mort rouge

Synopsis : Un prince cruel et adorateur de Satan invite des amis et des paysans à un banquet. Ces derniers n’ont pas accès au buffet et cette nouvelle humiliation les pousse à se révolter. De plus, la prédiction d’une voyante annonçant la chute du souverrain les encourage à agir. Hélàs, une répression violente a lieu et le prince décide d’organiser bientôt un nouveau festin. Parmi les convives se trouve un mystérieux étranger habillé tout en rouge…

Si la filmographie de Corman est parcourue de séries B, il n’a cependant pas attendu des décennies avant d’être pris au sérieux. Comme le rappelait un membre du FID avant la séance, Roger Corman fut le plus jeune réalisateur à avoir droit à une rétrospective à la Cinémathèque Française. Et s’il était considéré comme un piètre cinéaste par les Cahiers du CinémaPositif le défendait.

Le masque de la mort rouge a beau être une des œuvres les plus importantes de Corman, difficile de ne pas être déçu : il fait partie de ces long-métrages que l’ont peut considérer comme ayant « mal vieilli ». Film de studio, la majorité du film se déroule dans un décor de château qui ne fait guère illusion, rempli de personnes en costumes (trop) colorés. Difficile d’être effrayé par une rocambolesque histoire de pacte avec le diable quand on baigne dans une ambiance de film en costume un peu kitsch sur les bords ! Les purs moments d’horreur se font attendre, et les acteurs ont d’ailleurs peu l’air convaincu – à part Vincent Price, qui n’a qu’à jouer Vincent Price pour être bon ! Dommage car les passages qui adaptent textuellement Poe, mettant en scène des allégories de la mort, s’éloignent des cette drôle d’ambiance kitsch qui détonne avec le récit. Heureusement, après un long ventre mou où il ne se passe pas grand chose, toute la dernière partie du film nous propose une danse endiablée ou les couleurs explosent à l’écran. La photographie est d’ailleurs signée de Nicolas Roeg,  qui va mettre en scène des films emblématiques comme L’homme qui venait d’ailleurs avec David Bowie. On rentre alors dans un pur film « pop », qui arrive malheureusement trop tard dans le récit.

Conclusion

 « Pape du cinéma pop » comme il a été surnommé, Roger Corman signait ainsi en 1964 (en plus de deux autres réalisations) une adaptation d’Edgar Allan Poe un peu décevante, tout du moins rétrospectivement. Le masque de la mort rouge, bien que parcouru d’étincelles, n’est ainsi réellement grisant que lorsque qu’il se décide à verser dans le pur film de genre, quittant une ambiance de « films en costumes » lassante au possible. Il reste cependant plaisant de (re)découvrir des films de ce monument du cinéma, même si ce long-métrage en particulier est avant tout intéressant en tant que pièce de l’Histoire du cinéma – ironiquement, il était diffusé dans un musée dans le cadre du FID !

 

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