Festival de Cannes 2017 : Pedro Almodovar président !

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Pour la première fois de l’histoire du Festival de Cannes, le président du jury du Festival de Cannes sera espagnol. Né en 1949, Pedro Almodovar succède à George Miller dont le jury avait plébiscité Moi, Daniel Blake, une deuxième Palme d’or pour Ken Loach.

© El Deseo D.A S.L.U, photo Nico Bustos

Il n’a participé pour la première fois à la compétition que tardivement dans son parcours en 1999 avec Tout sur ma mère, après un rendez-vous manqué avec Femmes au bord de la crise de nerfs – l’un des grands regrets de Gilles Jacob – qui recevra finalement le Prix du scénario à Venise. Pour sa première sélection sur la Croisette, il remporte le Prix de la mise en scène. En 2007, Volver reçoit le prix du scénario et un Prix d’interprétation féminine collectif pour ses interprètes Penélope Cruz (qui sera ensuite nommée aux Oscars pour ce rôle), Lola Dueñas, Blanca Portillo, Carmen Maura, Yohana Cobo et Chus Lampreave. Il participe à trois autres reprises à la compétition avec Étreintes brisées en 2009, La piel que habito en 2011 et Julieta (son vingtième film) l’an dernier mais les films repartent bredouilles. La Mauvaise Éducation ouvre Cannes hors compétition en 2004. Il a également participé au Festival de Berlin en 1990 avec Attache-moi ! et reçu quatre César, pour Talons aiguilles en 1993, Tout sur ma mère en 2000 et Parle avec elle en 2003 ainsi qu’un César d’honneur en 1999 et trois autres nominations pour Attache-moi !, La Mauvaise Éducation et Volver. Il a été oscarisé pour Tout sur ma mère (meilleur film étranger) et Parle avec elle (meilleur scénario original) entre autres récompenses.

Pour Volver avec ses actrices primées (moins Chus Lampreave) (© Pascal Guyot / AFP)

Après quelques courts-métrages, il réalise son premier film en 1980. Avec Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, il devient l’artiste emblématique de la Movida, période de libération des mœurs et des esprits en Espagne après la mort de Franco. Il signe ensuite des films marquants où s’illustrent un sens de la dérision très personnel, une démesure formelle et un romantisme échevelé.

Le Labyrinthe des passions, Dans les ténèbres et Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? lancent la suite de sa carrière avec brio, Matador et La Loi du désir abordent la sexualité et le désir frontalement, avec un aspect mortifère prononcé. Les films suivants, plus accessibles lui permettent d’atteindre une popularité rare pour un cinéaste espagnol auprès du grand public français. Femmes au bord de la crise de nerfs, Attache-moi ! et Talons aiguilles sont les trois films emblématiques de cette période. Suivent dans les années 90 Kika et ses costumes signés Jean-Paul Gaultier, La Fleur de mon secret et En chair et en os, encore riches d’idées visuelles brillantes. Avec ce dernier, Pedro Almodovar embrasse de plus en directement son amour du cinéma avec une référence centrale à La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz de Luis Buñuel. Les citations à la passion feutrée et au style graphique de Douglas Sirk se retrouve dans plusieurs de ses œuvres. Dans les années 2000, seuls Parle avec elle et Les Amants passagers, son film le plus superficiel en 2013, échappe à ses visites constantes sur la Croisette.

Antonio Banderas et Pedro Almodóvar pour La Piel Que Habito au 64e Festival de Cannes (© François Guyot / AFP)

Son oeuvre est marquée par un amour des comédiennes parmi lesquelles on retrouve Carmen Maura, Victoria Abril, Rossy de Palma, Chus Lampreave, Marisa Paredes, Cecilia Roth, Penélope Cruz, Assumpta Serna, Julieta Serrano ou María Barranco. Côté interprètes masculins, il a offert ses plus beaux rôles à Antonio Banderas dirigé pour la première fois dans Le Labyrinthe des passions en 1982, ensuite un peu égaré en Amérique. Leur collaboration a été relancée magnifiquement avec sa prestation démoniaque dans La Piel que habito. Il a aussi dirigé le charismatique Eusebio Poncela (le commissaire de Matador, l’écrivain de La Loi du désir) et révélé Javier Cámara en infirmier «romantique» dans Parle avec elle. Son frère Agustin, le directeur de la photo José Luis Alcaine, le monteur José Salcedo et le compositeur Alberto Iglesias sont ses collaborateurs de l’ombre les plus constants.

Accompagné du jury 1992 dont Gérard Depardieu, Jamie Lee Curtis et Serge Toubiana (Mario Goldman / AFP)

En 1992, il participe une première fois au Jury des Longs métrages pour la 45ème édition, sous la présidence de Gérard Depardieu. Ils sont accompagnés des réalisateurs John Boorman, Lester James Peries et Nana Djordjadze, de l’actrice Jamie Lee Curtis, du producteur René Cleitman, du directeur photo Carlo Di Palma de la monteuse Joële Van Effenterre et du critique Serge Toubiana. La Palme d’or est alors remise au film de Bille August, Les Meilleures Intentions. En 2007, il apparaît sur l’affiche de la soixantième édition qu’il partage avec Juliette Binoche, Jane Campion, Souleymane Cissé, Penélope Cruz, Gérard Depardieu, Samuel L. Jackson, Bruce Willis et Wong Kar Wai, pris en photo par Alex Majoli et réunis sous forme de bouquet explosé par le graphiste Christophe Renard. Ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’il n’occupe la plus grande charge du Festival.

Il a réagi à son invitation par Pierre Lescure, le Président du Festival, et Thierry Frémaux, le délégué général et sélectionneur en chef, avec ce communiqué publié sur le site officiel du Festival de Cannes :

« Je suis très heureux de fêter le 70e anniversaire du Festival du Film de Cannes dans cette fonction si privilégiée. Je suis reconnaissant et honoré et j’ai le trac ! Être Président du Jury est une lourde responsabilité et j’espère être à la hauteur des circonstances. Je peux vous dire que je vais me dévouer corps et âme à cette tâche, qui est à la fois un plaisir et un privilège. »

La 70ème édition du Festival de Cannes se déroulera du mercredi 17 au dimanche 28 mai 2017.

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