Dinard 2016 : jour 1, jeudi 29 septembre

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Cette nouvelle édition de ce festival dédié au cinéma anglais s’ouvre (pour moi) avec Chubby Funny. Un portrait drôle et mélancolique d’un apprenti acteur, amer mais sympathique, condamné par son agent à l’emploi de «bon gros rigolo», de «chubby funny» ou à apparaître dans des publicités guère enthousiasmantes à tourner. Sa perspective d’avenir : être au mieux un «Ron Weasley», celui qui accompagne le jeune premier romantique, comme par exemple son colocataire et meilleur ami, Charlie, qui vient tout juste d’être engagé pour une grande pièce du répertoire. Oscar, un brin jaloux, se comporte bien mal, autant avec Charlie, qu’il n’écoute pas vraiment lorsqu’il évoque ses doutes et inquiétudes, ou son envie de vivre dans un environnement un peu propre. Il n’affiche guère plus de respect et d’affection pour sa petite amie, Sophie, jouée par l’attachante Isabella Laughland (Leanne dans les trois derniers volets de Harry Potter). Pourtant, ils tiennent manifestement l’un à l’autre mais Oscar est trop occupé à se mortifier pour comprendre sa chance. Une comédie mélancolique (une mélancomédie ?) bien écrite, réalisée, interprétée, jusqu’au moindre second rôle, sans baisse de qualité dans le deuxième acte ou vers la fin comme cela peut arriver bien trop souvent dans les films découverts en festivals sans distributeur, ce qui est hélas le cas ici, au moins pour l’instant. Une belle réussite du jeune réalisateur Harry Michell qui s’offre le premier rôle. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, même avec un personnage au final guère aimable.

La soirée de gala ensuite nous permet de découvrir les principaux invités présents, les jurys des longs et des courts-métrages, les invités d’honneur, les écossais Gary Lewis et Kate Dickie, aussi chaleureuse et disponible que l’année dernière lorsqu’elle est venue présenter Couple in a hole (Sauvages, lors de sa brève sortie parisienne) et présents dans la salle de façon informelle Hugh Hudson (Greystoke) et son épouse Myriam d’Abo (la violoncelliste de Tuer n’est pas jouer) et quelques équipes de films en lice dont Harry Michell mentionné plus haut.

Bon, après ce démarrage on retombe de haut avec la projection suivante, celle du film d’ouverture, Whisky Galore. Il ne reste plus une goutte de whisky sur toute l’île de Todday en Ecosse, la Seconde Guerre Mondiale étant à l’origine de cette triste pénurie. Les habitants sont désespérés, mais ouf, miracle ! Un bateau s’échoue le long des côtes avec à son bord 50 000 caisses de douze bouteilles chacune contenant le précieux liquide. La population va donc tenter de s’approprier le trésor malgré les efforts inefficaces du capitaine de la Garde Nationale. Lorsqu’un film s’appelle Whisky à gogo, il est préférable qu’il soit à la hauteur de son titre qui annonce quelques chose d’au minimum un peu comique, tout comme les grandes lignes de son «scénario» (les guillemets ont leur importance). Whisky à gogo, je connais ce titre, me direz-vous ? C’est celui d’une comédie culte Ealing, la première œuvre du satiriste Alexander Mackendrick, l’un des très grands noms du cinéma britannique. S’il s’agit au départ de l’adaptation d’un roman et non d’un scénario original, l’on devine mal l’intérêt de ce qui est au final moins une nouvelle lecture d’un roman déjà mis en images qu’un énième remake inutile qui surfe sur le succès inextinguible d’un film qui reste une œuvre vue et revue, soixante-sept ans plus tard dans le cas présent. Qu’apporte Gillies MacKinnon, premier lauréat d’un Hitchcock d’or en 1991 avec l’inédit The Grass Arena, à cette histoire entrée dans l’histoire du cinéma ? Hélas, pas grand chose ! Les multiples sous-intrigues s’enchaînent maladroitement et sont montées à la truelle, le style est celui d’un téléfilm bien trop sage et aucun acteur ne peut briller vraiment avec des personnages qui n’existent pas ou guère, même le pourtant très drôle (en général) Eddie Izzard. L’ennui nous prend et malheureusement, rien ne nous sort de notre accablement, sinon le soulagement de voir le générique de fin apparaître et la lumière se rallumer.

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