Décès du producteur Roger Mayer

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Le producteur américain Roger Mayer est décédé le 24 mars à Los Angeles d’une crise cardiaque. Il était âgé de 88 ans. Pratiquement inconnu du grand public, Mayer était pendant un demi-siècle un homme de l’ombre incontournable à Hollywood. Son activité ne se situait pas du côté créatif, puisque à quelques documentaires pour la télévision sur l’âge d’or du cinéma américain près sa filmographie est inexistante, mais dans le domaine de la sauvegarde des œuvres cinématographiques. Sans être un Henri Langlois à l’américaine, Roger Mayer a su comprendre très tôt l’importance de la préservation et de la restauration des films et avait alors entrepris des démarches dont tous les cinéphiles bénéficient jusqu’à ce jour.

RogerMayerAlanBergmanMai2009

Le parcours hollywoodien de Roger Mayer avait commencé en 1952 au service juridique de la Columbia. Neuf ans plus tard, il a été engagé par la Metro-Goldwyn-Mayer, où son engagement pour la sauvegarde du patrimoine cinématographique des Etats-Unis prenait réellement son essor. Dans un contexte économique avant l’ère de la vidéo et de la profusion de chaînes de télé, la MGM gardait certes des copies de ses anciens films, mais ne voyait guère un intérêt commercial pour en prendre particulièrement soin. Selon la légende, Mayer se serait étonné lors de son premier tour d’inspection à travers les hangars du studio, que les boîtes de films y étaient stockées dans une chaleur étouffante. Parmi les mesures qu’il implantait alors était la construction de salles climatisées, où les films ne risqueraient plus une détérioration chimique irréversible.

RogerMayerFayKaninJuillet2009

Après avoir travaillé pendant près d’un quart de siècle pour la MGM, où il était devenu entre-temps président des laboratoires, Roger Mayer avait suivi le nabab du câble Ted Turner dans l’aventure de Turner Entertainment. Pendant près de vingt ans, à partir de 1986, il y supervisait en tant que président le catalogue acquis par Turner, qui comprenait des centaines de productions de la MGM, de la Warner Bros. et de RKO. C’est à cette époque-là qu’a eu lieu le seul faux pas dans la carrière exemplaire de Mayer, qui soutenait son patron dans la tentative hérétique de rendre des films en noir et blanc plus attrayants aux yeux du public contemporain en les colorisant ! Depuis, le producteur s’est largement racheté, à travers son engagement inlassable auprès d’illustres associations américaines de sauvegarde des trésors du cinéma américain, comme la National Film Preservation Foundation et le National Film Preservation Board de la Bibliothèque du Congrès, qui édite chaque année une liste de vingt-cinq films jouissant alors de la protection particulière du registre national.

MartinScorseseRogerMayerHersholtAward

Pour ses activités humanitaires, y compris la présidence du Motion Picture and Television Fund qui s’occupe de l’encadrement social et médical de la communauté du cinéma aux Etats-Unis, Roger Mayer a reçu en 2005 des mains du réalisateur Martin Scorsese le Jean Hersholt Humanitarian Award de l’Académie américaine. L’année précédente, il avait gagné l’Emmy du Meilleur documentaire pour une émission sur Judy Garland produite dans le cadre du programme du service public American Masters. Enfin, en 1999, Mayer avait été cité par les critiques de Los Angeles pour sa collaboration à la restauration du chef-d’œuvre muet de Erich von Stroheim Les Rapaces.

 

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