Critique : Une semaine et un jour

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Une semaine et un jour

une-semaine-et-jour-afficheIsraël : 2016
Titre original : Shavua ve Yom
Réalisation : Asaph Polonsky
Scénario : Asaph Polonsky 
Acteurs : Shai Avivi, Evgenia Dodina, Tomer Kapon
Distribution : Sophie Dulac Distribution
Durée : 1h38
Genre : Drame, comédie
Date de sortie : 14 décembre 2016

2/5

Après, entre autres, Gaz de France, Ma loute, La loi de la jungle et Apnée, 4 films sortis en 2016, nous voici de nouveau face à un film loufoque, Une semaine et un jour, avec toujours la même incertitude : qui va aimer ? Qui ne va pas aimer ? Si on ajoute que ce premier long métrage du réalisateur israélien Asaph Polonsky est aussi un film sur le deuil, on conçoit que ce mariage difficile à réussir rendait a priori impossible l’adhésion de l’ensemble des spectateurs. Une semaine et un jour était présent à Cannes 2016, au sein de la sélection de la Semaine de la Critique.

Synopsis : À la fin du Shiv’ah – les 7 jours de deuil dans la tradition juive – l’existence doit reprendre son cours. Tandis que Vicky, sa femme, se réfugie dans les obligations du quotidien, Eyal, lui, décide de lâcher prise… Avec un ami de son fils défunt, il partage un moment de liberté salvateur et poétique, pour mieux renouer avec les vivants…

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Comment reprendre une vie normale après la perte d’un fils ?

Comme Ronit et Shlomi Elkabetz nous l’avaient déjà montré dans Les sept jours, dans la tradition juive, le deuil des apparentés au premier degré dure 7 jours puis la vie est censée reprendre son cours normal. Une semaine et un jour, premier long métrage de Asaph Polonsky nous fait partager le deuil d’un couple, Vicky et Eyal, qui vient de perdre un fils de 25 ans. Alors que Les sept jours se déroulaient durant cette période de 7 jours appelée Shiv’ah, Une semaine et un jour nous parle de la suite, de la difficulté qu’il y a à reprendre une vie normale. Une difficulté que Vicky et Eyal tentent de surmonter chacun à sa façon : reprendre le travail, aller chez le dentiste, ranger la maison pour Vicky, retourner à l’hôpital, faire de fréquentes visites au cimetière, fumer des joints, jouer avec des chatons et se mettre à l’« air guitar » avec Zooler, ancien ami de leur fils, livreur de sushis à scooter et fils des voisins, pour Eyal. Des voisins que Eyal ne porte pas dans son cœur pour la bonne et simple raison qu’ils se montrent trop bruyants lors de leurs ébats amoureux, des voisins que Eyal n’accepte pas de recevoir lorsqu’ils viennent présenter leurs condoléances.

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Un scénario qui se met à dérailler

Une semaine et un jour fait partie de ces films qui partent plutôt bien et qui, sans raison apparente, se mettent à dérailler, à flirter beaucoup trop souvent avec une forme de « n’importe quoi » qui arrive à irriter le spectateur et à émousser l’intérêt qu’il pouvait porter au film. Qu’Eyal, le père, se mette, suite au décès de son fils, à adopter le comportement d’un adolescent attardé, l’idée est intéressante, mais il y a façon et façon : façon de jouer ce comportement, façon de le filmer. Ici, même si on peut trouver que Shai Avivi, le comédien qui interprète le rôle d’Eyal, force un peu trop le trait, c’est surtout la réalisation qui souffre de défauts embarrassants. Une scène résume assez bien les problèmes que peuvent rencontrer les spectateurs : la scène de l’« air guitar », une scène beaucoup trop longue et beaucoup trop forcée dans l’exubérance. Dommage, car cette scène permet aussi d’entendre que si tout le monde pratiquait l’« air guitar », la guitare imaginaire « tenue » lors de l’exercice empêcherait les gens de tenir un fusil et cela éviterait les guerres !

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Ce qu’on leur demande de faire

Si la plupart des comédiens de Une semaine et un jour étaient déjà présents dans des films ayant eu droit à une distribution hexagonale, il s’agissait toujours de films n’ayant pas rencontré chez nous un public conséquent. Ces comédiens, ils suivent les directives du réalisateur et, quand ce dernier leur demande … Mais au fait, que leur demande-t-il exactement ? Concernant le père, d’y aller à fond dans le concours d’actes stupides qu’on le voit pratiquer ? Finalement, Shai Avivi, celui qui joue le rôle d’Eyal, s’en sort honorablement, arrivant à faire ces actes stupides tout en gardant tout du long un air sérieux et imperturbable. Concernant Zooler, le fils des voisins, de se déchaîner dans sa prestation d’« air guitar » ? Si c’est le cas, le comédien Tomer Kapon est très obéissant, mais on a le droit de penser qu’il en fait trop et on regrette que, dans cette scène, le réalisateur n’ait pas sortie ses ciseaux plus tôt. Concernant Vicky, de jouer normalement le rôle d’une mère qui vient de perdre un fils ? C’est probablement le cas et Evgenia Dodina, cette comédienne israélienne qui ressemble beaucoup à Caroline Cellier, le fait parfaitement.

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On doit reconnaître au réalisateur israélien Asaph Polonsky un certain courage pour avoir voulu, dans ce qui est son premier long métrage, mélanger le deuil et une grosse rasade de loufoquerie. Une combinaison délicate, un résultat très mitigé : un scénario qui s’égare un peu trop souvent et des scènes parfois trop exagérées ou trop longues, voire les deux à la fois, nuisent à l’intérêt qu’on peut porter au film. C’est d’autant plus dommage que son début était vraiment prometteur.

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