critique : Umrika

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umrika affiche Umrika

Inde : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Prashant Nair
Scénario : Prashant Nair
Acteurs : Suraj Sharma, Tony Revolori, Rajesh Tailang
Distribution : ARP Sélection
Durée : 1h40
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie : 29 juillet 2015

Note : 2.5/5

Il y a 4 ans, Dehli in a Day, le premier long métrage du réalisateur indien Prashant Nair, avait été l’objet de critiques élogieuses dans son pays d’origine mais sa diffusion n’en avait pas franchi les frontières. Par contre, Umrika, son deuxième long métrage s’est fait remarqué au Festival de Sundance 2015 (Prix du public pour un film non américain) et a donc droit à une sortie hexagonale. La distribution y est aussi, probablement, pour quelque chose puisqu’on retrouve en tête d’affiche Suraj Sharma, révélé par L’odyssée de Pi, ainsi que Tony Revolori, révélé lui dans The Grand Budapest Hotel.

 

Synopsis : Les habitants de Jivatpur sont galvanisés par le voyage de l’un d’entre eux, parti conquérir « Umrika ». L’Amérique, ils la découvrent à travers les cartes postales qu’il envoie. Mais quand il cesse d’écrire, son petit frère se lance à sa recherche.


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Udai et Ramakant

Dans le petit village de Jivatpur, la mère d’Udai et de Ramakant est à la fois fière et triste lorsque Udai, son fils ainé, quitte sa famille pour émigrer en Amérique. America, Umrika, la terre promise, la terre de tous les fantasmes. Des fantasmes qui vont continuer à se construire quand va commencer à arriver, après une longue attente, le courrier envoyé par Udai. Au moment du départ d’Udai, Ramakant n’avait que 6 ans et c’est avec sa voix d’adulte que nous est racontée la première partie du film. De façon habile, les repères temporels de cette première partie sont fournis par l’évocation d’événements historiques comme l’assassinat d’Indira Gandhi et l’explosion de la navette Challenger. Lorsque plus aucune lettre n’arrive au village, Ramakant, devenu jeune homme, va se mettre sur la trace de son frère pour comprendre ce qui s’est passé.

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Le désir d’exil

Plusieurs thèmes sont abordés dans Umrika, le plus important étant le désir incoercible qui, dans un pays comme l’Inde, pousse de nombreux jeunes à vouloir s’exiler dans un pays plus riche. Le film montre aussi la vie très communautaire d’un petit village pauvre et la compare à la vie beaucoup plus âpre, plus oppressante de la ville voisine. Dans le village, c’est tous pour chacun, à la ville c’est chacun pour soi. Par contre, la place de la femme dans la société indienne et le système des castes ne sont qu’à peine effleurés.

 

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Un film hybride

Bien que né en Inde, Prashant Nair a davantage vécu « ailleurs » que dans son propre pays : Suisse, Autriche, Berlin, Prague, Moyen-Orient, Afrique, Etats-Unis, … Partout, il a trouvé une fascination certaine pour les Etats-Unis, un pays que chacun (re)construit dans sa tête selon ses attentes. Lorsque lui est venue l’envie de réaliser un film sur le thème du désir d’émigration vers les Etats-Unis et la vision fantasmée que peuvent en avoir les habitants d’un pays pauvre, il était naturel pour lui de le tourner en Inde. Le résultat est plutôt hybride : film indien, de nombreuses facettes font de Umrika un film proche du cinéma indépendant américain, ne serait-ce que par une construction laissant beaucoup de place à de nombreuses ellipses. Au final, Umrika est un film dont les défauts l’emportent sur les qualités : certes, le sujet de l’émigration est important et particulièrement d’actualité, mais la réalisation est trop hachée, rendant certaines transitions difficiles à comprendre, et son rythme lent fait souvent tomber Umrika dans une certaine monotonie. On est très loin de The Lunchbox et de Siddharth, deux exemples récents de ce que le cinéma indien non bollywoodien peut donner de puissant et de réaliste.

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Conclusion

Sur un sujet important et particulièrement d’actualité, le réalisateur indien Prashant Nair signe un deuxième film décevant, placé sous le signe d’une réalisation hachée et souvent trop molle. On aurait aimé se laisser emporter par cette histoire de vision fantasmée de l’ « ailleurs », de relations qui lient des fils à leur mère, de mensonges destinés à contribuer au bonheur de ceux qu’on aime. Malheureusement, on reste le plus souvent sur sa faim.

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