Critique : Tombé du ciel

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Tombé du ciel

France, Liban : 2016
Titre original : –
Réalisation : Wissam Charaf
Scénario : Wissam Charaf, Mariette Desert
Acteurs : Raed Yassin, Rodrigue Sleiman, Said Serhan
Distribution : Epicentre Films
Durée : 1h10
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 15 mars 2017

2.5/5

Alors qu’au Liban, la guerre civile est officiellement terminée depuis 1990, le traumatisme de ce conflit qui a duré 15 ans hante toujours l’esprit de ses habitants, au point que 27 ans après l’accord de Taëf et la reddition du général Aoun, nombreux sont les films en provenance de ce pays qui évoquent cette douloureuse période. Ce n’est pas tout à fait le cas de Tombé du ciel, le premier long métrage de fiction de Wissam Charaf, présenté dans la sélection ACID de Cannes 2016, mais on sent l’héritage de la guerre dans la vision décalée du Liban d’aujourd’hui que nous offre le réalisateur.

Synopsis : Après 20 ans de séparation, Samir, ancien milicien présumé mort, réapparaît dans la vie d’Omar, son petit frère devenu garde du corps à Beyrouth. Entre drame et comédie, Samir doit se confronter à un pays qui ne lui appartient plus.

Un revenant

Le Liban est un pays où les objets tombés du ciel ont été monnaie courante de 1975 à 1990. Ces objets, malheureusement pour les habitants, c’était des bombes ! Mais là, en 2010 et des poussières, ce qui, au sens figuré, tombe du ciel, c’est un homme, Samir. Un homme que tout le monde pensait mort, un ancien milicien, trouvé allongé au milieu d’une route dans un coin de montagne enneigé et qui va être recueilli par son « petit » frère Omar, dorénavant un grand balèze qui monnaye sa force comme videur dans une boite de nuit. Samir va vite s’apercevoir que la vie à Beyrouth, plus de 20 ans après la fin de la guerre civile, continue d’être plutôt agitée : certes, certains y font la fête au bord de piscines luxueuses, mais c’est sur fond d’attentats suicides et il peut être utile de savoir se servir d’un bazooka ou de pouvoir remonter rapidement un pistolet automatique, manipulation que Samir, contrairement à son frère, est toujours capable de faire les yeux fermés. Dans ce Liban contemporain, il est possible pour une chanteuse pop de se lancer dans la politique mais c’est au risque de subir un attentat et de ne devoir la vie sauve qu’à l’action salvatrice d’Omar, devenu entre temps son garde du corps.


Un humour pince-sans-rire et souvent noir

C’est très vite qu’on comprend dans quelle catégorie se situe Tombé du ciel : un film qui, au travers de personnages dérisoires et improbables et de scènes burlesques dans lesquelles un côté absurde pointe souvent son nez, cherche à nous montrer ce qu’est le Liban d’aujourd’hui. Un pays dans lequel un garagiste qui voudrait immigrer en Allemagne et souhaite apprendre la langue, se voit conseiller de lire Mein Kampf, « un livre très facile à trouver ». Cet humour pince-sans-rire et souvent noir, on le connait bien et on l’apprécie beaucoup. C’est celui de réalisateurs comme Aki Kaurismäki ou Elia Suleiman, même si Wissam Charaf n’est pas encore au niveau de ces deux maîtres, en particulier au niveau du rythme donné au récit. Par contre, on ne reprochera pas à Wissam Charaf d’avoir opté pour le format dit carré (en fait le format 1.33), décidément très à la mode en ce moment : il correspond bien à ce désir du réalisateur de montrer le côté étriqué de vies qui, du fait des traumatismes causés par la guerre civile et toujours présents, se retrouvent sans repère et sans perspective.

Ne pas sur-jouer !

Concernant le choix de ses interprètes, le réalisateur l’a fait surtout en fonction de ce qu’ils dégagent tout en leur demandant ensuite « d’en faire le moins possible, de rester sobre ». C’est ainsi que, pour interpréter Omar, il recherchait avant tout un corps imposant, si possible en surpoids. Il se trouve qu’il l’avait quasiment sous la main puisque Raed Yassin, qui interprète le rôle, avait déjà joué dans presque tous ses court-métrages. Quant à Rodrigue Sleiman, qui interprète Samir, il l’a choisi du fait qu’en le voyant, on n’arrive pas à deviner son âge.

Conclusion

Depuis la naissance du cinéma, le domaine de l’humour pince-sans-rire et souvent noir a vu défiler de nombreux « maîtres » venant d’un peu partout dans le monde. On ne peut que se réjouir lorsque un nouveau nom apparaît, quand bien même cette apparition se fait au travers d’un film présentant un certain nombre de défauts. Cette fois ci, ce nouveau nom est celui de Wissam Charaf, un réalisateur libanais qui, avant ce long-métrage, avait réalisé 4 court-métrages et un documentaire après avoir travaillé dans le passé comme monteur et cadreur de reportages pour Arte et comme assistant réalisateur sur des vidéo-clips.

 

https://www.youtube.com/watch?v=AtYVMr3M71c

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