Critique : Réalité

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Réalité afficheRéalité

France, 2013
Titre original : –
Réalisateur : Quentin Dupieux
Scénario : Quentin Dupieux
Acteurs : Alain Chabat, Jonathan Lambert, Élodie Bouchez
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h27
Genre : Comédie, Fantastique
Date de sortie : 18 février 2015

Note : 4/5

Toujours aux États-Unis, et faisant suite à sa trilogie du 5D, Quentin Dupieux nous livre seulement un an après Wrong Cops, son nouveau film intitulé Réalité. Il s’agit ici pour lui de pousser toujours plus loin son décalage cinématographique vis à vis de la production actuelle.

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Synopsis : Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d’horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48 heures pour trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma…

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Dans quelle « Réalité » sommes-nous ?

Connu en premier lieu pour ses activités musicales, Dupieux s’est lancé dans l’aventure cinématographique il y a une dizaine d’années avec Non-film. Mais il a vraiment commencé à être reconnu à partir de Steak en 2007, cette comédie absurde et décalée campée par le duo Éric et Ramzy. Échec public mais succès d’estime d’une petite partie de la critique et des spectateurs. Échec dû non pas au film lui-même, mais plutôt aux attentes placées en lui par rapport à son genre et ses têtes d’affiches.

10 ans plus tard, et après 3 autres long-métrages, Dupieux réitère l’expérience. Car en effet, les mêmes éléments composent toujours son cinéma, à savoir un comique de dialogue et de situation, totalement loufoques. Il y pastiche ici les relations producteur-réalisateur, sûrement suite des rencontres qui ont mal tourné, et qu’il prend alors plaisir à détourner. On retiendra un Jonathan Lambert complètement frappé en producteur sociopathe et instable, pour qui l’essence d’un film est la souffrance d’autrui. Comme si Dupieux matérialisait à travers ce personnage, la souffrance qu’imposent parfois les producteurs à leurs exécutants, les contraignant et les poussant dans leurs retranchements.

Ses autres personnages ne sont pas en reste, d’un directeur d’école transformiste à un réalisateur mégalo, en passant par un animateur télé en proie à des hallucinations maladives. C’est l’absurdité ici qui tisse les relations et crée les interactions entre chacun. La normalité est étrange, brouillant nos repères, pour nous plonger dans une seconde partie où la question est de savoir dans quelle « Réalité » nous sommes.

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Une famille bien étrange

Ce qui fait la force de Dupieux, depuis ses débuts avec Non-film (disponible sur internet), c’est cette perpétuelle déconstruction du cinéma, pour en amplifier son pouvoir de fascination. Comme dans son premier long-métrage, où un homme, qui semble disposer de son libre arbitre, est en fait un acteur, plongé sur un tournage à son insu. Et le réalisateur de questionner notre rapport à l’image et au cinéma.
Ici, dans Réalité, Dupieux, explose les limites de ses jeux de mise en abyme. Il s’aventure plus loin que le simple film dans le film, en se rapprochant de la thématique du rêve. La lumière du film, très aride, mais enrobée de douceur et de volupté renforce cette immersion illusoire. Il nous plonge alors dans une succession de scènes, dont un ou plusieurs éléments les raccordent entre elles, tout en les faisant interférer les unes avec les autres. En effet, comme dans nos songes, tout paraît plausible, mais un petit élément vient enrayer la mécanique, suscitant une certaine interrogation. Et c’est par ce système que le film carbure dans sa seconde partie, perdant petit à petit le spectateur et le questionnant sur la dualité entre réalité et imagination.
Ce qui sublime ce geste, c’est la volonté du réalisateur de ne jamais apporter une réponse définitive, mais de laisser le spectateur dans cet espace d’incertitude. A l’instar du réveil qui suit un rêve aux allures de Réalité.

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Conclusion

On se retrouve donc avec un nouvel hybride de la part de Dupieux, qui après plusieurs tentatives plus ou moins réussies, est peut-être enfin parvenu à un équilibre parfait entre humour absurde et réflexion sur le cinéma.

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