Critique : Patients

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Patients

France : 2016
Titre original : –
Réalisation : Grand Corps Malade, Mehdi Idir
Scénario : Grand Corps Malade, Fadette Drouard 
Acteurs : Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly
Distribution : Gaumont Distribution
Durée : 1h50
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 1er mars 2017

4/5

En 1997, à l’âge de 20 ans, Fabien Marsaud est un jeune homme passionné de sport et particulièrement doué pour le basket. Lors d’une colonie de vacances dans laquelle il est animateur, un plongeon dans une piscine au niveau d’eau trop bas va le mener dans un centre de réadaptation où il se verra diagnostiquer une possible paralysie à vie. Heureusement pour lui, les sportifs ont des ressources ! Alors qu’il est devenu, depuis 2006, une vedette du slam sous le nom de Grand Corps Malade, il décide en 2012 de raconter son séjour dans le centre de réadaptation dans un livre qu’il va intituler « Patients » et, dès le début de l’écriture, il envisage que ce film puisse faire l’objet d’une adaptation cinématographique. Cette adaptation, il va en écrire le scénario avec Fadette Drouard et il va réaliser le film avec Mehdi Idir, le réalisateur de ses clips.

Synopsis : Se laver, s’habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens…. Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s’engueuler, se séduire mais surtout trouver l’énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l’histoire d’une renaissance, d’un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul.

Des êtres abimés

C’est un accident de piscine qui a amené Ben dans un centre de réadaptation et c’est un tétraplégique qu’on rencontre, un homme qui n’a aucune autonomie, un homme dont on peut penser que son avenir est définitivement lié à un fauteuil roulant. Autour de lui, des aides-soignants, hommes et femmes, et des kinés, tout un monde qui va l’aider à se reconstruire autant que faire se peut. Jusqu’où ce « autant que faire se peut » pourra-t-il aller alors qu’un médecin-chef, une femme, apprend à Ben qu’il ne pourra plus jamais reprendre ses études pour devenir professeur d’EPS et qu’il ne pourra plus, non plus, rejouer au basket ? Par ailleurs, dans le centre, il y a d’autres patients dont l’état n’est pas plus brillant que celui de Ben et avec qui il va petit à petit créer des liens : Toussaint, un grand noir fataliste, Steeve, un être insaisissable, Farid, l’électron libre du centre, celui qui part et qui revient, d’autres, encore. Et puis, il y a Samia, la jolie beurette, qui est là à la suite d’un accident de voiture et pour laquelle le cœur de Ben pourrait s’enflammer. Seulement voilà : « Comment veux-tu « pécho » quand tu es en fauteuil roulant ? ».


Chaleureux, touchant et drôle

En prenant connaissance du thème de Patients, il n’est pas interdit de craindre un film complètement plombé par un côté pathos exacerbé ou, au contraire, par la dureté des rencontres avec tous ces jeunes gens aux corps très fortement abimés. Heureusement, on s’aperçoit très vite que ces craintes sont complètement infondées : Patients est certes un film très frontal dans l’approche du handicap mais qui, surtout, s’avère tout à la fois chaleureux, touchant et drôle. Très bien documenté, le film retrace le quotidien des patients, avec leurs inquiétudes et leurs souffrances, les hauts et les bas, mais ces jeunes gens, malgré tout, n’ont pas perdu leur sens de l’humour et se vanner entre eux fait autant partie de leur quotidien que les séances de kiné ! Les rapports avec le personnel soignant sont d’une grande authenticité, ce qui n’est pas étonnant lorsqu’on sait que le film a été tourné dans le Centre de réadaptation de Coubert, celui-là même où Grand Corps Malade, qui s’appelait alors Fabien Marsaud, a passé de longs mois et qu’il a retrouvé avec beaucoup d’émotion. Les deux réalisateurs se sont inspirés de personnes que Fabien avaient connues et de scènes qu’il avait vécues et cela se sent.  Par ailleurs, la figuration est assurée par de véritables patients et des membres du personnel, dont certains étaient déjà présents lors du séjour de Fabien.

Alors que Grand Corps Malade et Mehdi Idir sont des débutants en matière de véritable cinéma, leurs efforts pour ajouter un « supplément d’âme » au travers de l’image donnent des résultats convaincants : caméra subjective au début du film pour permettre aux spectateurs de découvrir l’univers étriqué de Ben au travers de sa propre vision ; cadre de l’image s’ouvrant de plus en plus pour suivre l’évolution physique de Ben. Tout cela mis en œuvre par une équipe de très bons professionnels du cinéma qui ont eu l’intelligence de ne jamais prendre de haut ces débutants tout en leur permettant de profiter de leur expérience.

Des têtes peu connues

Concernant le casting de son film, Grand Corps Malade n’avait qu’une exigence : choisir des têtes nouvelles, des comédiens que l’on voit peu mais dont les qualités seraient telles que, in fine, il puisse se montrer fier de les avoir choisis. Premier exemple concernant ce choix : Pablo Pauly, remarquable dans le rôle de Ben, est un comédien déjà présent dans pas mal de films mais jamais dans un rôle de premier plan. Il en est de même pour Soufiane Guerrab, l’interprète de Farid, pour Moussa Mansaly, qui joue Toussaint, pour Franck Falise, l’interprète de Steeve, pour Nailia Harzoune, Samia dans le film, et pour Alban Imanov, Jean-Marie, l’aide-soignant du matin. Finalement, les trois acteurs les plus connus sont Yannick Rénier qui incarne François Chevet, le kinésithérapeute de Fabien Marsaud, l’ex-syndicaliste Xavier Mathieu qui joue le père de Ben et Anne Benoît, qu’on avait trouvée remarquable dans Je vous souhaite d’être follement aimée de Ounie Lecomte et qui interprète ici une aide-soignante parfois maladroite. Pari réussi pour Grand Corps Malade !

Conclusion

Sur un sujet difficile, Grand Corps Malade et Mehdi Idir proposent un film très réussi, un film qui montre l’inextinguible soif de vivre de jeunes individus aux corps abimés, la patience et le courage qu’il faut à ces êtres pour arriver à renaître petit à petit, tout cela en continuant à faire preuve de beaucoup d’humour. Un film qui montre aussi le dévouement et la compétence des équipes soignantes qui s’occupent de ces patients. Un film qui devrait permettre à toutes celles et à tous ceux qui ont la chance d’être valides de renforcer leur aménité dans le regard qu’ils peuvent porter sur ces grands traumatisés.

1 COMMENTAIRE

  1. J’ai trouvé le film bien mais je regrette un peu l ‘image qui est faites du Corp soignant. notre métier n’est pas facile et nous faire passer pour des « neuneu » est un peu limite.

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