Critique : Marie et les Naufragés

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marie et les naufragés afficheMarie et les Naufragés

France, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Sébastien Betbeder
Scénario : Sébastien Betbeder
Acteurs : Pierre Rochefort, Vimala Pons, Éric Cantona, Damien Chapelle, André Wilms
Distribution : UFO Distribution
Durée : 1h44
Genre : Comédie
Date de sortie : 13 avril 2016

Note : 3/5

Après Deux automnes, trois hivers, Sébastien Betbeder emploie à nouveau son parti-pris de mise en scène qui consiste à placer certains de ses personnages au centre de l’écran pour s’adresser au spectateur et présenter sa vie en version accélérée. Cela pourrait n’être qu’un artifice mais permet de faire avancer le récit de façon plus originale qu’un flash-back traditionnel et d’inscrire cette comédie poétique dans un registre particulier du cinéma français contemporain.

Marie et les naufragés Pierre Rochefort Vimala Pons Damien Chapelle

Synopsis : Siméon trouve un portefeuille dans la rue. Il appelle sa propriétaire Marie mais tombe sur son ex, Antoine qui le prévient d’éviter cette fille «dangereuse». Il persiste néanmoins et après le lui avoir rendu, il la suit pour un voyage inattendu en Bretagne, jusque sur l’île de Groix, en passant par Larmor-Plage et Lanestan. Il est suivi par son Antoine mais aussi par Oscar, son colocataire.

Marie et les naufragés Vimala Pons Eric Cantona

 

Un quatuor mené par une charmante charmeuse

Le quatuor de ce marivaudage moderne est mené par la charmante charmeuse Vimala Pons, dans son emploi de nymphe mystérieuse doublée du côté «girl next door». Elle multiplie ce type de rôles, parfois de brèves apparition (Adieu Berthe, Comme un avion, L’Ombre des femmes) parfois en tête d’affiche (La Fille du 14 juillet, Vincent n’a pas d’écailles, Je suis à vous tout de suite) et cela reste un plaisir, un rendez-vous familier certes un peu répétitif et de moins en moins neuf (malgré de réelles variations parfois infinitésimales) mais pourtant cela reste comme un cadeau car elle inspire des auteurs à inventer des univers frais, chaleureux et humanistes, comme ici. Une actrice drôle, sensuelle et indispensable, entourée de ses deux prétendants eux aussi très convaincants. Pierre Rochefort, le fils de Jean et Nicole Garcia, fait preuve d’une douceur bienveillante et à le voir ici, l’on regrette qu’ils n’aient jamais tourné ensemble. Son rival est Eric Cantona qui nous dévoile une facette méconnue de sa personnalité à travers cet ours bourru qu’il interprète, un peu inquiétant mais au final très attachant. Il livre ici sa meilleure performance, prouvant enfin qu’il est autre chose qu’une personnalité et peut créer un personnage d’une grande complexité.

 

Marie et les naufragés Pierre Rochefort Damien Chapelle

Une jolie petite musique

La quatrième roue de ce carrosse, Damien Chapelle est Oscar, musicien et somnambule, meilleur ami par accident rencontré à un concert, qui cherche, tout comme eux, sa place, lui en tant que compositeur. D’autres personnages viennent et s’en vont, tel un coursier trop imaginatif (François Deblock), le temps de deux scènes, Emmanuelle Riva en grand-mère adorée et adorable ou Wim Willaert dans la première scène qui montre en quelques minutes l’humanité de Siméon. Ils participent tous à la délicatesse de cette balade triste mais un peu gaie tout de même, où l’on s’aime et l’on ne s’aime plus. Malgré une baisse de rythme, il reste au final le parfum de s’être connus dont témoigne une scène de danse hypnotique à l’unisson du trio sur une musique électro mélancolique et néanmoins entraînante de Sébastien Tellier que l’on prend plaisir à écouter ici comme dans le récent Saint-Amour de Gustave Kervern et Benoît Delépine.

Marie et les naufragés Pierre Rochefort Wim Willaert

Conclusion

Une œuvre originale qui, malgré un récit parfois décousu, a des fulgurances agréables qui font passer les quelques défauts. «Épouser le mouvements de la vague comme une bouteille qui flotte pour éviter le mal de mer», peut-être est-ce là le meilleur conseil pour apprécier ce film à part qui confirme la place très personnelle qu’impose cet auteur original. Le plaisir de passer du temps avec ces trentenaires maladroits est réel jusqu’à avoir envie de revoir ce film une deuxième fois, et de ressentir la même émotion.

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