Critique : Mademoiselle

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Mademoiselle

mademoiselle-afficheCorée du Sud : 2016
Titre original : Agassi
Réalisation : Park Chan-Wook
Scénario : Park Chan-Wook, Chung Seo-kyung d’après le roman « Du bout des doigts » de Sarah Waters
Acteurs : Kim Min-Hee, Kim Tae-Ri, Jung-Woo Ha
Distribution : The Jokers / Bac Films
Durée : 2h25
Genre : Drame, thriller
Date de sortie : 1 novembre 2016

2/5

C’est par sa trilogie de la vengeance que le réalisateur coréen Park Chan-Wook s’est fait connaître au début des années 2000 : Sympathy for Mr. Vengeance (2002), Oldboy (Grand Prix du Festival de Cannes en 2004) et Lady Vengeance (présenté à la Mostra de Venise en 2005). Depuis, il y a eu Je suis un cyborg, Thirst, ceci est mon sang (Prix du Jury à Cannes 2009) et Stoker. Adaptation de « Du bout des doigts », roman de la britannique Sarah Waters paru en 2002 et déjà adapté pour la télévision britannique en 2005, Mademoiselle, premier film en costumes de Park Chan-Wook, a été présenté en compétition lors du dernier Festival de Cannes.

Synopsis : Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…

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Un film en trois parties

Les années 30 en Corée : le pays est colonisé par le Japon depuis plusieurs années et des coréens naturalisés sont devenus des aristocrates japonais. C’est chez l’un d’eux, Kouzuki, grand amateur de livres de collection et homme tyrannique, que vit Hideko, sa nièce. Cette jeune et jolie femme, un escroc coréen, qui prétend être un comte japonais, a ourdi un plan qui devrait lui permettre, avec l’aide de Sookee, la bonne d’Hideko, de récupérer son héritage en l’épousant dans un premier temps et en la faisant ensuite passer pour folle. Sauf que cette première partie du film est démentie par une deuxième partie, qui reprend autrement les mêmes événements, et s’avère bien plus perverse encore. Sauf que cette deuxième partie est elle-même démentie par une troisième partie, qui bouleverse totalement les données des deux premières parties.

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Un film sur la manipulation

Lorsqu’on vient de voir Mademoiselle, on a une certitude : il s’agit d’un film sur la manipulation. Une manipulation qui concerne les protagonistes entre eux et une manipulation des spectateurs pratiquée par le réalisateur. Par contre, lorsqu’on sort du film, deux types de réflexion sont envisageables, sans forcément être incompatibles l’une par rapport à l’autre : une réflexion très cérébrale qui va faire appel à Sade, aux écrits libertins des siècles passés, à des notions de maître / esclave, voire même à un désir de réconciliation entre le Japon et la Corée ; une réflexion beaucoup plus terre à terre consistant à se dire qu’on a vu de très belles actrices et de très belles images sur un scénario plutôt habile, mais qu’on s’est surtout souvent ennuyé face à une réalisation très académique, confuse et, finalement, très froide.

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Le mieux est parfois l’ennemi du bien

Mademoiselle est un film que Park Chan-Wook a envisagé de tourner en 3D, ce qui, dit-il, lui aurait permis de mieux faire ressortir le point de vue de chacun des personnages. Des raisons financières ont fini par l’en dissuader et il a tenté d’obtenir l’effet recherché, en collaboration avec Chung-hoon Chung, son Directeur de la photographie depuis Old Boy, par les mouvements de caméra et l’utilisation d’un objectif anamorphique. Malheureusement, cela donne un film très académique dont la somptuosité des images, indéniable, et la virtuosité des plans finissent par nuire au récit, montrant des corps d’une grande beauté en contradiction avec leurs personnalités intimes.

On notera que ce film est parlé en japonais et en coréen, avec des sous-titres en jaune pour le japonais et en blanc pour le coréen.

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L’histoire qui provenait du roman de Sarah Waters aurait pu donner un film passionnant. La longueur du film et le côté « j’aime bien me regarder filmer » de Park Chan-Wook ont malheureusement tendance à vite émousser l’intérêt du spectateur, malgré la qualité du jeu et la beauté des comédiennes Kim Min-Hee et Kim Tae-Ri.

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