Critique : Life – Origine Inconnue

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Life – Origine Inconnue

Etats-Unis, 2016
Titre original : Life
Réalisateur : Daniel Espinosa
Scénario : Rhett Reese, Paul Wernick
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Ryan Reynolds, Rebecca Ferguson
Distribution : Sony Pictures Releasing France
Durée : 1h44
Genre : Science fiction
Date de sortie : 19 avril 2017

Note : 3,5/5

C’était un peu sur la réserve que l’on se préparait à aller voir ce nouveau métrage de Daniel Espinosa, cinéaste suédois guère réputé pour sa subtilité. Après deux longs inédits en France, nous l’avions découvert en 2011 avec Easy money, énième resucée d’un genre (le polar du nord à la Pusher) qui a ses défenseurs, mais a fini par tourner en rond à force de ne prendre aucun risque. Depuis, il n’avait pas eu l’occasion de se racheter une conduite, oscillant entre aimable série B décomplexée mais sans génie avec Sécurité rapprochée et grand ratage avec Enfant 44. Avec la sortie prochaine de , ce film semblait en plus bien mal parti pour rencontrer un quelconque succès, sa bande annonce donnant l’impression d’une série B de SF horrifique comme on en a vu des dizaines, ne se démarquant en rien des plagiats de la saga initiée par Sir Ridley Scott. Comme il n’y a rien de meilleur que de se laisser agréablement surprendre par un film dont on n’attendait rien, reconnaissons avec grand plaisir la belle surprise que constitue ce film qui, contre toute attente, place la barre haut pour le prochain Alien …

Synopsis : À bord de la Station Spatiale Internationale, les six membres d’équipage font l’une des plus importantes découvertes de l’histoire de l’humanité : la toute première preuve d’une vie extraterrestre sur Mars. Alors qu’ils approfondissent leurs recherches, leurs expériences vont avoir des conséquences inattendues, et la forme de vie révélée va s’avérer bien plus intelligente que ce qu’ils pensaient…

 

Une bonne dynamique de groupe

Avec un tel synopsis, il est tout naturel de sentir venir toutes les glorieuses références du genre, ayant souvent tendance à étouffer toute créativité ou tentative de démarquage. Mais c’est justement parce que le film assume toutes ces influences, sans prétention aucune, que l’on se laisse si facilement happer, dès l’introduction. Car il semble immédiatement clair que la beauté de la direction artistique, et l’élégance de la mise en scène, feront pour beaucoup dans l’immersion du spectateur. Avec son excellent plan séquence de départ, évoquant immédiatement LA référence des dernières années, à savoir Gravity, sans singer ce dernier, le film part sur de très bonnes bases, surtout qu’on ne sent pas de surenchère dans la virtuosité. La caméra se faufile dans tous les recoins du décor, virevoltant avec grâce sans donner le tournis, et l’on est surpris par la longue durée du plan. Si l’on n’a pas l’impression immédiate de révolution ressentie devant le monument de Alfonso Cuaron, on est à ce moment du film, immédiatement acquis à sa cause, et prêt pour la grande aventure. Par la suite, le ton passera très rapidement à l’horreur, pour ne plus en dévier. Mais avant ça, ce qui séduit particulièrement, c’est la bonne dynamique de groupe qui transparaît entre tous les acteurs. Aucun ne tire la couverture à lui, même si Ryan Reynolds hérite du rôle du rigolo de service, tandis que Jake Gyllenhaal nous livre l’une de ces prestations dont il a le secret depuis plusieurs années, à savoir cérébral et torturé. Mais les dialogues bien écrits, évitant au maximum les clichés, sont au-dessus de la moyenne sans tomber dans la bouillie ésotérique Nolanienne. On a également plaisir à retrouver la belle Rebecca Ferguson, qui y apporte un charme bienvenu, se révélant naturellement attachante.

Une expérience stressante

Mais dès lors que les présentations sont faites et que les choses commencent à sérieusement dégénérer pour les personnages, on peut dire que les scénaristes et le metteur en scène se sont surpassés pour nous offrir l’expérience la plus rythmée et stressante possible, ne nous permettant plus de retenir notre souffle le moindre instant. Et il est rapidement clair que ces derniers n’ont pas fait dans la dentelle, et ont utilisé les possibilités offertes par le classement R-Rated pour nous en mettre plein la vue, entre un monstre au design très travaillé qui fait son effet à chaque gros plan et des morts cruelles et assez dégoûtantes, pour le plus grand plaisir sadique des amateurs du genre. Le scénario se permet même avec une réjouissante perversité de déjouer les attentes concernant l’ordre des morts, réservant une belle surprise à ce niveau, mais bien évidemment, nous n’irons pas plus loin pour éviter le moindre spoiler.

On peut bien évidemment reprocher une tendance à l’effet appuyé par une musique assourdissante, du type bande son de bande annonce, utilisée à tort et à travers, pour le moindre micro rebondissement, finissant par devenir véritablement envahissante. Ou bien à quelques petits passages se prenant un peu trop au sérieux du point de vue dramatique, alors que le film n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il assume totalement son statut de série B de luxe techniquement parfaite. Mais ce serait évidemment pinailler, face à un film qui sans révolutionner quoi que ce soit, remplit totalement son rôle de divertissement rondement mené, exécuté avec un professionnalisme tout américain, à tous les niveaux, devant et derrière la caméra, et comportant son lot de moments forts, stressants ou répugnants, tout en ne perdant jamais de vue qu’il s’adresse à un large public, qu’il ne méprise à aucun moment, contrairement à bien des blockbusters modernes, tellement obnubilés par le fait de plaire au plus grand monde, qu’ils en deviennent cyniques et finissent par ne plus toucher personne. On retrouve ici ce plaisir devenu si rare du bon petit film d’horreur du genre que l’on adorait quand on était adolescent, direct, ne perdant pas trop de temps en palabres inutiles, et que l’on a quasiment plus l’occasion de pouvoir savourer en salles, hormis lorsque des grands studios en produisent, de temps à autre, dans le cadre de budgets de blockbusters.

Conclusion

On ne peut donc que vous conseiller de vous précipiter pour voir Life, pour peu que vous ayez des affinités avec le genre, histoire de prouver que le public actuel peut apprécier ce type d’œuvre se démarquant du tout venant.

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