Critique : Les Dossiers secrets du Vatican

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les dossiers secrets du vatican afficheLes Dossiers secrets du Vatican

Etats-Unis, 2015
Titre original : The Vatican Tapes
Réalisateur : Mark Neveldine
Scénario : Christopher Borrelli, Chris Morgan
Acteurs : Olivia Taylor Dudley, Michael Peña, Dougray Scott, Djimon Hounsou
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 1h31
Genre : Horreur
Date de sortie : 29 juillet 2015

Note : 1/5

Le Pape Jean-Paul II défilait-il en nuisette ? Jean-Paul 1er fut-il assassiné par la mafia italienne dans une lutte de pouvoir au sein de la famille Corleone ? Le Pape François est-il un dangereux anarchiste ? Rien d’aussi original dans ces dossiers secrets, des affaires troubles qui opposent les forces du clergé aux forces démoniaques mais heureusement le porte-parole du Vatican (Djimon Hounsou) se penche sur le sujet dans ce film qui pourrait être le premier jalon d’une nouvelle franchise, les dossiers Warren de l’exorcisme en somme. C’est en tout cas la première idée qui nous vient jusqu’à l’explication finale de l’identité de l’entité qui s’en prend à la pauvre Angela Holmes (aucun rapport avec Conan Doyle).

les dossiers secrets du vatican 04 Peter Andersson Djimon Hounsou

Synopsis : Angela Holmes, une jeune femme ordinaire de 27 ans, comprend un jour que sa présence a un effet dévastateur sur son entourage, infligeant des blessures, voire la mort, à ceux qui l’approchent. Estimant qu’elle est possédée, le Vatican est sollicité pour pratiquer l’exorcisme. Mais il s’avère que le mal qui ronge Angela est une ancienne force satanique d’une puissance hors du commun. Le père Lozano va tenter d’éliminer le redoutable démon, pas seulement pour sauver l’âme de la jeune femme, mais notre monde…

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Rien de neuf chez les exorcistes

Bon, et si l’on disait stop sur les films d’exorcisme, sujet de plus en plus éculé du cinéma fantastique, qui peine à se renouveler, à de très rares exceptions (Le Dernier Exorcisme ou l’inédit en salles When The Lights Went Out en – rares – bons exemples récents) ? Seuls les producteurs en quête de franchise facilement exploitable s’y risquent encore. Voir ce type de productions dénuées d’inspiration sortir en salles alors que les inédits marquants de festivals sont légion est de plus en plus insupportable. La première moitié du duo Mark Neveldine / Brian Taylor (les deux Hyper tension) ne parvient pas à relever le niveau avec sa mise en scène anonyme et ses idées fumeuses, jump scares faciles et paresseux. De l’absence d’idées du réalisateur, sauvons l’exécution sèche d’un accident de voiture filmée de façon un peu originale et une explosion de violence dans un asile psychiatrique qui pourrait faire rougir le massacre dans l’église dans Kingsman si elle poussait l’audace un peu plus loin. Là il se passe quelque chose d’un peu différent mais on est très loin de la trilogie Damien dans l’exercice de manipulation mentale des faibles d’esprit.les-dossiers-secrets-du-vatican-03

N’oublions pas une interprétation à la ramasse avec le pauvre Michael Peña en curé déterminé (what else ? rarement l’acteur n’aura été vu dans sa carrière sans sa croix ou ses prières), Djimon Hounsou en porte-paroles de l’ombre des Vatican Files et son collègue Peter Andersson alias Max Von Sydow du pauvre, le revenant Dougray Scott en papa militaire bigot mais aimant (manquerait plus qu’il morde), Kathleen Robertson sortie de l’enfer des feuilletons à l’eau de rose (Beverly Hills) par la grâce de sa rencontre avec Gregg Araki (Nowhere) et qui tombe dans celui des films démoniaques dans un rôle de psy et enfin ce qui restera comme la seule surprise du film le disparu de Philadelphia Experiment Michael Paré (crédité sur imdb dans 25 films entre 2015 et 2016 !) pour une apparition éclair en policier qui regarde son collègue se crever les yeux, comme ça, sans intervenir. Interrogé sur cette apathie, l’acteur aurait répondu «Désolé, je dormais». À vérifier en voyant le film (ou pas).

Michael Paré, Cas Anvar et Jarvis W. George
Michael Paré, Cas Anvar et Jarvis W. George

Une destinée morbide

Cette énième variation sur un thème rebattu et rebattu encore depuis L’Exorciste de William Friedkin qui résiste sans souci à l’épreuve du temps malgré l’opposition sur le sérieux du sujet entre le réalisateur sceptique et l’auteur catholique premier degré William Peter Blatty. Depuis ce sont des suiveurs sans opinion qui se sont lancés dans le sujet, se contentant de répéter les clichés, le curé traumatisé qui cherche (ou a trouvé) un sens à sa vie dans la foi, les oiseaux (pigeons ou merles selon les fournitures disponibles) qui se jettent comme des cons (c’est con un pigeon) contre les vitres derrière lesquelles se retrouvent la victime, lévitations, insultes impies, cheveux gras de jolie fille qui peu de temps avant se faisait des brushings de haut standing. Ici un peu de jugement moral aussi avec une mère prostituée responsable des maux de sa fille, un petit ami aux cheveux longs et pire, peu enclin à croire en les forces de l’esprit (sacrés hippies).

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Le regard porté sur les femmes est consternant de conservatisme millénaire archaïque. Il est également difficile d’admettre comment des fantômes peuvent apparaître sur un écran de surveillance, même s’il s’agit d’effets résiduels d’ectoplasmes (non, on ne parle pas des scénaristes). Le niveau de «suspension of disbelief» que cela entraîne finit par nous désintéresser du sujet. Pourquoi le phénomène dépeint ici n’avait pas été repéré avant alors qu’un message d’introduction prévient que depuis des siècles les hautes instances du clergé surveillent et enregistrent les phénomènes bizarres et non moins étranges ? Bref, grâce à une belle absence de cohérences, ni effroi ni émotion ni décalage humoristique. Rien de rien à sauver de l’entreprise.

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Conclusion

L’un des arguments marketing autour du film est sa présence sur la Black List, liste publiée annuellement supposée réunir les meilleurs scripts inédits non tournés. Il s’agit en réalité d’une imposture, d’un argument qualitatif plus que relatif comme le confirment ces sinistres précédents apparus sur les listes depuis une dizaine d’années : Hancock, Le Royaume, L’amour au temps du choléra, Slevin, À la recherche du bonheur, World Trade Center, Away We Go, Sans plus attendre, Dracula Untold, Lions et agneaux, Sept vies, Le Livre d’Eli, Le choc des Titans (non mais alors là, champion du monde, même un remake peut s’y trouver), The Duchess, Enfant 44, Grace de Monaco… ça fait quand même un paquet de nanars et on vous épargne un paquet d’autres. Pour l’horreur, la vraie, il faudra chercher ailleurs. Hélas pas grand chose à se mettre sous la dent dans les prochains moins, à l’exception des sorties DVD et des festivals.

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