Critique : Le voyage au Groenland

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Le voyage au Groenland

le-voyage-au-groenland-afficheFrance : 2016
Titre original : –
Réalisation :  Sébastien Betbeder
Scénario : Sébastien Betbeder 
Acteurs : Thomas Blanchard, Thomas Scimeca, François Chattot
Distribution : UFO Distribution
Durée : 1h38
Genre : Comédie
Date de sortie : 30 novembre 2016

4/5

Inventif et d’une grande fraîcheur, à la fois drôle et émouvant, c’est ainsi que l’on pouvait décrire 2 automnes 3 hivers, le deuxième long métrage de Sébastien Betbeder, sorti il y a 3 ans. Le 3ème, Marie et les naufragés, avait plutôt déçu. Entre ces deux films, le réalisateur avait commis deux court-métrages, Inupiluk et Le film que nous tournerons au Groenland, qui préparaient le terrain à son 4ème long métrage, Le voyage au Groenland. Le voici, et, cette fois-ci, on est tout sauf déçu !

Synopsis : Thomas et Thomas cumulent les difficultés. En effet, ils sont trentenaires, parisiens et comédiens… Un jour, ils décident de s’envoler pour Kullorsuaq, l’un des villages les plus reculés du Groenland où vit Nathan, le père de l’un d’eux. Au sein de la petite communauté inuit, ils découvriront les joies des traditions locales et éprouveront leur amitié.

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Le match retour

Alors que le court métrage Inupiluk racontait le séjour en France de deux inuits, Ole et Adam, que deux comédiens, Thomas et Thomas, plus souvent dans l’intermittence que dans le spectacle, s’étaient vus plus ou moins contraints de cornaquer, Le voyage au Groenland nous narre le match retour, à Kullorsuaq, un village de 446 habitants situé au nord-ouest du Groenland. C’est là que vit depuis des années Nathan, le père de l’un des Thomas, parfaitement intégré au sein d’une communauté chez qui le sens de l’accueil des étrangers n’est pas un vain mot ! Bien entendu, les différences culturelles sont grandes entre les deux Thomas et les inuits et cela nous vaut une kyrielle de scènes plus savoureuses les unes que les autres. On en raconte une ? Celle, par exemple, où l’un des Thomas tente d’expliquer le régime des intermittents du spectacle à son interlocuteur, à coup de nombre de phoques tués dans l’année.

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Drôle et mélancolique

Même si, depuis 2 automnes 3 hivers, il a déplacé sa caméra depuis Paris jusqu’au fin fond du Groenland, Sébastien Betbeder reste fidèle à ses marques de fabrique : d’un côté, la peinture de trentenaires un brin lunaires qui ont du mal à entrer dans l’âge adulte, de l’autre un humour délicat et décalé. Chez ces « adulescents », ni la réussite professionnelle, ni l’engagement dans un couple ne sont des éléments indispensables à la réussite de leur vie. Ils sont plutôt guidés par la recherche du plaisir et partir à l’aventure, comme ils le font en partant faire ce voyage au Groenland, peut leur apporter ce sel particulier qu’ils recherchent. Dans Le voyage au Groenland, les deux  « adulescents » ont le même prénom, Thomas (le prénom que portent les deux comédiens qui les interprètent), et ils sont tous les deux comédiens. Kullorsuaq, le village du Groenland qui les accueille, Nathan, le père de Thomas B. le connait bien, il y a posé ses valises plusieurs années auparavant après avoir beaucoup bourlingué. Malgré cet ancrage familial, malgré l’accueil chaleureux des habitants du village, le dépaysement est total pour les deux Thomas et le réalisateur met son humour au service de la description des surprises qu’ils ne cessent de rencontrer. Par ailleurs, il n’omet pas de présenter la rudesse de la vie des inuits et les problèmes rencontrés par une jeunesse qui, du moins pour les garçons, n’a d’autre avenir que de devenir chasseur comme leurs parents ou de se diriger vers le suicide. Comme quoi, on peut apporter des éléments ethnographiques d’un grand intérêt dans une comédie à la fois drôle et mélancolique.

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Un duo comique de tout premier ordre

Il est certain que Le voyage au Groenland doit beaucoup au duo comique de tout premier ordre formé par les deux Thomas, Thomas Blanchard et Thomas Scimeca, (apprécié récemment dans Apnée). Face à eux, un peuple qu’on connait peu, le peuple des inuits, représenté ici par Ole Eliassen et Adam Eskildsen, qu’on avait déjà rencontrés à Paris dans Inupiluk, et par l’ensemble des habitants de Kullorsuaq. La rencontre de ce duo et de ce peuple, plus ou moins arbitrée par Nathan, interprété par François Chattot, donne naissance à un film qui, bien que tourné souvent par -35°C, dégage une chaleur particulièrement revigorante par les temps qui courent : la chaleur de l’amitié entre les peuples, quand bien même ils sont séparés par les kilomètres et des cultures différentes.

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Film après film, Sébastien Betbeder impose sa marque de fabrique faite avant tout d’un humour tout à la fois frais et délicat en osmose avec une touche de mélancolie. Avec lui, il ne faut pas s’attendre à partir dans de grands éclats de rire. Par contre, on n’arrête pas d’avoir le sourire aux lèvres, le sourire qui fait sortir d’un film en étant heureux, tout simplement.

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