Critique : Le Secret de la momie

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secret de la momie afficheLe Secret de la momie

Brésil, 1982
Titre original : O Segredo da Múmia
Réalisateur : Ivan Cardoso
Scénario : Ivan Cardoso, Rubens Francisco Luchetti, Eduardo Viveiros
Acteurs : Wilson Grey,
Distribution : –
Durée : 1h25
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie : –

Note : 2/5

L’autre film de la séance cinéma bis du 17 avril 2015, Le Secret de la Momie (O Segredo da mumia), est le premier long-métrage de Ivan Cardoso, le réalisateur à l’honneur lors de cette nouvelle soirée déviante. Cette autre expérience de terrir (terreur + rire selon l’appellation de son auteur) se révèle encore moins convaincante que ses Sept Vampires, un chiffre trompeur au passage, un fait important non dénoncé dans ma critique à découvrir ici, si le cœur (saignant) vous en dit.

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Synopsis : Le professeur Expedito Vitus, ridiculisé par ses collègues, tente de prouver l’existence de l’élixir de vie sur une momie qu’il ramène à la vie, la transformant en esclave pour enlever de jeunes femmes qui lui permettront de mener à bien ses expérimentations…

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Un slasher avec une momie et un savant fou

Cette comédie à tendance horrifique tourné en 1982 commence comme un décalque du Dernier des six de Georges Lacombe, première des deux adaptations des enquêtes de l’inspecteur Wenceslas avec Pierre Fresnay et Suzy Delair, déjà écrite par Henri-Georges Clouzot qui signera ensuite le grand classique du genre, L’Assassin habite au 21 où il retrouvera le duo. Une malédiction, une carte mystérieuse partagée entre plusieurs amis et l’élimination systématique par un homme dont on ne voit que les mains. Un artifice d’autant plus inutile qu’on ne voit pas vraiment les membres de cette liste funèbre et que dès que le dernier (sauf l’assassin) est éliminé, l’identité du coupable est révélée, ce qui n’a aucun sens ! Ivan Cardoso ne joue pas vraiment avec cette inutilité narrative qui ressemble à une impuissance créative même si l’enchaînement de ces exécutions aux styles variés est rondement mené.

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Plus qu’à un film Hammer ou Universal de momie, la suite ressemble à un slasher cintré avec en guise de meurtrier une momie guidée par Expedito Vitus, ce savant fou joué avec délectation par Wilson Grey qui fait des débuts convaincants au cinéma malgré les approximations de caractérisations de son personnage. Il sera le Fu Manchu (de cabaret) des Sept Vampires, dans lequel apparaît Felipe Falcao ici l’indispensable assistant Igor revenu des morts, particulièrement libidineux et qui sera bien puni de ces méfaits. Autre second rôle réjouissant, la bonne (Regina Caséqui joliment pimpante) qui va aider le journaliste à sortir de la demeure diabolique et partagera une scène sexy avec le dit Igor. Les flash-backs incluant le pharaon Runamb (Anselmo Vasconcelos) n’apportent pas grand chose, tout comme ce cliché de tout film, ou presque, de momie, de la quête par le monstre à bandelettes d’une réincarnation de son grand amour forcément joué par la même actrice. Un jour l’on comprendra comment une momie peut retrouver ces jumelles à travers le temps et l’espace. Un très bon GPS ? Google ?

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Drôle mais décousu

Le réalisateur Ivan Cardoso, né en 1952, affirme s’être basé sur les travaux de son meilleur ami Eduardo Viveiros de Castro, un grand anthropologue brésilien pour ce film de terrir, concept fumeux comme il n’est pas inutile de le rappeler (voir plus haut). Étrangement cette comédie d’horreur a été un grand succès local et un peu à l’étranger. Cardoso mélange les influences, les registres, film d’aventures, comédie horrifique, film noir, enquête de journaliste incorruptible (qui surjoue son jeu de cache-cache dans les caves du méchant) et érotisme évidemment avec quelques belles prestations dénudées de jolies brésiliennes dont ces prisonnières revenues à un état si sauvage qu’elles sont.. poilues ! C’est élégant !

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Le résultat est hélas complètement décousu et très vite agaçant même si l’humour déjanté communicatif rachète ce grand moment de n’importe quoi. Le manque de rythme se ressent très vite, tout juste relevé par les vignettes amusantes parfois mais perdues dans un délire improvisé qui manque de rigueur. Dans le rôle du mourant qui transmet le document maudit, José Mojica Marins apparaît allongé en clin d’oeil / hommage de cinéphile à celui qui est considéré comme le cinéaste de genre le plus marquant de son pays. Plus anecdotique, on reconnaît en victime de la momie Santana Pacheco qui sera plus tard l’inspecteur enrobé dans Les Sept Vampires (photo ci-dessous) .

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Conclusion

Coup d’épée dans l’eau avec ce diptyque à l’intérêt historique réel mais artistique plus que relatif. Le Secret de la Momie et Les Sept vampires amusent certes mais ces deux films du réalisateur Ivan Cardoso se limitent à une ironie facile qui manque d’un génie dans le délire pour séduire au-delà de sa première et probablement dernière vision. On attendra la deuxième session de bis brésiliens le vendredi 17 avril pour découvrir d’autres œuvres atypiques, A minuit je possèderai ton âme de José Mojica Marins (sur lequel Cardoso a réalisé un court-métrage documentaire) et un cas rare dans la programmation du bis, un film relativement récent, en l’occurrence Marécage noir (Mangue negro) de Rodrigo Aragão qui date de 2008, un film de zombies cannibales dans une communauté très pauvre situé près d’une mangrove brésilienne. Attention, Bernard Payen, programmateur de ce panorama majeur exposé au public parisien, les spectateurs du bis vous attendant au tournant !

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