Critique : La planète des singes – Suprématie

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La planète des singes – Suprématie

États-Unis, 2017
Titre original : War for the Planet of the apes
Réalisateur : Matt Reeves
Scénario : Mark Bomback
Acteurs :  Andy Serkis, Woody Harrelson,
Distribution : Twentieth Century Fox France
Durée : 2h20
Genre : Action, Science-fiction
Date de sortie : 2 août 2017

2,5/5

La planète des singes : suprématie est, mine de rien, le neuvième film de la saga initiée en 1968 – année grand cru pour le cinéma. Du livre éponyme de Pierre Boulle, le premier long-métrage choisissait de s’en éloigner avec sa fin inoubliable ; les quatre suites ont elles peu marqué l’Histoire du cinéma, tandis qu’avec le remake de 2001, Tim Burton signait un des pires films de sa carrière. C’est ainsi de plus moins nulle part qu’est sorti en 2011 La planète des singes : les origines. Reboot ou prequel de la saga, peu importe, Rupert Wyatt nous offrait un blockbuster (bien qu’au « petit » budget de 93 millions de dollars) assez introspectif, porté par un James Franco en forme et une motion-capture qui semblait franchir un nouveau cap technologique avec ses singes bluffants de réalisme. D’ailleurs, c’est paradoxalement Andy Serkis qui est le liant entre les trois volets de la nouvelle trilogie. Révélé dans le rôle de Gollum, premier personnage marquant prenant vie grâce à la motion-capture, il est depuis une quinzaine d’année la star de cette technique, et incarne donc César, héros de la trilogie. 

Synopsis : César et les Singes sont contraints de mener un combat dont ils ne veulent pas contre une armée d’Humains dirigée par un Colonel impitoyable. Les Singes connaissent des pertes considérables et César, dans sa quête de vengeance, va devoir lutter contre ses instincts les plus noirs. Au terme d’un périple qui le conduira à un face à face avec le Colonel, les Singes et les Humains vont se livrer une guerre sans merci à l’issue de laquelle une seule des deux espèces survivra – et dominera la planète.

De César à la guerilla

25 ans ont passé depuis La planète des singes : les origines. César possède quelques poils blancs, mais continue de diriger une centaine de singes, cachés dans la forêt. Il faut dire que le virus qui a rendu les singes intelligents a fait des dégâts parmi les Hommes, et ceux qui ont survécu sont en majorité des militaires. Le début du film, enthousiasmant, semble annoncer un véritable affrontement entre les deux « races ». On y retrouve, pèle-mêle, des allusions à l’Histoire des États-Unis : des origines de l’installation d’occidentaux sur le continent (avec l’extinction de peuples entiers à cause de chocs bactériologiques, comme les Humains dans le film) à l’Histoire plus récente des conflits menés (et perdus) par l’armée américains face à des guérillas. Un point de vue rafraîchissant, qui s’appuie sur des procédés plutôt intéressants : les paroles se font rares, vu que les protagonistes communiquent surtout par langue des signes, le ton est résolument sombre, et voir déambuler des singes sur des chevaux est toujours aussi visuellement impressionnant. On semble ainsi partis pour plus de deux heures de simili-western, dans lequel s’affronteraient pour l’ultime fois humains et simiesques. Malheureusement, le film va rapidement s’effondrer, délaissant l’originalité pour des procédés répétitifs.

Ape-ocalypse Now (ou pas)

En prenant un autre virage, le long-métrage devient ainsi lassant et perd en subtilité. Arrivent dans le groupe de héros une jeune humaine, peu exploitée, et un sidekick loin d’être convainquant – d’autant plus qu’il vient briser le ton résolument sombre qui était employé jusqu’alors. Alors que le film se définissait par le déplacement du groupe, qui traversait des décors magnifiant la technologie donnant vie aux singes (il est toujours impressionnant de les voir dans la neige, sous la pluie ou au bord d’un lac !), il va s’immobiliser lorsque les deux « camps », humains et singes, se font enfin face. Enfermés  dans un camp de travail, les singes sont alors forcés par un groupe de militaires à construire un mur géant. Les allusions à l’Histoire se font beaucoup moins fines, et sont même explicitées par le « Kaporal ». Un général extrémiste incarné par un Woody Harrelson assez peu convainquant, qui se contente plus ou moins d’imiter le Marlon Brando d’Apocalypse Now (ce qui est souligné par une grosse inscription « Ape-ocaplypse Now).  Le film, qui se démarquait jusqu’alors par son mutisme, devient bavard, et semble ne plus finir. Et comme si les scénaristes s’étaient rappelés du but initial du long-métrage (et de son titre original : War …), le film finit par expédier en deux temps trois mouvements (une dizaine de minutes sur cent-quarante !) un conflit qui n’oppose d’ailleurs pas vraiment les singes à leurs cousins humains. La guerre annoncée est, tout au juste, une simple rixe …

Conclusion

 La planète des singes : Suprématie est donc une déception. Il clôt mollement une trilogie qui avait bien démarré, et semble scindé en deux. D’un côté, un film de guerre et d’aventure qui annonce un blockbuster original, de l’autre un « film de prison » bavard et beaucoup trop long. Le long-métrage est d’ailleurs à l’image de sa musique : au début du film, Michael Giacchino nous offre une partition aux sonorités originales, semblant venir de temps primitifs, mais finit par composer une soundtrack qui semble avoir été entendue mille fois, et qui est vite oubliée …

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