Critique : La Chatte des montagnes

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la-chatte-des-montagnes-afficheLa Chatte des montagnes

Allemagne, 1921
Titre original : Die Bergkatze
Réalisateur : Ernst Lubitsch
Scénario : Hanns Kräly, Ernst Lubitsch
Acteurs : Pola Negri, Victor Janson, Marga Köhler, Edith Meller
Distribution : MK2 Éditions (dvd / bluray)
Durée : 1h35
Genre : Comédie

5/5

Il ne reste que cinq films répartis sur deux journées (aujourd’hui, samedi 15 octobre et le mardi 18) pour apprécier la rétrospective consacrée aux stars du cinéma muet à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé www.fondation-jeromeseydoux-pathe.com, concoctée par Mariann Lewinsky, chercheuse et historienne du cinéma muet, programmatrice de la partie cinéma muet du festival Il Cinéma ritrovato de Bologne. Parmi les films proposés pour honorer ces 25 années de restaurations effectuées par le laboratoire de Bologne («L’Immagine Ritrovata»), de nombreux inédits ou films très rares mais aussi quelques films un peu plus connus, de grands cinéastes, comme Journal d’une Fille perdue de George Wilhelm Pabst, avec Louise Brooks et l’un des multiples joyaux de l’un des plus grands cinéastes de l’Histoire du cinéma : La Chatte des montagnes signé Ernst Lubitsch programmé à nouveau ce samedi 15 octobre à 17h30. À l’affiche, l’une des plus belles stars du cinéma muet : Pola Negri.

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Synopsis : Un jeune lieutenant, Don Juan notoire, est envoyé dans une forteresse en pleine montagne. La fille du commandant en tombe amoureuse. Mais il n’a d’yeux que pour la fille du chef des bandits…

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Une actrice au sacré tempérament

La période allemande de Ernst Lubitsch compte quelques perles assez savoureuses. Dans le registre des comédies burlesques folles, La Chatte des montagnes est un sacré monument. L’histoire est complètement folle, franchement jubilatoire et le goût du réalisateur pour des personnages haut en couleurs et sexuellement délurés est à son niveau le plus fort. La toujours excellente Pola Negri, autant à l’aise dans le drame que la comédie la plus folle, est cette rugueuse Rischka qui s’attaque à un l’objet de son désir, un officier, sans la moindre retenue. Son talent passe par une réjouissante énergie physique. Elle n’hésite pas à vider le contenu d’une chambre du sol au plafond. Cette longue et irrésistible scène où elle jette même de très lourds meubles est à pleurer de rire. Le lieutenant Alexis est lui aussi un sacré numéro. Contraint à quitter une place forte car il en a séduit TOUTES les femmes avec un sacré appétit, il doit aussi dire adieu à la large centaine d’enfants qui l’appellent tous  » papa « . Comme il est compliqué de partir dans ces conditions, des souris font l’affaire face à de faibles femmes.

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Des décors complices de la mise en scène

Délicieusement misogyne. Lubitsch utilise les décors comme un instrument d’humour, comme le fera plus tard Jacques Tati avec la même fantaisie et la même idée que les personnages ne savent pas utiliser certains objets pour leur fonction première. Kurt Richter, créateur de la plupart de ses décors dans sa période allemande a une inventivité folle. Les formes géométriques sont proches du cinéma expressionniste dans les formes extrêmes et irréalistes de certaines trouvailles mais en beaucoup plus baroque. A nouveau d’ailleurs, Lubitsch maîtrise l’utilisation des caches avec habileté : trous de serrures, formes d’oeil, cercles, rectangles ou encore plein cadre, la mise en scène se renouvelle sans cesse et valide toutes les théories des cinéphiles sur la dimension voyeuriste de son cinéma ludique et un rien transgressif. Victor Janson avec une moustache à la Salvador Dali est une nouvelle fois assez savoureux dans le rôle du commandant de la citadelle brièvement envahie par des brigands pathétiques menés par une femme qui les mène par le bout du nez. Parmi eux, Hermann Thimig (l’amoureux malgré lui de La Poupée) en amoureux de la drôle d’héroïne est touchant et amusant lorsqu’il se retrouve à pleurer (littéralement) des rivières.

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Conclusion

Du burlesque pur, à apprécier sans modération. Un modèle du genre, fou mais dans une certaine cohérence tout de même, la mécanique ne cessant de se relancer avec un certain brio. À ne pas manquer non plus à 16h, La Princesse aux clowns d’André Hugon avec Huguette Duflos dans le rôle d’une princesse qui retrouve le prince Michel, qu’elle devait épouser, à Paris, sous les traits d’un clown. Un beau mélodrame projeté en 35mm. Tarif normal pour chacune de ces séances : 6,50 €, réduit (étudiants, seniors + 65 ans) : 5,00 €. C’est à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé (73 avenue des Gobelins, métro Gobelins ou Place d’Italie), voir reste du programme sur le site officiel.

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