Critique : Carol

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carol afficheCarol

Etats-Unis, 2015
Titre original : –
Réalisateur : Todd Haynes
Scénario : Phyllis Nagy, d’après l’oeuvre de Patricia Highsmith
Acteurs : Cate Blanchett, Rooney Mara, Kyle Chandler
Distribution : UGC Distribution
Durée : 1h58
Genre : Drame
Date de sortie : 13 janvier 2015

Note : 4/5

Le dernier film de Todd Haynes est sorti la semaine dernière en France, après avoir été acclamé outre-atlantique (et outre-manche). Plutôt Brève rencontre de David Lean (1946) par son romantisme que La Vie d’Adèle d’Abdelatif Kechiche (2013) par son sujet, Carol parle de l’amour entre deux femmes : Thérèse (Rooney Mara, prix d’interprétation à Cannes pour ce rôle) et Carol (Cate Blanchett) dans le New-york des années 50. Bien entendu, cette relation entre deux personnes du même sexe, qui n’ont, de plus, pas le même âge, n’est pas accepté dans la société de l’époque …

Carol Rooney Mara Cate Blanchett

Synopsis : Dans le New York des années 1950, Therese, jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d’un mariage peu heureux. À l’étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle.

Carol Cate Blanchett Rooney Mara

Une douceur omniprésente

Tourné en Super 16, la douce photographie du film est ce qui frappe en premier. Ici pas de filtre «vintage» pour donner du cachet à l’image, comme c’est le cas dans de nombreux films, on est face à du travail d’artiste. Cette douceur est d’ailleurs omniprésente tout le long du film. Baigné dans l’ambiance des fêtes hivernales, bercé par la musique de Carter Burwell, on en ressort comme d’un cocon douillet. Cette douceur, c’est aussi le regard de Thèrese sur Carol. Rooney Mara, sublime dans le rôle, joue une jeune fille réservée à l’antithèse de la punk blessée – mais tout autant touchante – de Millénium façon Fincher. Sa rencontre avec Carol, dans un magasin de jouets, symbolise bien la condition des femmes dans une Amérique pas si lointaine (et peut être même encore d’actualité) : des poupées qui doivent faire bonne figure, auxquelles on achète d’autres poupées à noël, et qui en général travaillent jusqu’à leur mariage. Même si Thérèse n’est pas encore mariée, la femme qu’elle rencontre a non seulement un mari mais est aussi mère. Sur le point de divorcer, elle pourrait perdre la garde de sa fille à cause de ce qui est alors considéré comme une maladie mentale : elle a eu une liaison avec une femme, une amie d’enfance. Le long-métrage dresse ainsi un portrait juste et désolant de la société dans laquelle il s’inscrit, société contemporaine au roman d’origine de Patricia Highsmith (auteure maintes fois adaptée au cinéma, surtout ses polars). L’époque est parfaitement restituée et l’on a parfois tendance à oublier le travail minutieux accordé aux costumes et aux décors tellement ils sont souvent réussis sur grand écran.

CAROL

Une réalisation maîtrisée

Sans fioritures, d’apparence assez classique, la réalisation est cependant très maîtrisée. Le cadre est millimétré et des nombreux champs/contre-champs soulignent avec brio les différents rapports qu’entretiennent les deux femmes entre elles et avec la société. Film se déroulant dans les années 50, adaptation d’une romancière renommée, tournage en pellicule, sortie hivernale, réalisation apparemment académique … On pourrait penser que le film est taillé pour les oscars. Il remportera sûrement quelques statuettes parmi les six pour lesquelles il est nommé. Il serait cependant injuste de parler d’un simple film à oscars, l’académisme » (un bien grand mot !) étant ici est tout à fait à sa place, et non un simple prétexte pour plaire au jury. Pour continuer sur les oscars, il est assez incompréhensible que Rooney Mara ne soit nommée que pour la catégorie meilleure actrice dans un second rôle alors que son rôle est aussi important que celui de Cate Blanchett.

CAROL Rooney Mara

Conclusion

Vers le milieu du film, Carol semble se transformer en road-movie. Il nous donne l’illusion quelques instants qu’en s’éloignant de la ville, les deux femmes s’éloignent de la société et de ses tabous. Mais comme dans tout voyage, la fin de l’aventure est un moment difficile …

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